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08/12/2008

La France, mauvaise élève des droits de l'homme, selon Hessel

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Un demandeur d'asile soudanais sur le port de Calais. Selon Stéphane Hessel, co-auteur de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la France ne peut se targuer d'être exemplaire en matière de droits humains vu sa façon de traiter les étrangers et les prisonniers. /Photo prise le 2 décembre 2008/REUTERS/Pascal Rossignol

hessel.jpgA 91 printemps, le vieil homme aux manières délicieuses est l'invité permanent des cérémonies du 60e anniversaire de ce texte adopté le 10 décembre 1948 à Paris par les 48 pays membres de la toute jeune Organisation des Nations unies.

Soixante ans plus tard, malgré son grand âge, l'ancien résistant, qui joua aussi les médiateurs pour les sans-papiers, veut rester un aiguillon pour les autorités françaises.

"Non, elle ne doit en aucun cas s'enorgueillir, c'est toujours mauvais", répond-il quand Reuters lui demande si la France de 2008 peut se vanter d'être encore la patrie des droits de l'homme.

"Elle doit constater que si elle fait certaines choses correctement il y en a d'autres qu'elle ne fait pas bien. Notamment, elle s'occupe mal de ses immigrés, elle s'occupe mal de ses sans-papiers et elle ne s'occupe pas bien du tout non plus des questions d'asile", ajoute-t-il.

En avril 2007, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la France pour la façon dont elle renvoie les étrangers menacés dans leur pays d'origine.

"PAS À LA HAUTEUR"

"La France ne fait pas ce qu'elle devrait car elle a une tradition de pays d'immigration et de pays d'asile. Elle n'est pas la hauteur", regrette Stéphane Hessel.

Le diplomate se fait aussi le garant des droits des détenus à l'heure où les prisons françaises enferment plus de 64.000 personnes, un chiffre record qui s'ajoute à la multiplication des suicides de détenus -- plus d'une centaine cette année.

Tous mes messages, je les adresse toujours au président de la République française, quel que soit son nom", dit-il.

"Le nom actuel est celui d'un fils d'immigré. Donc s'il y a quelqu'un qui devrait savoir qu'il faut considérer l'immigration non comme un fléau mais comme une richesse, c'est bien notre président actuel Nicolas Sarkozy", fait-il remarquer à propos du chef de l'Etat, qui est d'origine hongroise.

Malgré ses critiques, Stéphane Hessel ne veut pas se laisser aller au pessimisme et relève les avancées obtenues en 60 ans sur le chemin des libertés.

"Il y a eu la fin du stalinisme, la fin de la colonisation, la fin de l'apartheid, nous avons un Tribunal pénal international pour juger les tyrans : bien sûr que les choses progressent", lançait-il le mois dernier lors d'un débat en présence de l'écrivain bangladaise Taslima Nasreen, chassée de son pays pour avoir critiqué les extrémistes islamistes.