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20/12/2007

ROBERT BADINTER SOYONS FIERS DE SON COMBAT

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Évoquer la prison, les conditions de détention, c’est accepter de regarder la République jusqu’au fond des yeux. Et honnêtement, il n’y a pas de quoi être fiers. Les rapports parlementaires se sont empilés sans effet. La Commission des droits de l’homme de l’ONU a dénoncé l’état de nos centres de rétention et de nos cellules de garde à vue.

Les problèmes sont connus : surpopulation carcérale, inadaptation et exiguïté des locaux, réinsertion limitée des détenus. Le résultat paradoxal, c’est une prison qui n’est pas toujours dissuasive et qui contribue au rapprochement de criminels chevronnés avec de simples délinquants. De ce point de vue, l’instauration de peines automatiques dites « peines plancher » ne fait qu’ajouter à la confusion et aux difficultés.

La dénonciation de cette situation n’équivaut pas à excuser le crime ou à renoncer à l’enfermement. Il s’agit simplement de réfléchir au sens de la peine, aux conditions de son exécution et de ne pas considérer la privation de liberté comme la clé de voûte de la politique pénale. Le vent de l’opinion ne souffle pas forcément dans ce sens. Il y a 26 ans, ce n’était pas le cas non plus quand il s’est agi d’abolir la peine de mort. 26 ans plus tard, c’est Robert Badinter qui est à la une de L’hebdo. Nous sommes toujours aussi fiers de son combat.

Thomas Colognac

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La situation de la condition carcérale en France demeure «une humiliation pour la République», comme l’avait qualifiée le Sénat en 2001.La surpopulation pénale,principalement dans les maisons d’arrêt,persiste.Elle est liée à la politique pénale conduite depuis 2002 qui privilégie l’emprisonnement.

Le nombre des détenus atteint 61 763 personnes au 1er novembre 2007 pour un nombre total de places disponibles de 50 727. Certaines maisons d’arrêt connaissent une surpopulation pénale de 200%. Pareille situation engendre des conditions de vie détestables, et une promiscuité source de récidive. Les conditions de travail des personnels pénitentiaires s’en trouvent rendues plus difficiles.

L’instauration d’un contrôleur général des prisons,requise par nos obligations internationales, ne se révèlera efficace que dans la mesure des moyens mis à sa disposition et de la personnalité du titulaire. Quant à la loi pénitentiaire, dont un projet avait été élaboré par Marylise Lebranchu, sa discussion revêtira une particulière importance.

Pour nous, il ne saurait y avoir de loi pénitentiaire valable que si elle respecte deux impératifs : • Tout détenu est un être humain jouissant de tous les droits de l’homme et, s’il est Français, de tous les droits du citoyen, à la seule exception des droits qui lui ont été retirés par une décision de justice ou des restrictions imposées par l’exigence de la sécurité des personnes et des biens inhérente à la vie carcérale. •Tout détenu est voué à retrouver la société des femmes et des hommes libres.La perspective de sa libération doit être prise en compte à toutes les étapes de la vie carcérale.

Tout condamné à une peine supérieure à un an devrait bénéficier d’un projet pénitentiaire pour que le temps de la prison ne soit pas un temps mort. La lutte contre la récidive requiert en priorité l’humanisation et la transformation de la condition pénitentiaire.

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00:54 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

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