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01/01/2008

A vincennes la tension reste palpable dans l'un des centres de rétention pour sans-papiers

Depuis le 20 décembre 2007, plusieurs dizaines d'étrangers sans papiers placés dans les centres de rétention administrative du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) et de Vincennes (Val-de-Marne) tentent d'alerter l'administration et l'opinion sur les conditions de leur arrestation et de leur détention, qu'ils jugent "indignes et arbitraires".
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Dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 décembre, puis au cours de la suivante, au centre de rétention 1 de Vincennes, des "retenus" ont refusé de regagner leur chambre. Certains n'ont pas pris leur ration alimentaire. Les forces de l'ordre sont intervenues pour rétablir le calme. Selon la préfecture de police de Paris, qui évoque "un mouvement d'humeur pour des raisons multiples et confuses", l'intervention n'a fait aucun blessé.

Lundi, des intervenants de la Cimade - seul organisme habilité à intervenir au quotidien dans les centres - ont vu un homme avec des bleus aux côtes. Deux retenus joints par téléphone affirment qu'il a reçu des coups.

Quelques jours auparavant, dans le centre du Mesnil-Amelot, situé près de l'aéroport de Roissy, des retenus avaient rédigé une liste de doléances : manque d'hygiène, sentiment d'être "traités comme du bétail", "fouilles humiliantes"... Une majorité des 120 retenus avaient entrepris une grève de la faim (Le Monde du 29 décembre 2007).

Mais depuis le transfert à Vincennes de l'un des porte-parole du mouvement du Mesnil-Amelot, finalement libéré samedi, la résignation semble avoir eu raison des protestataires. Deux personnes poursuivaient leur grève de la faim, lundi après-midi, selon une intervenante de la Cimade.

OBJECTIFS CHIFFRÉS

A Vincennes, au même moment, la tension restait palpable. Deux retenus joints le même jour à une cabine téléphonique du centre exprimaient leur désespoir de se voir "traités comme des repris de justice". Mvobi Kimuabi, 49 ans, père d'enfants français, arrivé en France en 1987, dénonce "l'arrogance et l'agressivité des policiers", "les placements à l'isolement sans motif", l'interdiction des stylos et briquets, les comptages la nuit qui empêchent de dormir, des chambres parfois sans chauffage. "On nous fait vivre comme des bêtes sauvages", résume ce chanteur compositeur qui devait se produire en concert pour le réveillon.

Pour Damien Nantes, responsable du service de défense des étrangers reconduits à la Cimade, cette exaspération est moins liée à une dégradation des conditions matérielles qu'à la politique d'objectifs chiffrés de reconduites à la frontière. Pour 2007, l'objectif était de 25 000 expulsions pour la métropole. Il sera de 26 000 en 2008, et 28 000 en 2010. Depuis ce durcissement, la Cimade dit avoir constaté une augmentation des actes de désespoir (automutilations, grèves de la faim, tentatives de suicide). Réseau éducation sans frontières (RESF) s'indigne également de cette "course aux chiffres" et soutient les retenus.

Au ministère de l'immigration, on refuse de lier la protestation à cette politique du chiffre : "Il y a ni plus ni moins d'abus que les mois précédents, tous les étrangers en situation irrégulière ont vocation à retourner dans leur pays."

7fe5aab404addb4a10c6ea6f89ea7d3e.jpgLE MONDE | 01.01.08

20:04 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

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