21/05/2012
Un billet à lire
Explosons ce mythe des grecs ineptes et paresseux [traduction]
(Buste d'Hadès. Marbre, copie romaine d'un original grec du Ve siècle av. J.-C. ;(source Wikipédia)
Les grecs prennent une retraite anticipée. Le chiffre de 53 ans comme un âge moyen de la retraite est galvaudé. Tant et si bien, qu’il est devenu un fait populaire. Ce chiffre vient d’ un commentaire sur le site du New York Times. Il a ensuite été repris par Fox News et diffusés dans d’autres publications. Les fonctionnaires grecs ont la possibilité de prendre leur retraite après 17,5 années de travail, mais pour une demi-retraite. Le chiffre de 53 est un amalgame ignorant du nombre de personnes qui choisissent de le faire (dans la plupart des cas pour aller vers des carrières différentes) et ceux qui restent dans la fonction publique jusqu’à ce que leur droit à une retraite complète devienne disponible.
En regardant les données d’Eurostat de 2005, l’âge moyen de sortie du marché du travail en Grèce (indiqué dans le graphique ci-dessous EL pour Ellas) était de 61,7 : plus élevé que l’Allemagne, la France ou l’Italie et plus élevé que la moyenne de l’UE27. Depuis lors, la Grèce a eu à relever l’âge minimum de départ à la retraite deux fois en condition du renflouement : ce chiffre est donc susceptible d’augmenter encore.
Les grecs veulent le prêt, mais pas l’austérité qui va avec. Il s’agit d’un mensonge fondamental. Les grecs protestent parce qu’ils ne veulent pas le prêt du tout (ou de l’intrusion étrangère qui va avec). Ils ont déjà accepté des réductions qui seraient impensables au Royaume-Uni [ndlr : et je ne vous dis pas en France...]. Il ne reste plus rien à réduire. Les corrompus, les escrocs, les méchants, nos glorieux dirigeants ont déjà tous transféré leur fortune dans des banques luxembourgeoises [ndlr : ou suisses, chypriotes, ...]. Ils ne souffriront pas. Pendant ce temps Médecins du Monde distribue des colis alimentaires dans le centre d’Athènes.
Le déficit annuel total de la Grèce est de 53 milliards d’euros. De ce déficit, notre déficit budgétaire primaire est, en fait, en dessous de 5 milliards d’euro. Les autres 48 milliards d’euro correspondent au service de la dette, y compris ceux des prêts précédents, et un tiers de cette somme étant purement les intérêts. L’Europe ne renfloue pas la Grèce. C’est un renflouement des banques européennes qui ont donné de plus en plus imprudemment ses prêts. On demande à la Grèce d’accepter la pleine responsabilité comme un mauvaise emprunteur, mais personne ne se penche sur la contribution des prêteurs imprudents.
Les politiciens occidentaux ont développé un penchant pour rester sur un balcon et se laver les mains comme Ponce Pilate : conférences d’en haut sur les maisons en feu et sans issue de secours . Cela pose facilement un voile sur la vérité – que notre maison a peut-être été mal construite, mais ce sont les incendiaires de Wall Street et le Square Mile qui ont versé de l’essence dans notre boîte aux lettres et a commencé ce feu.
Nassim Nicholas Taleb est le philosophe libano-américain qui a formulé la théorie des évènements du «cygne noir» [ndlr voir ici] imprévisibles, les événements imprévus qui ont un impact énorme et ne peuvent être expliqués par la suite. L’année dernière, il a été demandé par Jeremy Paxman si les gens qui envahissaient les rues à Athènes était un évènement du cygne noir. Il a répondu: « Le réel évènement du cygne noir est que les gens ne font pas d’émeutes contre les banques à Londres et à New York. »
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Maria n’a jamais esquivé une taxe dans sa vie. Elle ne conduit pas une Porsche et n’a pas de yacht. Elle n’a pas voté depuis dix ans – « ceux sont tous les mêmes», dit-elle, « des menteurs et des escrocs ». Sa pension a été réduité à 440 € par mois. Ses prestations n’ont pas été payées depuis presque un an. Elle fait face à la même inflation galopante que nous subissons. Elle est épuisée, mais pas vaincue.
Maria cultive des fruits et légumes autant qu’elle le peut dans sa petite « pervoli ». Elle garde des poulets de telle sorte que ses petits-enfants peuvent avoir les œufs les plus frais. Elle chante toujours admirablement. Elle se bat quotidiennement avec la maladie d’Alzheimer, regarde des photos de son défunt mari et sourit, assise à sa machine à coudre, encore, à modifier les mêmes vieilles jupes.
Il y en a des millions comme elle. Elle est l’exemple typique d’une femme grecque forte et provocante, ma mère.
Par ALEX ANDREOU, publié le 18 mai 201
Merci à Fanny
16:15 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : economie grèce mythe politique société