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17/11/2010

l'Empire du milieu du Sud


L’Empire du milieu du sud - Bande annonce FR

L'Empire du milieu du sud

film.jpgPas encore vu

 

A l’aide de documents d’archives inédits et souvent exceptionnels, Jacques Perrin retrace avec talent et humanité le destin tragique de la nation vietnamienne. Assurément un grand documentaire.

L’argument : Sur des images d’archives inédites du monde entier qu’accompagnent des textes de la littérature vietnamienne, française et américaine, Jacques Perrin et Eric Deroo retracent l’histoire fascinante et douloureuse du Viêt-nam, de la colonisation française à la chute de Saïgon.

 


La longue marche vers le sud

Tout commence par la légende des rois Hung, racontant la séparation d'un seigneur dragon et de son épouse, chacun faisant route à part vers le sud et le nord, la plaine et la montagne. Une séparation que le peuple du Vietnam n'aura de cesse de vouloir effacer. Aux ambitions expansionnistes du voisin imposant du Nord, le peuple viet préfère lorgner vers la plaine, l'horizon de son indépendance et de son salut.

C'est cette marche inlassable vers le Sud qui donne au film sa narration particulière et qui trouvera son dénouement dans la prise de Saigon par les troupes du Nord en 1975.

 

Jacques Perrin, à qui l'on doit Océans et Le Peuple migrateur, et Eric Deroo ont choisi de nous conter la douloureuse histoire d'un pays à la merci des conquêtes coloniales, des guerres, des idéologies meurtrières, par un incroyable travail d'archives remontant de la colonisation française à la défaite américaine.

Les images sont parfois dures (le sermon d'un enfant à un adulte à terre en pleine fureur communiste ), impressionnantes comme ces séquences montrant des guérilleros recouverts de feuilles de bambous pour tromper l'adversaire, témoignant de l'endurance insoupçonnée de cette « patrie des hommes qui n'ont jamais courbé l'échine ».

 

Les textes, puisant dans le répertoire vietnamien, la littérature française, américaine, les lettres de soldats, viennent apporter une dimension poétique au destin de ces hommes : «Dix ans à trimballer sur notre dos notre patrie verte».

La littérature rend ainsi supportable une histoire où il n'est question que de finitude et de défaites, d'un camp comme de l'autre. C'est dans ces contradictions que le film intrigue et fascine, dans la beauté d'une langue et l'horreur des événements décrits.

 

Le mal jaune

Des contradictions si familières à ceux qui y sont allés et en sont revenus, assaillis par un «mal jaune», cette mémoire d'une jeunesse perdue, fascinée par la gloire, la guerre, «ce fort beau spectacle», et par une mort à laquelle ils jettent un sourire incrédule, convaincus de leur propre invincibilité.

De la détresse des soldats français à la souffrance du peuple viet, les réalisateurs savent restituer la complexité des sentiments d'une époque et d'un peuple qui, combattant l'un, se livre à l'autre.

La narration du film, construite sur la géographie et la poésie, n'occulte pas pour autant la chronologie des événements brossée de manière impressionniste : du racisme ordinaire d'un hexagone parti «pacifier» la région aux exactions américaines et à la folie communiste des combattants d'Hô-Chi-Minh.

 

Si l'absence d'éclairage historique peut en rebuter certains, ce documentaire sortant des sentiers battus se démarque des films habituels du genre, à vocation pédagogique. Le documentaire de Perrin et Deroo s'attache moins à restituer la véracité des faits, à désigner les coupables, qu'à sonder la profonde nature de l'âme d'un pays condamné aux lendemains qui déchantent.  (TOUTLECINE)