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09/05/2011

La France, " un pays d'assistés" ?

Priver plus d'un million de bénéficiaires du RSA et leur famille de revenu minimum? L'idée n'est pas de Marine Le Pen, ni de son père, mais bien du très influent conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson. Quelques jours après la cuisante défaite de l'UMP aux cantonales, cet ancien de Minute théorisait dans Paris-Match son «plan de bataille» pour reconquérir d'ici 2012 l'électorat populaire: immigration, identité nationale, et lutte contre l'assistanat dans le cadre d'une «grande loi de réhabilitation du travail». Alors que 4 millions de Français sont au chômage et que la crise continue de produire ses effets, l'idéologue propose ni plus ni moins de «réserver le RSA aux bénéficiaires qui ont un travail». Or parmi les 1,8 million d'allocataires du revenu de solidarité active, l'ex-RMI, seuls 650.000 sont dans ce cas. Si une telle mesure était votée, plus d'un million se verraient donc privés de ressources. 

Une idée folle? La dénonciation de l'«assistanat», sujet «clivant» par excellence entre la gauche et la droite, est pourtant en train de devenir la lubie des durs de la majorité, qui pensent sans doute pouvoir rejouer la partition victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007.

Fin mars, un député de Moselle proposait de forcer les chômeurs à effectuer des «travaux d'intérêt général». Quelques jours plus tard, le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Laurent Wauquiez, annonçait dans Le Figaro une proposition de loi conditionnant le versement du RSA à «cinq heures de travail social» – non rémunéré – par semaine pour éviter que «le RSA ne se transforme en nouvelle prestation d'assistanat». Dimanche 8 mai, le ministre (... des affaires européennes) en a remis une couche, ajoutant même qu'il entendait également plafonner les minima sociaux à 75% du Smic.

Ces propositions a fait réagir le père du revenu de solidarité active: Martin Hirsch a dénoncé sur son blog des «propositions démagogiques, dangereuses parce qu'inefficaces» qui «commencent à fleurir avec le printemps préélectoral».

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L'offensive ne s'arrête pas là. Depuis quelques semaines, les ministres Bachelot (Solidarités) et Bertrand (Santé, Travail) multiplient les coups de communication autour de la question des fraudes aux prestations sociales, un thème très populaire dans l'électorat de droite. Xavier Bertrand a un coup d'avance, puisque Le Figaro Magazine lui a consacré sa une le 4 mars (voir ci-contre). Quant à François Bayrou (Modem), il estime que le projet du PS, récemment rendu public, va encourager «l'assistanat».

Ne craignant pas l'amalgame entre déficit de la sécurité sociale et immigrés, une quarantaine de députés UMP ont déposé le 13 avril un projet de texte  réservant le minimum vieillesse, versé à 700.000 bénéficiaires de plus de 65 ans gagnant moins de 9.000 euros par an, aux seuls Français ou à ceux qui ont travaillé en France, alors qu'il a toujours été versé sans condition de nationalité — proposition elle aussi reprise à son compte par le décidément très offensif Laurent Wauquiez. Une initiative inouïe, à laquelle la présidente de la Caisse d'assurance-vieillesse, Danièle Karniewicz, a répondu dans un courrier que Mediapart s'est procuré: «Pour les personnes qui n'ont jamais travaillé en France, (l'allocation) ne représente pas une retraite mais un minimum vital.»

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Près de 8 millions de Français sous le seuil de Pauvreté

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