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04/12/2013

Fernando Pessoa (Portugais, 1888 – 1935) "Un, personne et plusieurs..."

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 “Je suis un gardeur de troupeaux.
     Le troupeau c’est mes pensées
     et mes pensées sont toutes des sensations.
     Je pense par les yeux et par les oreilles
     par les mains et par les pieds
     par le nez et par la bouche.”
     (…)
     Alberto Caeiro, Le Gardeur de troupeau


 



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Enfant, j’avais déjà tendance à créer autour de moi un monde fictif, à m’entourer d’amis et de connaissances qui n’avaient jamais existé – (je ne sais pas bien entendu s’ils n’ont pas existé ou si c’est moi qui n’existe pas. 
     Un jour…– ce fut le 8 mars 1914 – je m’approchai d’une commode haute, et prenant un papier, je commençai d’écrire, debout, comme je le fais chaque fois que je le peux. Et j’écrivis une bonne trentaine de poèmes d’affilée, dans une sorte d’extase dont je ne saurais définir la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie, et je n’en connaîtrai jamais de semblable. Je débutai par un titre Le gardeur de troupeau et ce qui suivit fut l’apparition en moi de quelqu’un que j’ai d’emblée appelé Alberto Caeiro. Pardonnez-moi cette absurdité : en moi était apparu mon maître. "


     Extraits de la lettre à Adolpho Casais Montero, le 13 janvier 1935. (La traduction intégrale, par Rémy Hourcade, de la lettre se trouve dans Sur les hétéronymes, éditions Unes, 1985.)

     “Je suis un gardeur de troupeaux....


je le pense avec tristesse – j’ai mis en Caeiro tout mon pouvoir de dépersonnalisation dramatique, j’ai mis en Ricardo Reis toute ma discipline intellectuelle revêtue de la musique qui lui est propre, j’ai mis en Alvaro de Campos toute l’émotion que je n’accorde ni à la vie, ni à moi-même. ( Source chez José Corti )

 



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 Alberto Caeiro : Lisbonne 1889-1915. 

     Alvaro de Campos : Tariva, 15 octobre 1890 


     Ricardo Reis : Porto, 1887.......


Le plus grand écrivain portugais du siècle dernier (et de notre actualité), Fernando António Nogueira Pessoa naquit à Lisbonne le 13 juin 1888. En portugais, pessoasignifie on le sait sans doute : « personne ». L’écrivain, né sous le signe des gémeaux, devait s’éteindre le 30 novembre 1935, persuadé de rester à jamais un inconnu. Pour contrecarrer cette destinée, il se réinventa en plusieurs personnalités, qui, à leur tour, échappèrent à leur créateur…


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La fameuse malle, devant la « bibliothèque anglaise » de l'écrivain,
malle de capitaine de navire bourrée de manuscrits et signés de ses divers hétéronymes  ( 72)

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la plupart des lieux lisboètes que fréquenta Pessoa existent encore. Les vieux tramways, les pavements blancs, les cafés, les librairies, les restaurants, les visages et les fantômes perdurent toujours dans cette lenteur nimbée de « saudade », inexplicable mélange de nostalgie, de candeur et de mystique pélagique qui fait croire que chaque coin de rue recèle un génie qui s’adressera à vous en récitant des passages entiers de Pessoa. Mais quand vous rouvrirez les yeux, vous percevrez entre deux coups de sirènes portuaires juste un soupir, juste personne. C’est comme ça. Il y a rien et il y a tout.

Philippe Di Folco (2002)


« Je ne suis rien
Je ne serai jamais rien
Je ne peux vouloir être rien
Cela dit je porte en moi tous les rêves du monde. » (Bureau de tabac)"


 

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« Nous avons tous deux vies : la vraie, celle dont nous avons rêvé enfant et que nous continuons de vivre de façon souterraine, et la fausse, celle que nous vivons tous les jours et qui nous mène au cercueil. » (Pessoa )



Commentaires

Noëlle je ne te l'avais pas dit mais Caeiro est passé chez moi, Pessoa lui avait dit: va là-bas, elle te reconnaîtra" Il a farfouillé dans mes classeurs, a vu tous mes écrits, il a regardé dans mes grands tiroirs, il a vu toutes mes peintures, il m'a regardée droit dans les yeux et il m'a dit: "tout ça en fait, c'est Rien!"
Oui Noëlle, ma vie est ainsi.
Merci d'être venu saluer mon ange.

Écrit par : jamadrou | 04/12/2013

Coïncidence,

j'ai en ce moment " le Gardeur de troupeau " sur mon bureau...

Toutes ces identités, ça donne le vertige !

Merci Noëlle pour cette belle page...

Loop

" Peu m'importe les rimes.
Il est rarement deux arbres semblables,
l'un auprès de l'autre..."

Pessoa

Écrit par : Oh ! My Loop ! | 04/12/2013

Je ne savais pas que "pessoa" signifie "personne"... C'est extraordinaire ce que les mots (et plus encore les noms) influence profondément ce que nous devons être...
Bises Noëlle, bonne nuit :)

Écrit par : eva | 04/12/2013

Ca plairait bien a Mr mamita
bisou bonne journée

Écrit par : mamita | 05/12/2013

J'aime beaucoup ton article d'aujourd'hui, et la dernière pensée de Pessoa.

Écrit par : Solange | 05/12/2013

Rebonsoir Nono, voilà un écrivain que je n'ai jamais lu et c'est bien dommage. Il faudrait que je répare cette lacune. Bonne soirée.

Écrit par : dasola | 06/12/2013

Coucou Noëlle, j'aime bien la dernière pensée et il faut s'efforcer de sortir de la fausse vie pour rêver d'une autre, vraie et plus belle, celle des rêves à défaut de la réalité ! Bises et bonne semaine.

Écrit par : danae | 09/12/2013

Les commentaires sont fermés.