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22/11/2008

INACCEPTABLE

PRISON.jpgInacceptable». C’est l’adjectif employé par le commissaire aux Droits de l’homme du Conseil de l’Europe pour décrire les conditions de vie dans les prisons françaises. Dans son rapport rendu public hier, Thomas Hammarberg dénonce la «surpopulation», la «promiscuité», la «vétusté des installations» et les mauvaises conditions d’hygiène. Pour lui, «le nombre élevé de suicides dans les prisons françaises est un symptôme» de ces «déficiences».

Sévérité. Le commissaire s’est rendu en France en mai 2008. Soit deux ans et demi après la visite de son prédécesseur Alvaro Gil Roblès, qui avait déclaré n’avoir jamais vu «pire» que les prisons françaises, «sauf en Moldavie». Les choses ne semblent pas s’être améliorées depuis. La politique sécuritaire menée par Nicolas Sarkozy et la série de lois répressives adoptées inquiètent le commissaire. Il regrette que ce «durcissement des peines» aggrave la surpopulation carcérale. Il s’alarme du «traitement des personnes souffrant de troubles mentaux», de plus en plus nombreuses en prison. La sévérité actuelle lui paraît d’autant plus inappropriée pour les mineurs. Cela ne résoudra pas le problème de la délinquance juvénile, insiste-t-il.

Il se montre également très critique envers la loi sur la rétention de sûreté, qui permet de maintenir enfermés des détenus après la fin de leur peine.

Le Commissaire dénonce aussi la politique d’immigration, et notamment le sort réservé aux enfants d’étrangers en situation irrégulière. Relevant qu’au centre de rétention administrative de Mayotte - antichambre avant l’expulsion -, ils sont mélangés aux adultes ou, au contraire, raccompagnés à la frontière sans leurs parents. Et qu’en métropole, «la présence d’enfants accompagnant leurs parents dans les centres de rétention s’est accrue». D’où un risque de «traumatisme irrémédiable». Hammarberg qualifie par ailleurs d’«intolérable» les interpellations d’enfants étrangers dans l’enceinte d’établissements scolaires. Et juge que la politique des «quotas de migrants irréguliers à éloigner soulève de sérieuses questions en matière de droits de l’homme». Il craint que cela ne «pousse les forces de l’ordre à procéder à de plus en plus d’interpellations avec des méthodes parfois contestables».

Précarité. Concernant les gens du voyage et les Roms, le commissaire s’inquiète des difficultés de scolarisation des enfants. Les premiers à cause des problèmes de stationnement des caravanes. Les seconds parce que leurs parents vivent dans une grande précarité et risquent à tout moment d’être expulsés sous couvert de pseudo-retours humanitaires

CATHERINE COROLLER et ONDINE MILLOT

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