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31/03/2011

Monsieur Prudhomme

 

paul verlaine,monsieur prudhommeMonsieur Prudhomme

Il est grave : il est maire et père de famille.
Son faux-col engloutit son oreille. Ses yeux
Dans un rêve sans fin flottent, insoucieux,
Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille

Que lui fait l'astre d'or, que lui fait la charmille
Où l'oiseau chante à l'ombre, et que lui font les cieux,
Et les prés verts et les gazons silencieux?
Monsieur Prudhomme songe à marier sa fille

Avec Monsieur Machin, un jeune homme cossu.
Il est juste milieu, botaniste et pansu.
Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles,

Ces fainéants barbus mal peignés, il les a
Plus en horreur que son éternel coryza,
Et le printemps en fleurs brille sur ses pantoufles.

Paul VERLAINE, Poèmes saturniens (1866)

paul verlaine,monsieur prudhommeUn chant Social, premier poème publié par Verlaine, alors  âgé de 19 ans....

29/03/2011

Un poème

Paul_Verlaine-bar-ret.jpgMon rêve familier

 

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

 

Paul Verlaine (Poèmes saturniens)

21/12/2009

Agnus Dei

verlaine5.JPGAgnus Dei

L'agneau cherche l'amère bruyère,
C'est le sel et non le sucre qu'il préfère,
Son pas fait le bruit d'une averse sur la poussière.

Quand il veut un but, rien ne l'arrête,
Brusque, il fonce avec de grands coups de sa tête,
Puis il bêle vers sa mère accourue inquiète...

Agneau de Dieu, qui sauves les hommes,
Agneau de Dieu, qui nous comptes et nous nommes,
Agneau de Dieu, vois, prends pitié de ce que nous sommes.

Donne-nous la paix et non la guerre,
Ô l'agneau terrible en ta juste colère.
Ô toi, seul Agneau, Dieu le seul fils de Dieu le Père.

 

verlaine.jpgPaul VERLAINE (1844-1896)

verlaine2.jpg


13:04 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : paul verlaine