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10/01/2008

SARKOSY ET EDGAR MORIN

7a1d4879a34c06a65ff64143a13a21c2.jpgLors de ses vœux télévisés, lundi soir, le chef de l'Etat avait repris l'expression du sociologue. "Je ne peux exclure que Sarkozy réoriente sa politique dans ce sens, mais il ne l'a pas montré jusqu'à présent et n'en donne aucun signe", lui répond ce dernier

Edgar Morin (Sipa)

Edgar Morin (Sipa)

Que connaissent-ils de mes thèses ?", s'interroge le sociologue et philosophe Edgar Morin, mercredi 2 janvier, au sujet de la "politique de civilisation" prônée par Nicolas Sarkozy dans ses vœux télévisés, lundi soir.
Avec cette expression, le président de la République s'est approprié un concept développé dans un livre d'Edgar Morin, "Pour une politique de civilisation" (éd. Arléa, 2002). "M. Sarkozy a repris le mot, mais que connaissent-ils de mes thèses, lui ou Henri Guaino ? Est-ce une expression reprise au vol ou une référence à mes idées ? Rien dans le contexte dans lequel il l'emploie ne l'indique", commente d'Edgar Morin dans Le Monde.

"Aucun signe"


"Lorsque j'ai parlé de 'politique de civilisation', je partais du constat que si notre civilisation occidentale avait produit des bienfaits, elle avait aussi généré des maux qui sont de plus en plus importants", poursuit le sociologue. "Je m'attachais à voir dans quelle mesure on peut remédier à ces maux sans perdre les bienfaits de notre civilisation."
Edgar Morin explique encore qu'il avait fait des propositions concrètes aux candidats à la présidentielle en fonction de ce diagnostic, et "notamment sur le terrain du rétablissement des solidarités, de la création de maisons de solidarité ou d'un service civil ad hoc".
"Je ne peux exclure que M. Sarkozy réoriente sa politique dans ce sens, mais il ne l'a pas montré jusqu'à présent et n'en donne aucun signe", poursuit Edgar Morin. "Si sa reprise du thème de la 'politique de civilisation' pouvait éveiller l'intérêt, notamment de la gauche, non pour l'expression mais pour le fond, ce ne serait que souhaitable."

Qu’est-ce que la «politique de civilisation» ?

C’est venu dans les années 80, dans des articles, puis le terme s’est cristallisé dans un chapitre d’un recueil de textes avec Sami Nair, paru en 1997, puis dans un petit livre, Pour une politique de civilisation (1). A l’époque, cela n’avait suscité l’intérêt ni des responsables politiques, auxquels je l’avais pourtant envoyé, ni des médias. Je pars du constat que la civilisation européenne occidentale a produit d’innombrables effets positifs - démocratie, droits de l’homme, individualisme, progrès scientifique et technique -, mais également des effets négatifs de plus en plus importants, voire prépondérants. Ainsi l’individualisme, qui donne à chacun un minimum de responsabilités, s’est accompagné du dépérissement des solidarités. Dans les grandes villes, quand quelqu’un tombe dans la rue, avant, on l’aidait ; aujourd’hui, les passants se disent que c’est aux flics ou au Samu de s’en occuper. Il y a une dégradation de la responsabilité : enfermé dans son petit secteur de spécialisation, chacun perd de vue l’ensemble du système dans lequel il agit et se coupe de la responsabilité globale. Le bien-être matériel s’est accompagné d’un mal-être psychologique et moral. Les dégradations écologiques qui polluent nos villes, nos vies sont dues au développement technoscientifique. Il faut donc changer de voie, opérer une conversion, passer d’une civilisation quantitative à une civilisation qualitative, s’orienter vers le mieux et non le plus. Regardez la façon dont les gens quittent dès qu’ils le peuvent la vie robotisée pour une vie plus naturelle, à la campagne !

14:35 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

... nous savons que l'approfondissement des crises ou l'approche bien visible de catastrophes peuvent susciter prises de conscience et prises de décisions salvatrices. De Tchernobyl à la vache folle, nous ne sommes qu'au début des catastrophes dont tôt ou tard on découvrira les causes ou origines civilisationnelles. La politique de civilisation deviendra alors - clairement - la seule issue pour freiner la machine productiviste/énergivore, remplacer les énergies polluantes par des énergies non polluantes, passer du quantitatif qu qualitatif, produire et consommer moins mais mieux.
La politique de civilisation est une mission de nécessité et d'ampleur historique. Elle doit se développer sur la décennie et se poursuivre au delà. Elle non un "modèle", ni un "projet" de civilisation, mais une voie.
Elle appelle à la fois à la reconquête du présent, à la régénération du passé, à la reconstruction du futur.
Elle permet de ressusciter une espérance concrète. Cette politique de résistance à la nouvelle barbarie porte en elle le principe d'une espérance.
L'ingrédient vital dont nous avons tous besoin - et la politique aussi -, c'est l'espoir. La résurrection de l'espoir n'est pas ici la résurrection de la Grande Promesse., c'est la résurrection d'une possibilité. Ni l'incertitude, ni l'angoisse ne sont supprimées, mais, comme on ne peut supporter l'incertitude et l'angoisse que dans la participation, dans l'amour, dans la fraternité, dans l'action, la politique de civilisation porte en elle l'élan, la participation, l'espérance.
E Morin, "Pour une Politique de Civilisation", Ed Arléa, diffusion seuil, mai 2002, pp 78-79

Écrit par : xavier | 12/01/2008

Alors il est temps que nous fassions nôtre ce discours. Celà devient urgent...

Écrit par : Fabrice | 12/01/2008

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