21/11/2007
ADOS "grande souffrance".
Un rapport remis hier lors de la Journée internationale des Droits de l’Enfant a avancé le chiffre de 900.000 adolescents en "grande souffrance". La Défenseure des enfants Dominique Versini préconise l’ouverture d’un "chantier national"
L’âge ingrat porte bien son nom. L’adolescence vécue par certains enfants relève du cauchemar. C’est en substance la conclusion du rapport 2007 que la Défenseure des enfants Dominique Versini a remis, hier, au président Sarkozy à l’occasion de la Journée internationale des Droits de l'enfant. Après un an d’enquête, le chiffre de 900.000 adolescents en "grande souffrance" a été révélé. 15% des 11-18 ans sont donc concernés et expriment leur mal être à travers les tentatives de suicide (40.000 par an), la consommation de drogues et l’apparition de troubles du sommeil et de l’alimentation.
L’étude souligne ainsi que les conduites à risques commencent très tôt et tendent de plus en plus vers les extrêmes : 28% des 15-19 ans sont des adeptes du "binge drinking", cette habitude qui consiste à boire jusqu’à n’en plus pouvoir, frôlant parfois le coma éthylique. Un adolescent sur dix prend des médicaments pour dormir. Et le suicide, plus important chez les jeunes filles, est la deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans, derrière les décès causés par l’alcool au volant.
Les ados avec des problèmes psychiques multiplient les conduites à risques comme la combinaison alcool-tabac, ou la violence pornographique. Ils s’imposent également des souffrances physiques, de la scarification (11% des filles sont touchées contre 6% des garçons) à la boulimie, en passant par l’anorexie, qui influent fortement sur leurs relations sociales (absentéisme voire phobie scolaire, isolement).
Mieux vaut prévenir que guérir
Le rapport de Dominique Versini, ancienne directrice du Samu social et Défenseure des enfants depuis l’an dernier, montre du doigt toutes les insuffisances françaises en matière d’écoute, d’aide et de prise en charge des ados en difficultés. Ainsi, le seul numéro de service aux ados, Fil Santé Jeunes, devient payant si on l’appelle d’un portable et les médecins scolaires sont trop peu nombreux. Manque d’écoute, manque d’orientation, le système mérite d’être amélioré.
Dominique Versini préconise ainsi l’ouverture d’un grand chantier national qui devra répondre au manque de psychiatres -800 postes ne sont pas pourvus - et de lits d’hospitalisation dans des centres médico-psychologiques.
L’accent doit aussi être mis sur l’ouverture d’une Maison des adolescents dans chaque département, alors que seulement 18 de ces établissements couvrent actuellement l'ensemble du territoire. Car sans prévention, seul le passage à l’acte permet de diagnostiquer des troubles psychiques. Et souvent, il est déjà trop tard.
11:40 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
oh! oui Noëlle, souffrance importante et bien trop souvent minimisée sous le simple principe que c'est l'âge ingrat et que ce serait normal d'être "mal" dans sa peau. mais nous connaissons tous aussi des adolescents si bien dans leur peau que c'est un démenti formel à cette notion de 'passage obligé' par la souffrance. alors, la source de cette souffrance ... le rapport cherche ailleurs que dans la "psychologie de l'adolescence"?
Bisou, ma journaliste préférée :-)
Kintana.
Écrit par : kintana | 21/11/2007
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