24/01/2014
La saison de l'ombre
Une nuit, le village mulongo est frappé par un incendie. La population, affolée par les flammes que l'on ne parvient pas à maîtriser, prend la fuite, pour chercher refuge dans la brousse avoisinante. Au petit jour, les villageois reprennent le chemin du retour. Ils se massent à l'orée de leurs terres, attendant que le clan entier soit rassemblé. C'est alors que la disparition de douze hommes, dix jeunes initiés et deux anciens, est remarquée.
Il s'est passé la chose suivante : des humains ont pensé tirer parti du commerce d'autres humains. Et des humains ont souffert l'arrachement des leurs, la violence de leurs voisins. Voilà ce que propose La saison de l'ombre : le point de vue subsaharien sur une des nombreuses défaites de l'humanité, mais aussi, sur les fragiles triomphes de l'humanité. Une histoire de mort, de vie après la mort. De façon métaphorique, cette histoire est celle d'une grande partie de l'Afrique subsaharienne, depuis cinq cents ans environ. Léonora Miano.
Une écriture magnifique pour nous raconter " le chagrin de ces mères"
« Si leurs fils ne sont jamais retrouvés, si le ngambi ne révèle pas ce qui leur est arrivé, on ne racontera pas le chagrin de ces mères. La communauté oubliera les dix jeunes initiés, les deux hommes d'âge mûr, évaporés dans l'air au cours du grand incendie. Du feu lui-même, on ne dira plus rien. Qui goûte le souvenir des défaites ? »
Nous sommes en Afrique sub-saharienne, quelque part à l'intérieur des terres, dans le clan Mulungo. Les fils aînés ont disparu, leurs mères sont regroupées à l'écart. Quel malheur vient de s'abattre sur le village ? Où sont les garçons ? Au cours d'une quête initiatique et périlleuse, les émissaire du clan, le chef Mukano, et trois mères courageuses, vont comprendre que leurs voisins, les BWele, les ont capturés et vendus aux étrangers venus du Nord par les eaux.
Dans ce roman puissant, Léonora Miano revient sur la traite négrière pour faire entendre la voix de celles et ceux à qui elle a volé un être cher. L'histoire de l'Afrique sub-saharienne s'y drape dans une prose magnifique et mystérieuse, imprégnée du mysticisme, de croyances, et de « l'obligation d'inventer pour survivre. » Editions Grasset
Histoire bouleversante de l'humanité
"Ce n'est pas uniquement au-dessus de la case de celles dont les fils n'ont pas été retrouvés, que l'ombre s'est un temps accrochée. L'ombre est sur le monde. L'ombre pousse des communautés à s'affronter, à fuir leur terre natale. Lorsque le temps aura passé, lorsque les lunes se seront ajoutées aux lunes, qui gardera la mémoire de toutes ces déchirures ? A Bebayedi, les générations à naître sauront qu'il fallait prendre la fuite pour se garder des rapaces. On leur dira pourquoi ces cases érigées sur les flots.
On leur dira : la déraison s'est emparée du monde, mais certains ont refusé d'habiter les ténèbres. Vous êtes la descendance de ceux qui dirent non à l'ombre." extrait p.137
Le prix Femina 2013 a été attribué à la Camerounaise Léonora Miano pour La saison de l'ombre (Grasset), roman sur le basculement d'un monde pour une communauté africaine confrontée à la traite négrière et à la disparition d'êtres aimés. «Léonora Miano est née en 1973 à Douala, au Cameroun. C'est dans cette ville qu'elle passe son enfance et son adolescence, avant de s'envoler pour la France en 1991, afin d'y entamer des études universitaires», précise une biographie sur le site officiel de l'auteur. ( France livres)
Un soutien à Christiane Taubira lors de la remise du prix
Le Nouvel Observateur, un extrait
00:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : la saison de l'ombre de léonora miano
Commentaires
Celui-ci aussi est à poser sur le haut de la pile !... Les romans de témoignages sur l'Afrique sub-saharienne sont si divers et si bouleversants qu'on n'en finit plus d'être submergé par l'émotion et les questions... Bises Noëlle
Écrit par : eva | 24/01/2014
Bon jour Noëlle, aujourd'hui il s'en passe des horreurs en Afrique, mais autrefois ce n'était pas mieux et ce roman sur la traite négrière doit être passionnant. Bises et bonne journée
Écrit par : danae | 24/01/2014
Mille excuses pour ce long silence comment vas tu?
Écrit par : Germaine | 28/01/2014
Oui Eva , ce roman est aussi à poser sur le haut d'une pile !
Bouleversant , bises Danae
Germaine heureuse de te retrouver ! oui, je vais bien , merci, j'espère que tu reviendras poser quelques mots,je t'embrasse
Écrit par : noelle | 29/01/2014
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