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15/06/2010

"Si Mozart avait été un manouche, on ne connaîtrait pas sa musique.

Tony Gatlif sur Django Reinhardt: «Un hommage à la liberté de cette musique»

NTERVIEW - Le cinéaste Tony Gatlif monte «Django Drom», un spectacle autour du guitariste Django Reinhardt...

Tony_.jpgGrand spécialiste du monde des gitans, le réalisateur Tony Gatlif présente ce lundi soir, demain et jeudi «Danjgo Drom» à Lyon, dans le cadre des Nuits de Fourvière. Un spectacle hommage au guitariste Django Reinhardt (1910-1953).

A quoi ressemble «Django Drom»?

Ce sera avant tout un concert avec Biréli Lagrène, Stochelo Rosenberg et d'autres musiciens manouches. Et Didier Lock­wood en chef d'orchestre avec son violon. Moi, j'ai monté des images inédites.

C'est une sorte de documentaire?

Non. Ce sera un voyage à travers les images et la musique. Avec mon équipe, on a passé cinq mois sur le montage. J'ai utilisé tout un tas de photos, de peintures, de films que je collectionne depuis des années. Je pensais les exposer un jour. Django m'a offert l'opportunité de lier tout ce matériel pour raconter l'histoire d'un peuple.

Il existe très peu d'images de Django Reinhardt lui-même...

django-.jpgJ'ai mis un bout de film pour que les gens voient à quoi il ressemblait. Mais il n'aimait pas les caméras. Et je n'avais pas envie d'une reconstitution ou d'un acteur qui joue Django. Ça aurait été ridicule parce que personne ne peut l'imiter. On ne peut pas tricher avec Django.

Avez-vous été aidé par la famille de Django pour les archives?

A sa mort, ils ont tout brûlé, y compris ses enregistrements à la guitare électrique que personne ne connaît. Si Mozart avait été un manouche, on ne connaîtrait pas sa musique. D'ailleurs, Django jouait sans partition, il ne savait ni lire ni écrire la musique. Les Occidentaux mettent des grilles sur leur musique comme ils en mettent à leurs fenêtres. Ce spectacle est un hommage à la liberté de cette musique et de ce peuple.

Au-delà de Django, c'est donc un spectacle sur la musique gitane...

La musique est la seule mémoire du peuple tsigane. Cette œuvre, c'est l'archéologie d'un peuple dont aucun film ne retrace l'histoire. C'est très important pour les gitans d'aujourd'hui de voir ces images. De persécutions en déportations, l'histoire a balayé, brûlé leur mémoire. J'ai vu des gitans pleurer devant des images de roulottes.

Propos recueillis par Benjamin Chapon  (20 minutes)