15/03/2011
Le temps des noyaux
Jacques Prevert, une parodie de la chanson
En 1936 un poème antimilitariste
Soyez prévenus vieillards
soyez prévenus chefs de famille
le temps où vous donniez vos fils à la patrie
comme on donne du pain aux pigeons
ce temps-là ne reviendra plus
prenez en votre parti
c’est fini
le temps des cerises ne reviendra plus
et le temps des noyaux non plus
inutile de gémir
allez plutôt dormir
vous tombez de sommeil
votre suaire est fraîchement repassé
le marchand de sable va passer
préparez vos mentonnières
fermez vos paupières
le marchand de gadoue va vous emporter
c’est fini les trois mousquetaires
voici le temps des égoutiers
Lorsque avec un bon sourire dans le métropolitain
poliment vous nous demandiez
deux points ouvrez les guillemets
descendez-vous à la prochaine
jeune homme
c’est de la guerre dont vous parliez
mais vous ne nous ferez plus le coup du père Français
non mon capitaine
non monsieur un tel
non papa
non maman
nous ne descendrons pas à la prochaine
ou nous vous descendrons avant
on vous foutra par la portière
c’est plus pratique que le cimetière
c’est plus gai
plus vite fait
c’est moins cher
Quand vous tiriez à la courte paille
c’était toujours le mousse qu’on bouffait
mais le temps des joyeux naufrages est passé
lorsque les amiraux tomberont à la mer
ne comptez pas sur nous pour leur jeter la bouée
à moins qu’elle ne soit en pierre
ou en fer à repasser
06:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : prevert, le temps des noyaux
Commentaires
Très réelle cette parodie, j'aime bien le ton rebelle...bise noelle, bonne journée...
Écrit par : le Pierrot | 15/03/2011
La contestation des anciens, apanage de la jeunesse. Hélas comme toute chose elle ne dure pas :o( Ceci dit on comprend bien que les générations de l'Après guerre n'avaient pas du tout envie de revivre les mêmes cauchemars !
Écrit par : Jipes | 15/03/2011
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