30/09/2013
Une lettre
Rien ne change...
Quelques lignes partagées avec Eva
Quand Flaubert parlait des Roms dans une lettre à George Sand :
« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s'étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j'en vois et toujours avec un nouveau plaisir. L'admirable, c'est qu'ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu'inoffensifs comme des moutons.
Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols, et j'ai entendu de jolis mots à la Prud'homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d'ordre.
C'est la haine que l'on porte au bédouin, à l'hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m'exaspère. Il est vrai que beaucoup de choses m'exaspèrent.
Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. »
G. Flaubert, lettre à George Sand, Croisset, vers le 15 juin 1867
En 1862, George Sand prend la plume pour défendre le roman de Gustave Flaubert, Salammbô, alors éreinté par la critique. Ainsi commence leur rencontre, et leur amitié. Tout les séparait pourtant : l'âge, la manière d'écrire, les idées politiques et même la façon de vivre. Leur correspondance, régulière pendant quatorze années, témoigne de cette relation unique, mêlant les plaisanteries aux débats d'idées, les tracas de la vie quotidienne aux projets d'écriture.
Quelques lignes de cette correspondance...
évoquant l’actualité, il ajoute ( le 3/08/70 ) en déplorant les conflits : « on verra, avant un siècle, plusieurs millions d’hommes s’entretuer en une séance » Quelle prophétie ! Socialiste, Sand se plaint que « la vie se passe à travailler pour ceux qui ne travaillent pas ( 19/12/72 ) » à quoi répond Flaubert, dans un PS de son courrier du 25/11/72 : « connaissez-vous dans l’histoire universelle (...) quelque chose de plus bête que la Droite de l’Assemblée nationale ? »
420 lettres....source , le blog de christian Grenier
15:53 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : flaubert, une lettre
02/11/2011
Mikis Theodorakis
Lettre ouverte aux peuples d'Europe
28 octobre 2011... Alors que la Grèce est placée sous tutelle de la Troïka, que l’Etat réprime les manifestations pour rassurer les marchés et que l’Europe poursuit les renflouements financiers, le compositeur Mikis Theodorakis a appelé les grecs à combattre et mis en garde les peuples d’Europe qu’au rythme où vont les choses les banques ramèneront le fascisme sur le continent.
Interviewé lors d’une émission politique très populaire en Grèce, Theodorakis a avertit que si la Grèce se soumet aux exigences de ses soi-disant« partenaires européens », c’en sera « fini de nous en tant que peuple et que nation ».
Il a accusé le gouvernement de n’être qu’une « fourmi » face à ces « partenaires », alors que le peuple le voit comme « brutal et offensif ».
Si cette politique continue, « nous ne pourrons survivre (…) la seule solution est de se lever et de combattre ».
Résistant de la première heure contre l’occupation nazie et fasciste, combattant républicain lors de la guerre civile et torturé sous le régime des colonels, Théodorakis a également adressé une lettre ouverte aux peuples d’Europe, publié dans de nombreux journaux… grecs.
Extraits :
Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. (…)
Leurs programmes de « sauvetage de la Grèce » aident seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle.
Il n’y pas d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un contrôle drastique de la Finance.
Si les Etats ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches.Il ne faut pas autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont elle-même générées sous forme de dettes.
Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire fut le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. (…)
Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour.
Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes.
Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. Bâtissons ensemble une Europe nouvelle ; une Europe démocratique, prospère, pacifique, digne de son histoire, de ses luttes et de son esprit.
Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme.
11:18 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : mikis téodorakis, une lettre