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23/05/2016

Le rapport de Brodeck

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« Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n’ai rien fait, et lorsque j’ai su ce qui venait de se passer, j’aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu’elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer.

Mais les autres m’ont forcé : « Toi, tu sais écrire, m’ont-ils dit, tu as fait des études. » J’ai répondu que c’étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d’ailleurs, et qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. Ils n’ont rien voulu savoir : « Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses […]. »(4eme de couverture )

le rapport de brodeck philippe claudel

Un extrait p.375

"Quelles contrées traversions-nous ? Existaient-elles sur les cartes ?
Aujourd’hui, je sais qu’elles n’existaient sur aucune carte, mais qu’elles naissaient au fur et à mesure que le wagon roulait sur elles. Le wagon, et tous les autres wagons semblables au nôtre, dans lesquels, comme dans le nôtre, des dizaines de femmes, d’enfants et d’hommes étaient dévorés par la soif, la fièvre, la faim, dans lesquels ils suffoquaient, dans lesquels ils étaient serrés les uns contre les autres, parfois morts contre vivants, le wagon et tous les autres wagons inventaient, de minute en minute, un pays, celui de l’inhumanité, de la négation de toute humanité, dont le camp allait être le cœur. C’est bien ce voyage que nous faisions, un voyage qu’aucun homme n’avait fait avant nous, je veux dire avec autant de méthode, de sérieux, d’efficacité, et qui ne laissait aucune marge à l'imprévu"

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Images  BD de Manu Larcenet, d'après le roman de Philippe Claudel (Médiathèque Epinay- sur- Orge , un extrait )



 

 

 

"Non loin de la frontière allemande, dans un hameau isolé et reculé du reste du monde, encore peuplé par les fantômes des camps de concentration, Brodeck, un homme taciturne rédige des rapports sur la faune, la forêt et les chemins pour l'administration. Dans cet espace marqué par les stigmates de la guerre et une méfiance viscérale, l'arrivée d'un étranger est forcément un signe de mauvais augure ; baptisé par le village, l'Anderer, "l'Autre", un homme arrivé au village quelques semaines auparavant en a d'ailleurs payé le prix de sa vie. Brodeck - arrivé sur les lieux du lunchage après les faits - est alors chargé, par les hommes du village, de rédiger un rapport afin de justifier et d'expliquer leurs actes.

 

 

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Un extrait

"Ne me demandez pas son nom, on ne l'a jamais su. Très vite les gens l'ont appelé avec des expressions inventées de toutes pièces dans le dialecte et que je traduis: Vollaugä - Yeux pleins - en raison de son regard qui lui sortait un peu du visage; De Murmelnër - Le Murmurant - car il parlait très peu et toujours d'une petite voix qu'on aurait dit un souffle; Mondlich - Lunaire - à cause de son air d'être chez nous tout en n'y étant pas; Gekamdörhin - Celui qui est venu de là-bas.

Mais pour moi, il a toujours été De Anderer - L'Autre -, peut-être parce qu'en plus d'arriver de nulle part, il était différent, et cela, je connaissais bien: parfois même, je dois l'avouer, j'avais l'impression que lui, c'était un peu moi."

"                                                          “Je m'appelle Brodeck, et je n'y suis pour rien.
                                                                         Brodeck, c'est mon nom.
                                                                                     Brodeck.
                                                                              De grâce, souvenez-vous.
                                                                                   Brodeck.”
                                                            Ainsi s'achève le roman de Philippe Claudel

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Impossible d'oublier Brodeck

Coup de coeur et coup de poing pour ce récit bouleversant et terrifiant

Nature humaine absurde et cruelle , un rapport sur l’intolérance, l'ignorance , la stigmatisation de l'autre , un roman puissant

 

 

 

07/05/2016

les Ames grises

 les ames grises philippe claudel

Coup de coeur pour ce roman, très fort, poignant, bouleversant

Un petit village de province , un matin d'hiver 1917; douleurs, lâchetés,injustice....

« Elle ressemblait ainsi à une très jeune princesse de conte, aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. Ses cheveux se mêlaient aux herbes roussies par les matins de gel et ses petites mains s'étaient fermées sur du vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de tous se couvraient de neige à mesure qu'ils soufflaient l'air comme des taureaux. On battait la semelle pour faire revenir le sang dans les pieds. Dans le ciel, des oies balourdes traçaient des cercles. Elles semblaient avoir perdu leur route. Le soleil se tassait dans son manteau de brouillard qui peinait à s'effilocher. On n'entendait rien. Même les canons semblaient avoir gelé. - C'est peut-être enfin la paix... hasarda Grossies. - La paix mon os ! lui lança son collègue qui rabattit la laine trempée sur le corps de la fillette. »

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"Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917.

C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.

Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?
Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues: Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.

les ames grises philippe claudel

Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes.

La frontière entre le Bien et le Mal est au cœur de ce livre d’une tension dramatique qui saisit le lecteur dès les premières pages et ne faiblit jamais. Jusqu’à la dernière ligne."( 4ème de couverture)

les ames grises philippe claudel

 

 

Extrait

"La foule grossit et , on ne sait pas pourquoi , peut-etre parce que c'est toujours tres bete une foule , elle se fait menaçante , serre de plus en plus les prisonniers . Des poings se brandissent , des insultes volent , des cailloux aussi . Une foule , c'est quoi ? c'est rien , des pécores inoffensives si on leur cause les yeux dans les yeux . Mais mis ensemble , presque collés les uns aux autres , dans l'odeur des corps , de la transpiration , des haleines , la contemplation des visages , à l'affut du moindre mot , juste ou pas , ça devient de la dynamite , une machine infernale , une soupiere à vapeur prete à péter à la gueule si jamais on la touche ".

Adaptation cinématographique                    je n'ai pas vu le film

les ames grises philippe claudel

 Les âmes grises : Réalisation Yves Angelo avec Jean-Pierre Marielle, Jacques Villeret, Marina Hands
d'apres le roman de Philippe Claudel

" Sur une trame policière, grâce à des comédiens au sommet de leur talent et à un suspens mené jusqu'au bout, Yves Angelo sonde au plus profond les ressorts sublimes et misérables de l'âme humaine"

 

 

les ames grises philippe claudel

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