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26/05/2007

Une cellule à soi

Dix-huit artistes consacrent une œuvre aux conditions de détention dans les prisons.

Titre: 9 m2

Editeur: Actes Sud/Le Cadratin
Autres informations: Collectif. 114 p.
Isabelle Rüf, Samedi 17 février 2007
Il y a trop de monde dans les prisons. Un peu partout dans le monde et particulièrement en France où une campagne a été lancée pour alerter l'opinion sur les conditions de détention et demander le numerus clausus. 9m2 est un ouvrage collectif coédité par Actes Sud et une maison de Vevey, Le Cadratin. Porté par Karelle Ménine, qui signe aussi un beau texte, le projet réunit deux fois neuf auteurs: neuf écrivains, autant d'artistes (peintres, photographes, dessinateurs).

9m2, c'est la surface d'une cellule, un espace pour une personne, pas pour deux ou trois ou plus. Cet espace, Cabu et Honoré le dessinent. Jane Atwood, Raymond Depardon le photographient. Ernest Pignon-Ernest, Georges Rousse, le graphiste suisse Ruedi Baur le transposent. Tardi et Thierry Maricourt offrent un extrait d'un ouvrage commun: Frérot Frangin.

Florence Aubenas écrit la lettre d'un ancien gardien à un jeune: «Sur 100 détenus, 60 reviennent. Est-ce que tu connais un service public qui marche plus mal?» Didier Daeninckx se souvient de Victor Hugo, des 9m2 de la cellule dans Le Dernier Jour d'un condamné. Marie Depleschin écoute Martine qui a attendu Philippe pendant trente ans. Nancy Huston fait pousser dans la cellule un jardin d'amour en forme de poème. Le géopoliticien Gérard Chaliand rappelle le témoignage de Georges Arnaud, l'auteur du Salaire de la peur, Prison 53, pour constater que rien n'a changé. Michel Onfray en appelle à une prison qui soit «une machine à construire du bonheur social pour le «coupable» comme pour la «victime», et non plus un «genre de cercueil social».

Un dossier de chiffres, de faits, de témoignages, d'arguments, de textes de lois complète cet ouvrage militant, très élégamment édité. Il concerne la France mais les questions qu'il soulève dépassent ce cadre.

Un artiste ne fait pas le printemps mais neuf ou dix-huit, ça pourrait. Nous avons tellement proféré les mêmes paroles, relaté les mêmes constats, perdu les mêmes combats, nous avons tellement parlé pour n’être pas entendu et finalement pour ne rien dire que nous avons appelé à l’aide des plus légers que nous. Et comme un artiste ne fait pas le printemps, nous en avons appelé dix-huit. Deux fois neuf. Neuf pour écrire, neuf pour imager. Il n’y a pas d’inéluctabilité à entasser plusieurs personnes dans une même place de prison. Nous construisons des digues, des barrages à la barbarie et voilà que les courants de la vulgarité et de l’obscénité les emportent comme fétu de paille. Nos entreprises sont toujours à recommencer et nous n’apportons guère en prison que des oranges. Nous voulons un monde avec moins de prisons et plus d’oranges. Nous voulons le même respect pour tous, sans distinction et avec élégance. En faveur de Trop c’est trop, Campagne pour le respect du numerus clausus en prison, Karelle Ménine a eu l’idée de cet ouvrage et l’a porté, des écrivains et des plasticiens l’ont signé, Jean-Renaud Dagon en a fait un bel objet et Acte Sud le fait circuler. Il y a donc des chaînes qui libèrent. Alors, un jour, un jour viendra, couleur d’orange".
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13:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

aujourd'hui où l'on sait que plus de jeunes encore auront à faire à la prison parce que ce sera bien ainsi, n'est-ce pas...
quel constat désasteux !!! la France est régulièrement épinglée pour ses prisons lamentables, scandaleuses où la violence ne peut qu'être exacerbée par les terribles conditions de vie...
on n'a pas vraiment parlé dans cette campagne ou n'ai-je alors pas entendu !!!

Écrit par : holly | 30/05/2007

Les commentaires sont fermés.