18/03/2008
la justice rejette la demande de Chantal Sebire
la justice oppose une fin de non-recevoir à Chantal Sebire. Le tribunal de grande instance de Dijon a rejeté lundi la demande d'euthanasie déposée par cette mère de famille défigurée d'une tumeur évolutive, une décision jugée "inhumaine" par son avocat, Me Gilles Antonowicz
Dans son ordonnance, dont l'Associated Press a obtenu une copie, le vice-président du tribunal de Dijon, René-Jean Jaillet, observe que "même si la dégradation physique de Mme Sebire mérite la compassion, le juge en l'état de la législation française ne peut que rejeter sa demande". Il note ainsi que sa requête "s'oppose au code de déontologie médicale", au code pénal, ainsi qu'à la Convention européenne des droits de l'Homme.
"C'est inhumain d'imposer une telle situation à cette femme", a réagi son avocat lors d'une conférence de presse à Paris. La seule possibilité légale qui lui est proposée c'est de demander un coma artificiel pour ne plus souffrir, a-t-il expliqué. "C'est inhumain de vouloir (...) à toute force la plonger dans le coma" alors qu'elle s'y refuse pour "rester consciente jusqu'au bout" et ne pas imposer cette situation à ses enfants, a-t-il poursuivi.
Avec le coma, "on vous impose l'inconscience et on impose à votre famille de vous suivre comme ça, pour un temps indéterminé, c'est indigne, inhumain", a-t-il lancé. "Le médecin qui ferait une piqûre pour la plonger dans le coma artificiel, il sait pertinemment que la personne va mourir" car elle n'est plus nourrie
Chantal Sebire souhaite mourir chez elle, "entourée des siens, et non dans une chambre anonyme d'un hôtel de Zurich. Elle se refuse également à recourir à des moyens qui seraient susceptibles de mettre en danger la vie de tiers ou de traumatiser ses proches", selon la requête déposée la semaine dernière au tribunal.
"Il faut changer la loi. La loi est inhumaine", a dénoncé Me Antonowicz. "La loi abandonne Chantal Sebire à sa souffrance". Selon l'avocat, sa cliente "est épuisée". "C'est une femme qui est exténuée, qui est au bout du rouleau (...) Depuis deux-trois jours, elle a des hémorragies, elle est extrêmement fragile".
Gilles Antonowicz a fait savoir qu'il ne ferait pas appel de la décision du tribunal. "Le temps de la justice n'est plus le temps de Mme Sebire (...) Elle ne peut pas tenir trois mois, ce n'est pas possible". L'avocat a souligné qu'elle pouvait "mourir d'une minute à l'autre" d'une "hémorragie cataclysmique".
Dans un communiqué, l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) déplore que "la France, contrairement aux pays du Bénélux, impose à ses citoyens une peine de souffrance à vie". "Grâce aux pouvoirs publics et aux lobbies religieux, l'espoir de Chantal de finir ses jours chez elle, paisiblement, entourée de l'affection de ses trois enfants, disparaît à jamais".
Jeudi dernier, Nicolas Sarkozy a proposé un avis médical de "professeurs d'université du plus haut niveau" à Chantal Sebire. "Mme Sebire n'a pas la liberté de mourir mais elle a encore la liberté de choisir ses médecins", a répondu son avocat, tout en rappelant qu'elle ne pouvait pas se déplacer. "Depuis huit ans, elle a vu tous les médecins de la terre, ce n'est pas ça la solution". AP
14:24 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : solidaite
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