Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/04/2013

Ce jour là....joinville 1947

 

 



Histoire d'une photo

 


willy-ronis-1-2,M26963.jpg

Chez Maxe, Joinville, 1947


Ce jour-là, j’étais debout sur une chaise. J’étais allé à Joinville pour un reportage sur les guinguettes que m’avait demandé Le Figaro qui éditait alors tous les trimestres un bel album sur papier couché, avec des textes d’artistes, d’écrivains, de poètes.


C’était en 1947, un dimanche après-midi. J’aimais en particulier l’ambiance de ces guinguettes, j’y venais régulièrement. Chez Maxe, c’était le nom de celle-ci, curieusement écrit avec un « e », et dès que je suis entré j’ai vu un groupe de danseurs vers le fond, que j’ai eu envie de photographier. Tout de suite. Mais il me fallait chercher un point de vue, je ne pouvais pas aller directement sur la piste car la photo aurait été prise de trop près, il me fallait trouver un endroit qui me ferait dominer l’ensemble de la danse. C’est ce mouvement général de la salle et de la danse qui m’attirait. Et que je voulais saisir. Alors, j’ai grimpé sur une chaise, juste derrière ce couple qui est là, devant, de dos.

Ce sera mon premier plan, j’ai pensé. Mais une fois sur la chaise, mon attention a été attirée vers un garçon qui faisait danser deux filles, très librement, très élégamment, sur la droite. C’est mon sujet, je me suis dit. Je le sens tout de suite quand je trouve mon sujet. Alors, j’ai fait signe au danseur pour qu’il se rapproche. Lui aussi m’avait remarqué, il m’a compris aussitôt et, tout en dansant avec les deux filles, il s’est avancé vers moi?: c’est alors que j’ai fait ma photo.

Il dansait comme un dieu. Et d’ailleurs, pour faire danser deux filles comme ça, il fallait qu’il ait vraiment du talent. Mais quand la musique s’est arrêtée et qu’il a repris sa place, je me suis aperçu qu’il avait un pied bot. J’étais stupéfait. C’était tout à fait invisible quand il dansait.
Le moment où je choisis de prendre une photo est très difficile à définir. C’est très complexe. Parfois, les choses me sont offertes, avec grâce. C’est ce que j’appelle le moment juste. Je sais bien que si j’attends, ce sera perdu, enfui. J’aime cette précision de l’instant. D’autres fois, j’aide le destin. Par exemple, ici, je sais que le premier couple ne s’est rendu compte de rien, mais pour avoir cette photo précise, je les ai vraiment appelés, mes danseurs.


L’histoire ne s’arrête pas là. Il y a trois ans, j’ai reçu une lettre de la danseuse qui est sur la droite. Elle me disait qu’elle voyait cette photo de temps en temps dans la presse et qu’elle tenait à me dire combien elle était touchée par tout ce qu’elle représentait. Sa jeunesse, l’ambiance de ces guinguettes, et bien sûr la jeune fille qui dansait sur la gauche qui était une copine d’enfance?: depuis la maternelle, précisait-elle. Mais le garçon, non, elles ne l’avaient plus jamais revu. Elles n’avaient dansé que cette fois-là avec lui.

Pour Rêver un peu....un siècle en noir et blanc , un livre

 

ronis.jpgCe jour-là


C’est ce petit garçon qui court dans une rue de Paris, un pain sous le bras. C’est ce bal de 14 Juillet, rue des Canettes.
C’est ce chat sur la colline, à Gordes, tache noire aux yeux clairs dans la tapisserie du paysage… Photos connues ou moins connues.

Willy Ronis en a rassemblé une cinquantaine dans un petit livre sobre et intime où il nous les raconte. Des histoires de réminiscences, d’éclats de soleil, d’ombres portées. Des associations libres et des émois mêlés.
Ce jour-là se lit comme un calendrier sensible. Tous les clichés que nous montre le vieux photographe  sont autant de pierres blanches qui marquent son chemin. Le temps passe et emporte les enfances et les êtres. « J’aime saisir ces brefs moments de hasard, dit simplement Ronis. J’ai l’impression qu’il se passe quelque chose sans savoir quoi précisément… »
Epok, l'Hebdo de la Fnac.


ce jour là,willy ronis

00:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : ce jour là, willy ronis

Commentaires

Voilà un livre que tous les amoureux de la photographie mais aussi de la vie devrait avoir à porter de main!
A lire, à regarder, à offrir...Merci Noëlle, bon dimanche.

Écrit par : Louis-Paul | 07/04/2013

Merci Noëlle pour ce beau cadeau... Je vois souvent des photos de Ronis chez toi sur FB et je les aime. L'histoire de cette photo de danseurs est extraordinaire, et donne vraiment envie de se procurer le livre de Ronis... Je note ! Bises Noëlle et bon dimanche

Écrit par : eva | 07/04/2013

Ce petit livre, beaucoup de mal à le trouver , je l'ai eu par Amazon

et , j'adore !

Louis-Paul, Eva bises

Écrit par : noelle | 07/04/2013

Ce petit livre, je l'ai ! pas encore lu, mais il n'est pas loin de moi. D'ailleurs, je l'aperçois sur mon étagère, il attend... :-)
Un beau dimanche à toi, Noëlle. Gros bisous.

Écrit par : Françoise | 07/04/2013

1947 : mon année de naissance... Photo magnifique bien sûr

Écrit par : Rosa | 07/04/2013

Ce petit livre est formidable de fraîcheur et d'humanité.

Régulièrement, je l'ouvre à une page au hasard,
et je redécouvre...

Merci Noëlle, pour cette belle page de blog !

Loop

Écrit par : Oh ! My Loop ! | 07/04/2013

Noelle tu es sur FB ? Moi aussi...faut qu'on soit amis, tu veux bien ? Bisou et merci de ton petit mot sur mon Gaspard, t'es sympa...bonne journée...

Écrit par : le Pierrot | 08/04/2013

Une page au hasard...et toujours le même bonheur !

bises à vous tous et toutes !

Pierrot , FB , c'est quand tu veux !

Écrit par : noelle | 08/04/2013

Joli billet. Merci.
Notre Pierrot a pris du galon.
Jolies photos sur FB.
Belle soirée.
Bises.
Evelyne

Écrit par : evelyne b. | 10/04/2013

Des photos de Gaspard ? je n'ai pas trouvé Pierrot sur FB

Bises Evelyne

Écrit par : noelle | 10/04/2013

Les commentaires sont fermés.