07/02/2009
"J'ai essayé d'être épique, de surprendre »
C'est un « téléaste », à la vision personnelle et puissante. On se souvient de son « Dom Juan » de 1965, de « Vidocq »... A 83 ans, Marcel Bluwal revient au petit écran, qu'il avait déserté depuis quatorze ans, avec A droite toute, téléfilm sur la Cagoule, diffusé ce dimanche à 20 h 35 sur France 3.
Quel a été le déclencheur
de votre retour ?
Je suis parti de la télévision, car j'estimais ne plus être libre. Un réalisateur n'est pas un maître d'oeuvre des directives de la chaîne. Et puis, j'ai vu la fiction télé de Maurice Failevic, Jusqu'au bout et j'ai été impressionné de la liberté de ton. Pour A droite toute, on m'a laissé écrire à ma guise, choisir les acteurs, les décors...
Pourquoi ce thème de la Cagoule ?
Ça m'exaspérait que 1936 soit toujours pris à l'écran comme une symbolique imbécile : les vélos, les congés payés. Mais quelle a été la réaction de la droite en 36 ? « A droite toute ! » La Cagoule, c'était le fascisme français. Je suis de gauche, complètement, mais je n'ai jamais considéré les personnes de l'autre bord comme des cons. Parmi les gens de la Cagoule, il y avait des monstres et des futurs résistants. Si je suis en vie aujourd'hui, c'est parce qu'un Cagoulard m'a nourri pendant deux ans, alors que je me cachais pour éviter la déportation.
Dans le film, vous montrez votre envie de casser les codes de la narration.
Je revendique le droit d'errer dans l'histoire, de ne pas suivre un schéma attendu. Ce qui tue la fiction à la télé, ce sont les ateliers de formation des scénaristes. Pas étonnant que le grand jeu des enfants soit de deviner la prochaine réplique, la séquence suivante. J'ai essayé d'être épique : l'histoire devait surprendre le téléspectateur, ne pas se déduire de la psychologie des personnages.
Quels sont vos projets ?
Un film dont l'héroïne est une femme libre, une résistante qui va devenir un grand écrivain. J'aimerais bien, aussi suivre le parcours à travers les décennies de cette extrême droite que l'on voit dans la Cagoule, les réseaux d'extradition des fascistes vers l'Argentine...
Votre nom est associé
à un certain âge d'or de la télévision...
A l'époque, le pouvoir, coercitif sur l'info, nous laissait libre sur le plan de la fiction. Aujourd'hui, on risque de tuer la télévision publique, si on ne lui donne pas des ressources pérennes. Pourtant, je suis contre la pub sur le service public !
20:12 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : marcel bluwal