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08/02/2012

Monsieur Guéant

 

en Martinique vous ne serez pas le bienvenu

 

baf640b2-51a4-11e1-af97-c8935d84be1a-493x328.jpgMediapart reproduit ici la lettre ouverte adressée au ministre de l'Intérieur par Serge Letchimy, député et président du Conseil régional de la Martinique, où Claude Guéant doit se rendre prochainement.

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M. le Ministre,

Votre venue en Martinique dans les jours qui viennent, m’oblige à vous  rappeler que cette  terre a vu naître Aimé Césaire, Frantz Fanon, Edouard Glissant. Qu’elle a été aimée par des hommes aussi admirables que furent Victor Schœlcher, André Breton, Léopold Sedar Senghor, Claude Lévi-Strauss, et de manière plus proche encore, par Léopold Bissol, Georges Gratiant, ou Camille Darsières, pour ne citer que quelques-uns de nos grands politiques. 

Ces hommes furent de grands humanistes. Leur vie et leurs combats se sont situés en face de ces crimes que furent la traite, l’esclavage, les génocides amérindiens, les immigrations inhumaines, ou la colonisation dans tous ses avatars… Tous ont combattu la pire des France : celle qui justifiait les conquêtes et les exploitations, et bien d’autres exactions dont les cicatrices sont inscrites dans nos paysages. Cependant, je n’ai jamais entendu un seul de ces hommes lister ces attentats pour décréter que la civilisation européenne, ou que la culture française, serait inférieure à n’importe quelle autre. Je ne les ai jamais entendus prétendre que le goupillon de la chrétienté (qui a sanctifié tant de dénis d’humanité) serait plus primitif que tel bout liturgique d’une religion quelconque. 

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Toujours, ces hommes ont établi la distinction entre cette France de l’ombre et la France des lumières. Pour combattre l’ombre qui menaçait leur humanité même, ils se sont référés à la France de Montaigne, de Montesquieu, de Pascal, de Voltaire, de Condorcet ; à celle qui s’est battue pour abolir la traite, puis l’esclavage, qui a supprimé la peine de mort  du code de ses sentences ou qui a accordé aux femmes le droit de vote et celui de disposer de leur maternités… A s’en tenir à votre logique, ils auraient eu mille raisons de condamner la civilisation occidentale, et de renvoyer aux étages inférieurs bien des cultures européennes. 

Voyez-vous M Guéant, vos chasses à l’immigré (qu’il soit en règle ou non), ou la hiérarchisation que vous célébrez sans regrets ni remords entre les cultures et les civilisations, vous ont enlevé la légitimité dont a pourtant besoin votre prestigieuse fonction. Vous portez atteinte à l’honneur de ce gouvernement, et à l’image d’une France qui visiblement n’est pas la vôtre, mais que nous, ici, en Martinique, avons appris à respecter. 

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Toutes les civilisations ont produit, et de manière équivalente, des ombres et des lumières. Mais si les ombres n’ont jamais triomphé très longtemps, si beaucoup d’entre elles ont disparu dans les oubliettes de l‘histoire (en compagnie de régimes politiques ou religieux quelque peu lamentables), c’est simplement parce que des hommes de bon sens, pétris d’humanisme et de haute dignité, ont exalté les parts lumineuses que toutes les civilisations de l’homo-sapiens ont mises à notre disposition.

Les civilisations se sont nourries de leurs lumières mutuelles pour mieux combattre leurs propres ombres. Dans une transversale célébration et de grande foi en l’Homme, ces hommes ont honoré les lumières d’où quelles viennent ; les lumières se sont reconnues entre elles; leurs signaux réciproques ont conservé intact (de part et d’autre des lignes de partage ou de conflit) un grand espoir d’humanité pour tous. Grâce à eux, nous savons qu’il est dommageable de considérer l’ombre, ou de s’en servir à des fins qui ne grandissent personne. Ils nous ont donc appris à nous écarter de ceux qui l’utilisent, et qui, par là même, la transportent avec eux.  

M. Guéant, fouler le sol martiniquais, c’est toucher une terre que des hommes comme Aimé Césaire ont fécondé de leur sang. Un sang qui s’est toujours montré soucieux de l’humanisation de l’homme, du respect des civilisations et de leurs différences.  

Ce serait donc comme une injure à leur mémoire, à leur pensée, à leurs actions, que de vous laisser une seule minute imaginer que vous serez le bienvenu ici. 

C’est par-dessus vous, et du plus haut possible, que nous renouvelons à la France des lumières toute notre considération, et confirmons notre respect pour les valeurs républicaines qui, contrairement à celles dont vous êtes le héraut, sont à jamais très opportunes chez nous.

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07/02/2012

Une lettre

: raffy,guéant,civilisation,pygmée,le coup de sang de serge raffy,présidentielle 2012Lettre d'un pygmée à Claude  Guéant

Cher Monsieur

 

 

 

 

 
 


Je vous écris du fin fond de la brousse, depuis un minuscule petit point sur l’horizon, quelque part sur la ligne de l’Equateur, entre l’Atlantique et l’Océan Indien. Mon nom ne vous dirait rien, car je ne suis qu’un insecte pour quelqu’un de votre dimension, aussi permettez-moi de rester anonyme.

Je fais partie d’une tribu d’hommes de petite taille. Le plus grand d’entre nous ne dépasse pas 1,50m. Nous ne sommes pas des nains, ni difformes, ni repoussants, seulement adaptés à notre milieu naturel. Nous vivons de rien, comme vos pauvres qui habitent dans des grands arbres de béton. Nous subsistons de chasse et de cueillette. Sans doute le savez-vous, notre civilisationest menacée d’extinction. La logique naturelle voudrait nous voir disparaître. Nous allons mourir bientôt.

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Ô, Grand Toubab !

La nuit dernière, à la suite d’un violent orage, les dieux de la forêt, par l’intermédiaire d’un toucan au plumage de lune, se sont adressés à moi et m’ont intimé l’ordre de vous écrire. Ils m’ont dit : "Toi petit homme, venu de nulle part, tu dois t’ouvrir au monde, à la grande civilisation qui règne sur la planète au-delà des mers. Là-bas, un toubab aux yeux de lynx, porteur de toutes les vérités suprêmes te donnera la clé… Le sésame de la Grande Porte, celle des Lumières…"

Je n’ai pas tout compris du message venu des cieux. Ils me parlaient du CAC 40, de la grande prairie des Hauts-de-Seine, des cadrans solaires pas plus grands que des feuilles de manguier qu’on appelle les Rolex, du pays aux mille tranquillisants. Chez vous, Grand Toubab, on ne traîne jamais dans un hamac. On ne cherche pas les poux de ses enfants, mais ceux de ses voisins ou de ses collègues de travail.

Là-bas, dans votre domaine magique, les hommes ne se parlent jamais en face. Ils ne se postillonnent jamais dessus. Ils parlent à des machines. Ils ont aussi des fenêtres bleues au milieu des maisons où ils possèdent le monde. La cueillette des informations et des bruits de la Grande Ville les occupe jour et nuit. Ils portent d’étranges appendices aux oreilles qui leur permettent de parler à leur famille de l’autre côté de la terre. Ils sont tellement puissants et sûrs de leur force qu’ils défient même le soleil. Ils sont des demi-dieux.

Vous qui avez atteint le stade suprême du développement...

Grand Toubab, comment votre humble correspondant immergé dans la jungle touffue, peut-il espérer faire partie de cette merveilleuse civilisation ? Comment adhérer à votre glorieuse tribu ? Je vous le demande humblement, moi qui n’ai que la capacité d’écouter le bruit des torrents au petit jour. Les seules ondes qui me parviennent ne sont ni hertziennes ni électromagnétiques, mais seulement celles du souffle du vent. Dois-je prendre une pirogue pour rejoindre le Grand Flux de la Civilisation Triomphante ou bien infiltrer un réseau de clandestins ? Vous qui avez atteint le stade suprême du développement, quels conseils pouvez-vous me prodiguer ? De rester chez moi ? De ne pas descendre de mon baobab ?

Grand Toubab, mon cœur est triste. Votre réponse est comme une flèche de cyanure. Monsieur Guéant, vous êtes un Géant, si l’on retire le "u"… J’aurais tant voulu apprendre de vous. Et que vais-je dire aux dieux de la forêt qui m’ont envoyé en éclaireur auprès de vous ? Qu’il faut faire des économies d’énergie, que les nains resteront toujours des nains et que les Rolex sont en rupture de stock ?

Par Serge Raffy  Nouvel Obs

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06/02/2012

Hier....

Encore quelques pas...

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05/02/2012

Tout est blanc....

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.cet après-midi, balade , "nos" sentiers sous la neige....

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03/02/2012

Je m'évade...

rené uy cadou,poème

 

Je m’évade


Sous les coquilles rompues du soir
Avec mon sac d’étoiles dans ma poche,
Ma fronde à tuer les heures
Et mon sifflet de merisier,
En échange de quelques larmes
De quelques morsures sous le sein
- Que je comptai à ma jeunesse -
Une nuit vierge de sang.
Tout est là dans cette tendresse de feuilles

(René-Guy Cadou, Forges du vent, 1938

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14:11 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : rené uy cadou, poème

02/02/2012

C'est moi le printemps