Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/09/2009

Ils rêvaient d'Angleterre

Ecoeurée

migrants4.jpgHier, des polciers, un ministre, des caméras et 276 étrangers interpellés

 

SUD OUEST | Mercredi 23 Septembre 2009

migrants2.jpgL'auteur du film « Welcome » est scandalisé par le traitement réservé aux migrants à Calais

Philippe Lioret : « Indigne de notre pays »

 

Avec son film « Welcome », qui a enregistré 1,2 million d'entrées depuis sa sortie en mars dernier, Philippe Lioret a largement contribué à l'éveil des consciences sur la tragédie des migrants bloqués sur le territoire français, aux portes de l'Angleterre. Resté en contact avec les associations du cru, le cinéaste est vent debout après l'évacuation de la « jungle ».

« Sud Ouest ».

Quel est votre premier sentiment après l'opération de police menée à Calais ?

Philippe Lioret. ça me déprime. Je pense à tous ces gamins qui étaient au bout du parcours, sur le point de rejoindre qui un frère, qui un cousin en Angleterre. C'est dommageable, regrettable et inhumain. Ce traitement est indigne d'un pays comme le nôtre. On sait très bien que le problème reste entier. Ce n'est rien de plus qu'un énorme coup médiatique. Quand Nicolas Sarkozy a fermé le centre de Sangatte, en 2002, on recensait 1 000 à 2 000 personnes. La Cimade et le Gisti en ont comptabilisé 1 500 autour de Calais ces derniers temps. Il est temps que tout le monde se dresse contre ce cynisme, se mette en colère et que soient enfin aménagés de véritables centres d'accueil dans un but strictement humanitaire.

Que représentait cette « jungle » pour les migrants ?

Il ne faut pas croire que c'était l'Eldorado. C'était un endroit horrible, mais c'était au moins un endroit. Maintenant, tout le monde s'est égaillé loin de là. On envoie des mineurs à l'autre bout de la France, mais il est évident qu'ils reviendront dans les parages. Quand j'entends parler d'un accompagnement financier au retour, ça me fait rire. Qui peut croire qu'un Pachtoune va retourner en Afghanistan ou une petite Érythréenne en Érythrée ? On se moque du monde.

Vos relations ont été tendues avec Éric Besson.

Comment le jugez-vous ?

Besson n'est pas seul responsable. Il est d'abord aux ordres de son maître Sarkozy. On sait très bien pourquoi a été créé le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. Il s'agissait de remercier les électeurs du Front national après l'élection présidentielle de 2007. Avec des opérations de ce type, on se situe exactement dans le même esprit.

Que faire maintenant ?

On ne va pas résoudre le problème dans son ensemble, mais on peut au moins s'asseoir autour d'une table avec les Anglais pour réfléchir à des solutions humaines. Il faut se rendre compte que ces gens sont contraints de vivre des vies de bête sauvage. Ce matin (NDLR : hier), il y avait des caméras de télévision. Alors les forces de l'ordre ont fait leur boulot avec délicatesse. Sinon, je peux vous dire que ça se règle généralement à coups de matraque et de gaz lacrymogène. Heureusement que les associations sont là pour assurer le minimum. J'ai eu ce matin (hier) au téléphone des bénévoles qui en pleuraient. Changeons tout cela et nous pourrons au moins nous regarder dans une glace.

 

migrants3.jpg



Auteur : Recueilli par J. D. R.


Non, la population Calaisienne ne vit pas dans la peur !

L’association SALAM dénonce également avec la plus grande force les accusations de délinquance formulées à l’encontre des Migrants. Si des difficultés ont pu certes être rencontrées ça et là, il est malhonnête de stigmatiser ainsi toute une population et de proférer des mensonges uniquement pour tenter de justifier une injustifiable répression. Si la population Calaisienne, solidaire et compréhensive dans son immense majorité, est excédée, c’est à force de voir la répression qui s’abat depuis 7 ans sur des Migrants démunis : une gabegie financière qui ne s’explique que par l’inconséquence des gouvernements qui se sont succédé.

Calais, le 19 septembre 2009,

Association SALAM Nord/Pas-de-Calais


18 septembre 2009