Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/06/2006

EXPULSIONS D'ELEVES

 

La régularisation de certains enfants sans papiers nés et scolarisés en France a été annoncée. La mobilisation continue, notamment dans les écoles.medium_immig.jpg

«Du vent !» affirment les responsables du Réseau éducation sans frontières (RESF). Un «os à ronger donné à l'opinion publique», dénonce le collectif Uni(e)s contre une immigration jetable (Ucij). Pour les associations qui luttent aux côtés des étrangers, l'annonce faite hier par Nicolas Sarkozy n'est qu'un coup de pub. Celui-ci a promis de régulariser des familles étrangères sans papiers dont «l'enfant est né en France ou y est arrivé en très bas âge, est scolarisé en France, ne parle pas la langue de son pays d'origine [et] n'a aucun lien avec ce pays». Le ministère de l'Intérieur a précisé que cette décision «ne s'apparente pas à une régularisation massive», et que les choix se feront «au cas par cas» par une commission dans laquelle associations et administration siégeront. C'est flou.

medium_immi_2.jpg

Aide au retour. Devant le Sénat, en ouverture de l'examen de son projet de loi sur l'immigration, Sarkozy a également annoncé que «les étrangers ayant un enfant scolarisé» se verront proposer «systématiquement [...], au cours du mois de juin, une aide au retour volontaire». 3 500 euros pour un couple, plus 1 000 euros par enfant.

De ces deux annonces, la première a fait le plus de bruit. Début juillet doit commencer, en effet, ce que le Réseau éducation sans frontières qualifie de «chasse aux enfants». A l'issue de l'année scolaire, tous les enfants étrangers de parents sans papiers sont menacés d'expulsion. Depuis des mois, cette perspective mobilise la communauté scolaire. Nicolas Sarkozy a-t-il eu peur de voir certaines arrestations se dérouler sous l'oeil des caméras ? Quelques jours avant la date fatidique, le ministre amorce en tout cas un léger repli. «Comme par hasard le jour où son projet de loi sur l'immigration va être discuté par le Sénat», relève Nathalie Ferré, présidente du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti). «C'est la tactique Sarkozy habituelle : "Je suis ferme mais humain"», ajoute-t-elle.

Richard Moyon, porte-parole de RESF, estime qu'au total des dizaines de milliers d'enfants sont menacés d'expulsion «car le ministère lui-même a recensé 50 000 familles sans papiers».

medium_immig_5.jpg

Commentaires

Pour des milliers d’enfants et de jeunes majeurs, le 30 juin 2006 ne marquera pas le début des vacances d’été, mais bien le commencement d’un calvaire.


Ainsi, en guise de vacances, des milliers de jeunes et d’enfants joueront aux fugitifs, en vrai, avec ou sans leurs parents, guettant les bruits de pas à l’heure du laitier, tremblant à la vue d’un uniforme et vivant dans la hantise de perdre à jamais leur école, leurs enseignants, leurs copains.

Pour des milliers d’enfants et de jeunes majeurs, le 30 juin 2006 ne marquera pas le début des vacances d’été, mais bien le commencement d’un calvaire. En effet, à cette date, le sursis que M. Sarkozy avait dû accorder aux jeunes majeurs sans papiers scolarisés et aux parents d’enfants scolarisés tombera. Suspendues parce que les mobilisations d’écoles et de lycées se multipliaient, les expulsions reprendront.

Ainsi, en guise de vacances, des milliers de jeunes et d’enfants joueront aux fugitifs, en vrai, avec ou sans leurs parents, guettant les bruits de pas à l’heure du laitier, tremblant à la vue d’un uniforme et vivant dans la hantise de perdre à jamais leur école, leurs enseignants, leurs copains. S’ils sont arrêtés, le grand jeu de leur été sera un petit rôle dans un film policier sordide : l’interpellation, seul ou en famille, les parents rudoyés, 48 heures de garde à vue dans une cellule de commissariat puis deux ou quatre semaines en rétention, crasse, bruit, violence et promiscuité assurés, et, pour finir, un aller-simple vers un pays qu’ils ne connaissent pas ou plus, dont certains ne parlent pas (ou plus) la langue, papa-maman menottés, entravés comme des bêtes et attachés à leurs sièges.

A l’arrivée, ce sera pour la plupart l’extrême misère : pas de logement ou le bidonville, pas de travail et pas d’espoir d’en trouver. Des persécutions, parfois les plus atroces, contre ceux que la France a débouté du droit d’asile. Ils paieront pour les raisons pour lesquelles ils avaient fui et certains pour avoir dénoncé leurs tortionnaires à l’étranger. Pour les enfants, pas d’école, dans des pays où la scolarisation est un luxe. C’est ce gâchis qui se cache derrière les chiffres records d’expulsions annoncés avec satisfaction par le ministre de l’Intérieur : des milliers de vies propulsées dans l’indigence et parfois achevées sous la torture !

Nous ne laisserons pas détruire la vie de ces enfants, de ces adolescents et de leurs parents. Ils sont nos élèves, les copains de nos élèves ou de nos enfants. Ils ont commencé d’étudier dans ce pays, ils en parlent la langue, ils ont les mêmes joies et, hélas, des soucis bien plus grands que les camarades de leur âge. S’ils décident (ou, pour les plus jeunes, si leurs parents décident) d’échapper à une expulsion honteuse, nous les y aiderons comme nous avons aidé Rachel et Jonathan à Sens, Samuel à Pau, Ming et Wei-Ying à Evreux. Nous sommes solidaires de ceux qui les accueilleraient. S’ils demandent asile, nous ne fermerons pas notre porte.

Cela contrevient aux lois en vigueur. Mais l’enseignement que nous avons à dispenser à nos élèves ou l’éducation que nous devons à nos enfants ne peut pas être l’exemple de la soumission à un ordre injuste. Chacun a en mémoire les épisodes où, face à des persécutions insupportables, chacun a dû faire des choix. Et où ne pas choisir était choisir de laisser faire. Et pas seulement dans les périodes de dictature. Rosa Parks, emprisonnée à Atlanta en 1955 pour avoir enfreint les lois ségrégationnistes, aurait-elle dû se soumettre au prétexte que ces lois avaient été « démocratiquement » prises ? Le général Paris de la Bollardière, mis aux arrêts pour avoir dénoncé les tortures de l’armée française en Algérie, aurait-il dû se taire parce que la France était une démocratie ?

Nous ne laisserons pas se commettre des infamies en notre nom.

Bruno LEROY : Directeur du Service Éducatif et Action Sociale et le " RÉSEAU ÉDUCATION SANS FRONTIERES ".

Écrit par : rien | 07/06/2006

Cet homme est effrayant et dangereux. Quel recul ! Mais le pire est à venir pour ces enfants qui ne comprendront jamais ce nouveau "déracinement" pour eux. On ne peut pas laisser place à ce bonhomme en 2007, il ne faut pas.

Écrit par : Rony | 07/06/2006

Et que nous apporte à nous les professeurs les élèves qui s'en vont.... Une baisse démoraphique.... Des professeurs sur postes fixes qui deviennent remplaçants (même titulaires, ce n'est pas toujours drôle, car on perd la considération que l'on nous a accordé auparavant). Moins de postes aux concours...
Quand je pense que dans un lycée de Maubeuge les effectifs sont tombés en 4 ans de la façon suivantes : 1700 élèves, 1500, 1300, 1100, cela n'est du ni à une baisse démoraphique réelle (sinon quelle chute de natalité!) , ni à l'attrait de l'école privée d'à coté. J'ai tout compris depuis longtemps, là où l'on nous chante "Baisse de la natalité, baisse de la natalité". En allemand : 3 postes sur les 5 perdus en 3 ans, un à chaque rentrée...

Écrit par : domino | 08/06/2006

Les commentaires sont fermés.