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25/02/2008

Le monde de la BD se mobilise pour Lucas, jeune sans-papiers

 

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Au début du mois de janvier, Waldir Rodrigues, maçon d’origine brésilienne a été arrêté. Sans-papiers, il risquait d’être expulsé. Une histoire malheureusement banale. Mais Waldir est le père de Lucas, un garçon dont le témoignage a inspiré l’une des histoires de l'album "Paroles de sans papiers". En quelques semaines, et grâce à une importante mobilisation du monde de la BD, l’ordre de reconduite à la frontière est annulé.

Paru en septembre 2007 aux éditions Delcourt, "Paroles sans-papiers" est un album poignant, fait d'une succession de témoignages sur le quotidien difficile de plusieurs sans-papiers. Il est préfacé par l’auteur argentin José Muñoz et l’actrice Emmanuelle Béart, et on y retrouve plusieurs grands noms de la bande dessinée européenne comme Lorenzo Mattoti, Gipi, Jerôme et Olivier Jouvray ou Frederick Peeters.

Laetitia, prof de français, découvre que Lucas est sans-papiers

Au début de chaque histoire figure en exergue une citation d’homme politique, ou l’extrait d’un rapport, ce qui accentue le réalisme de l'album, et le contraste entre la part de fantasme et la réalité qui gravitent autour du sujet. La dernière partie de l'album propose de la documentation sur le sujet.

La plupart des témoignages sur lesquels les auteurs se sont fondés ont été recueillis par la Cimade. Beaucoup, mais pas tous: ce n’est pas le cas d’"Une jeunesse clandestine", le récit de Joao, alias Lucas, jeune Brésilien de 15 ans.

En 2005, Laetitia, professeur de français pour étrangers rencontre Lucas, dont les parents ont migré en France quelques mois auparavant. Dans sa classe, le garçon cache qu’il est sans-papiers, mais après avoir sympathisé, la jeune femme apprend sa situation. Laetitia connaît également Alfred, l’un des dessinateurs à l’initiative du projet "Paroles sans papiers". Touché par le témoignage de Lucas, ce dernier décide de le faire figurer dans l’album.

Auteurs et éditeur participent aux frais d'avocat

Un an plus tard, Waldir Rodrigues, le père de Lucas, se fait arrêter. En situation irrégulière, il est en passe d’être expulsé. Ne sachant trop à qui s’adresser, Lucas appelle Laetitia, qui s’investit dans l’affaire. Elle alerte le Réseau éducation sans frontières (RESF) et une pétition est mise en ligne sur le site de l’association.

David Chauvel, l’autre initiateur du projet, relaie l'appel dans le monde de la BD, grâce notamment au syndicat des auteurs de BD, dont il fait partie. Une vingtaine d'auteurs et de professionnels acceptent de participer au paiement des avocats. Delcourt, l'éditeur, met lui aussi la main à la poche.

Parallèlement, l’appel est repris sur le Net, par mail d’abord puis sur des sites et des blogs d’auteurs, dont celui d’Allan Barte et de Loïc Sécheresse. De nombreuses lettres sont envoyées au préfet, et la pétition recueille de plus en plus de signatures

Lorsque la requête est présentée à la préfecture, elle est aussi largement appuyée par les habitants de Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis), la ville où est installée la famille. A commencer par le maire et plusieurs élus locaux. Au final, les professionnels de la BD ont payé les deux tiers des frais d’avocats, et plusieurs d’entres eux, comme David Chauvel, se sont portés témoins. Laetitia estime cependant que c'est essentiellement la mobilisation des simples citoyens qui a permis à l'affaire de trouver une issue heureuse.

L’annulation de l’ordre de reconduite à la frontière a été obtenue le 25 janvier, ainsi que l’autorisation de demeurer sur le territoire -à condition de ne pas travailler. Mais si un espoir de régularisation de l’ensemble de la famille existe, sa situation est loin d'être réglée.

Par Vincent Demons

 

14:18 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sans-papiers