06/03/2017
Art poetique
Si je fais couler du sable
De ma main gauche à ma paume droite,
C'est bien sûr pour le plaisir
De toucher la pierre devenue poudre,
Mais c'est aussi et davantage
Pour donner du corps au temps,
Pour ainsi sentir le temps
Couler, s'écouler
Et aussi le faire
Revenir en arrière, se renier.
En faisant glisser du sable,
J'écris un poème contre le temps.
Celui qui s'en va seul
Cherche pour beaucoup d'autres.
Celui qui s'en va seul
Porte avec lui les autres,
Désespère pour eux
D'espérer avec eux.
(« En cause », Sphère, Poésie/Gallimard)
Guillevic ("Art Poétique" - poème 1985-1986,
Imaginons
Le temps que met l’eau à couler de ta main
Le temps que met le coq à crier le soleil
Le temps que l’araignée dévore un peu la mouche
Le temps que la rafale arrache quelques tentes
Le temps de ramener près de moi tes genoux
Le temps pour nos regards de se dire d’amour
Imaginons ce qu’on fera de tout ce temps.
(extrait de "Avec" - éditions Gallimard, 1966)
Une photo,Dorothea Lange, autres photos trouvées sur le net
09:37 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art poètique guillevic
Commentaires
J'adore ces mots sur le sablier du temps... un classique oui, mais, renouvelé joliment ! Et cette photo de celui qui marche...
"Celui qui s'en va seul
Cherche pour beaucoup d'autres.
Celui qui s'en va seul
Porte avec lui les autres,
Désespère pour eux
D'espérer avec eux." quelle poésie dans cette belle photo ! Je t'embrasse Noëlle
Écrit par : eva | 08/03/2017
Un poème contre le temps... Joliment dit. Les photos sont vraiment très belles aussi.
Bonne soirée Noëlle. Bisous
Écrit par : Cathy | 14/03/2017
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