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16/04/2015

Cours de medecine

 

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C’est dans un cours de soins intensifs, à Buenos Aires, que Rubén Omar Sosa a étudié le cas de Maximiliana, la leçon la plus importante de toutes ses années d’études.

Un professeur a décrit la situation : doña Maximiliana, épuisée après une vie entière passée sans dimanches, était entrée à l’hôpital quelque temps plus tôt et, tous les jours, elle demandait la même chose :

 

— S’il vous plaît, docteur, pourriez-vous me prendre le pouls ?

Une légère pression des doigts sur le poignet, puis le médecin disait :

— C’est très bon. Soixante-dix-huit. Parfait.

— Ah, merci docteur. Et maintenant, est-ce que vous pourriez me prendre le pouls, s’il vous plaît ?

 

Et le médecin lui prenait le pouls une fois de plus et lui expliquait à nouveau que tout allait bien, que cela ne pouvait pas aller mieux.

La scène se reproduisait tous les jours. Chaque fois qu’il passait près de la chambre de doña Maximiliana, cette petite voix rauque l’appelait et lui tendait le bras, comme une brindille, encore et encore.

Lui, il obtempérait, parce qu’un bon médecin doit être patient avec ses patients, mais il se disait : Cette vieille est un peu casse-pieds, et il pensait : Il lui manque un boulon.

 

Ce n’est que des années plus tard qu’il comprit qu’elle demandait seulement que quelqu’un la touche

 

 

 

 

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Son auteur, l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano, s’est éteint le 13 avril 2015. Journaliste et poète, conteur et historien, il a écrit plusieurs textes pour Le Monde diplomatique sur les affres du monde, de son pays et singulièrement du sport. Dans ces « Voix du temps », recueil de saynètes d’un ordinaire oublié,

il rappelle qu’une petite histoire en dit parfois autant qu’une longue analyse.( le monde diplomatique du 13 avril 2015)

 

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Merci à Xavier

 

 

14:55 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : eduardo galeano