15/12/2007
FROID GLACIAL SUR LE PARVIS
FROID GLACIAL sur le parvis de Notre-Dame, ce 15 décembre. Autour des frères Legrand, chefs de file des Enfants de Don Quichotte, la foule s’est amassée : des passants, des bénévoles, d’ex sans-abri du canal Saint-Martin, fidèles. Et les associations en charge de la lutte contre l’exclusion : Secours Catholique, le Dal, Emmaüs, la Fondation Abbé Pierre, ATD Quart Monde… Présents sur le site depuis 11 heures ce matin, tous sont venus prêter main forte aux Don Quichotte. Même les plus rétifs aux campements se sont ralliés au mouvement, comme Pierre Levené du Secours Catholique : "Planter des tentes d’une certaine manière c’est dommage, explique-t-il lors d’une conférence de presse improvisée. Mais dans une société médiatique, demander les choses poliment ne sert à rien. Il y a de saintes colères". C’est la raison de leur présence. Les associations veulent protester. Ensemble. Et tant pis si ce matin, la tentative de réédition du campement a échoué : les 200 tentes que les Don Quichotte comptaient installer au cœur de la cité, sur les quais de Seine, le long de Notre-Dame ont été délogées manu militari par des forces de l’ordre aux aguets. Pourtant, l’opération avait été soigneusement menée : pendant que Jean-Baptiste Legrand, conformément à la rumeur, faisait mine d’attendre ses troupes quai d’Austerlitz, Augustin les embarquait sur les quais. Inutile précaution
A 17 heures, tous les associatifs étaient encore là, malgré le vent pinçant. Prêts à répondre à la presse, venue en masse. Devant caméras, perches et calepins, les interventions, brèves, se sont succédé après qu’Augustin Legrand a ouvert le bal des doléances en dénonçant "les promesses non tenues du gouvernement". Chaque association a relayé son expérience. Au collectif "morts dans la rue", il a suffi d’évoquer un chiffre simple : chaque jour, une personne meurt dans la rue en France. Emmaüs, qui accueille 3000 personnes accueillies quotidiennement, a fustigé le manque de volonté politique : "Deux tiers des sans abri ont du mal à trouver un hébergement d’urgence, a expliqué un responsable de l’association. La nuit dernière Christine Boutin a visité un de nos petits centres d’hébergement. Tout ce qu’elle trouvé à dire c’est : "je ne peux rien faire". Quand même, en est-on arrivé à une telle impuissance politique en France ?" Christophe Robert de la fondation Abbé Pierre ne dit pas autre chose : "Depuis 40 ans, tonne cet expert du logement, l’Abbé Pierre n’a eu de cesse de dénoncer cette situation. Elle s’est aggravée : désormais 3 millions de mal logés vivent en France. Et 5 millions de personnes sont dans des situations de grande fragilité. Depuis 2000, une loi impose aux communes de dégager 20% de logements sociaux. Sur 750 communes, 150 n’ont rien fait. Aujourd’hui, seule la volonté politique manque. Il faut agir. Il y en a assez. Il y en a marre de voir des gens vivre dans la rue. Marre de rester impuissant face à ces chiffres.". Cris dans la foule. Augustin revient à la charge : " Le gouvernement devra communiquer de façon transparente. Parce qu’il sait que tous les outils existent pour sortir de cette situation. Avec le PARSA [NDLR : "plan d’action renforcé pour les sans abri", établi l’an dernier au sortir de la crise du Canal Saint-Martin], les associations ont fait leur travail. Elles ne demandent que son application". Et le soutien massif des Parisiens, mobilisés par Augustin : "J’appelle les Français à venir sur le parvis de Notre-Dame par solidarité pour témoigner. Et réfléchir à une vraie politique du logement". Pour toutes ces promesses gouvernementales non tenues, ils resteront là ce soir. Sans campement. En attendant de trouver… d’autres moyens d’action.
Isabelle Curtet-Poulner NOUVELOBS.COM | 15.12.2007
23:51 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Les écarts se creusent de plus en plus, et ça continue, et non seulement on est soi disant incapable de pallier aux conséquences désastreuses pour ceux, de plus en plus nombreux en bas de l'échelle, que ce soit dans le quart ou le tiers monde, mais de plus, la société accentue ses aberrations multiples, sans adaptation ni correction.
Écrit par : xavier | 18/12/2007
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