12/03/2013
Bleus Horizons
"Cette fois, mon coeur, c'est le grand voyage;
Nous ne savons pas quand nous reviendrons.
Serons-nous plus fiers, plus fous ou plus sages ?
Qu'importe, mon coeur, puisque nous partons !..."
"Le 8 septembre 1914, Jean reçut sa feuille de route. Il la baisa, la caressa, la respira. Il pleura aussi, mais de joie en lisant et relisant sa convocation. Car il était attendu, deux jours plus tard, à la caserne de Libourne où il partit avec cette ferveur que mettent les pèlerins à rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle, cette naïveté des enfants qui rentrent chez eux après des vacances en colonie.
Le garçon que je rencontrai pour la première fois était heureux et si plein d'idéal qu'on l'eût dit inconscient du danger. Il ressemblait plus à un chevalier des croisades qu'à un soldat et attribuait à la protection de Dieu son invincibilité. Pourtant, il n'avait plus que deux mois à vivre. C'est quoi, deux mois? Huit semaines, soixante jours, une broutille, un coup de vent, le temps d'un soupir, une éternité." ( un extrait p.71 )
Jerome Garcin ressucite Jean de la ville de Miremont ,un poète oublié, un peu rêveur , un peu naïf , mort au front en 1914, c'était sur le chemin des dames , des millions de morts, l'enfer...
En 2010 , quelques lignes dans Sud-Ouest, poète oublié jusqu'au cimetière
"L'AMI DE FRANCOIS MAURIAC, BORDEAUX. La tombe de Jean de la Ville de Mirmont est menacée de reprise. Ses inconditionnels réagissent "
http://nono.hautetfort.com/archive/2010/03/19/jean-de-la-ville-de-mirmont.html
"A vivre parmi vous, helas! avais- je une âme?
Mes frères, j'ai souffert sur tous vos continents
Je ne veux que la mer, je ne veux que le vent
Pour me bercer, comme un enfant, aux creux des lames."
l'horizon chimerique
Dans ce beau roman ,un personnage imaginaire, Louis Gemon, son compagnon au chemin des dames, cet ami, va passer sa vie à sauver la mémoire de l'écrivain.
Sensible et poignant , un beau devoir de mémoire
j'aime beaucoup ces lignes, Un extrait
"Je me souviens des jours ,si rares,ou les canons se taisaient. Terrés dans notre tranchée, nous attendions l'ordre de monter à l'assaut, qui ne venait pas.Le temps était alors suspendu....
C' est le moment que nous choisissions, Jean et moi, pour jouer aux odeurs. Nous levions la tête jusqu'au bord de la tranchée et respirions à plein poumons. c'est à qui, le premier, sentirait les parfums de l'herbe fauchée, des tilleuls, des feuilles mortes, des résineux,des buis, du colza, de la rivière poissonneuse, ou des feux de cheminées dont nous voulions croire que la brise,profitant du cesez-le- feu, les avait conduits en procession jusqu'à nous. A ces effluves réels ou imaginaires,,nous ajoutions peu à peu les arômes de nos enfances respectives, réglisse, cacao, muguet, lait mousseux, corne de cheval brûlée, et la journée se finissait dans une fête des sens qui nous emmenait à mille lieues de notre boyau putride. Le jeu cessait avec la distribution de la tambouille, et son écoeurant remule de gras - double plongé dans un bouillon de pois."
"On doit de connaître l’héritage littéraire, essentiellement posthume, de Jean de La Ville de Mirmont à sa mère qui avait rassemblé ses écrits : L’Horizon chimérique, Les Dimanches de Jean Dézert, et Contes. La Table ronde les réédite, en un volume, de sa collection « La petite vermillon » Sur une génération perdue, de Michel Suffran. Le Festin ( Jean- claude Raspiengeas)
"C'est par la révolte des Poilus du Chemin des Dames en mai 1917 que change quelque peu leur condition. Les "mutins" n'étaient pas des déserteurs, mais des grévistes de la guerre. Ils exigeaient l'arrêt immédiat des offensives inutiles. Ils n'acceptaient de se battre que si l'état-major prenait toutes les dispositions nécessaires au succès des actions ponctuelles qu'il entreprenait encore sur le front. Ils ont gagné le droit de survivre en êtres humains, l'augmentation de la fréquence des permissions, un roulement dans l'occupation des secteurs.... et la destitution des officiers incompétents et brutaux. Sur 2.900.000 soldats, seulement 40.000 se mutinèrent et il y eut 50 exécutions. Il était juste que l'Etat, par la voix du président Jospin, leur accorde sa reconnaissance _ bien que trop tardivement _ et il est à souhaiter qu'ils soient réhabilités officiellement."
source " Que maudite soit la guerre"
17:38 | Lien permanent | Commentaires (13)
08/03/2013
Une voix
Philippe Léotard " Je chante pour passer le temps "
Une voix rauque, cassée et tendre...
Quand Leotard chante Ferré, bouleversant
Je chante pour passer le temps
Petit qu'il me reste de vivre
Comme on dessine sur le givre
Comme on se fait le coeur content
A lancer cailloux sur l'étang
Je chante pour passer le temps
J'ai vécu le jour des merveilles
Vous et moi souvenez-vous-en
Et j'ai franchi le mur des ans
Des miracles plein les oreilles
Notre univers n'est plus pareil
J'ai vécu le jour des merveilles...
Je passe le temps en chantant
Je chante pour passer le temps
(Le roman inachevé, 1956)
LOUIS ARAGON
19:17 Publié dans COUP DE COEUR | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : 15e printemps des poètes : "les voix du poème"
07/03/2013
8 MARS 2013
Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal,
Et ces yeux, où plus rien ne reste d'animal
Que juste assez pour dire : « assez » aux fureurs mâles.
Et toujours, maternelle endormeuse des râles,
Même quand elle ment, cette voix ! Matinal
Appel, ou chant bien doux à vêpre, ou frais signal,
Ou beau sanglot qui va mourir au pli des châles !...
Hommes durs ! Vie atroce et laide d'ici-bas !
Ah ! que du moins, loin des baisers et des combats,
Quelque chose demeure un peu sur la montagne,
Quelque chose du cœur enfantin et subtil,
Bonté, respect ! Car, qu'est-ce qui nous accompagne
Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ? ( Paul Verlaine 1844 -1896)
8 Mars 2013
Les femmes sont la moitié de l'humanité et pourtant....
Deux ans après le printemps arabe, après les luttes des femmes en Inde, face aux souffrances et aux violences subies par des femmes dans le monde chaque jour, nous devons dans ce contexte de crise mondiale nous interroger sur la place réelle des femmes sur la planète et les espoirs communs pour construire des sociétés égalitaires et justes.
Les femmes sont la moitié de l'humanité et pourtant....
Le 8 mars doit rendre hommage aux femmes, pour le rôle qu’elles jouent et ont joué dans la libération nationale de leur pays, la reconstruction et la transformation des sociétés.
Aujourd’hui, leurs préoccupations restent pourtant les mêmes : le chômage, la violence domestique et sexuelle, la pauvreté et la discrimination basée sur le sexe, les inégalités dans la santé, dans le monde du travail, sur le terrain politique…
Les femmes sont la moitié de l'humanité et pourtant....
En temps de guerre et de conflits graves, les femmes subissent des graves atteintes à leur dignité et à leur identité, lorsqu’elles sont violées, torturées sexuellement. Au sein des révolutions, des révoltes, des mouvements sociaux, elles sont la moitié des peuples en lutte mais bien souvent, pourtant, leur mobilisation est vaine car elle ne débouche pas sur des réformes dans les sociétés à venir.
Les femmes sont la moitié de l'humanité et pourtant....
Leur liberté d’expression, leurs droits élémentaires ne cessent d’être bafoués, et davantage ” règlementés” par les doctrines religieuses. Ces théories qui décident pour la femme, en faisant du mariage une source d’amour et un symbole d’union quitte à nier les violences conjugales, les mutilations sexuelles, les mariages forcés, l’emprise de la domination masculine, le non partage des tâches domestiques et d’éducation et qui font l’apologie de la maternité comme seule contribution des femmes à la société.
En Inde, pays qui se caractérise par une immense diversité, les femmes ont fait de la lutte contre la violence domestique un combat unitaire. En décembre dernier, l’agression et le viol collectif ayant entrainé la mort d’une jeune étudiante ont provoqué une vague d’indignation dans ce pays où les victimes de viols et d’agressions sexuelles réussissent rarement à obtenir justice. Fait courant dans le monde où les femmes ne peuvent utiliser librement les voies de recours et de justice pour se défendre. Souvent mal accueillies, leur problème est vite dédramatisé jusqu’à être ignoré.
Les femmes sont la moitié de l'humanité et pourtant....
Dans le monde, participer à la vie politique ne va pas de soi pour les femmes. Quand elles peuvent se présenter sur la scène publique, cela suscite des réactions sexistes et méprisantes au sein de la classe politique, comme dans les médias. Le monde politique est largement connu comme un univers “viril”. Les femmes sont “tolérées” surtout dans des missions “clichées” : missions sociales et petite enfance, affaires scolaires, mandats administratifs…
La participation de très nombreuses femmes aux révolutions du “Printemps arabe” aurait dû ouvrir une opportunité pour leur accorder plus de droits lors des consultations électorales suivantes. Cependant, l’élection d’une forte représentation des partis religieux a réduit cet espoir, malgré la grande mobilisation féminine pour la transformation de la société.
Le 8 mars doit servir à la réflexion sur l’émancipation et l’universalisation des droits humains. L’égalité entre les femmes et les hommes est un besoin politique et une exigence pour toutes les sociétés
Muriel Ameller
Photos de Titouan Lamazon " les femmes du monde"
23:07 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : 8 mars 2013
06/03/2013
15e Printemps des Poètes : "Les voix du poème"
Edito de Denis Lavant, comédien et parrain de la 15e édition
Les Voix des Poètes pourquoi ?
Parce qu'elles m'ont depuis toujours été présages et acquiescement sensible à ce que toute mon âme pressentait.
Parce que les poèmes ce sont d'abord des Voix.
Parce que la poésie qui prétend faire vibrer quelque fibre intelligente et sensitive aux tréfonds de l'humain doit prendre Voix, doit s'échapper du profond d'entrailles défuntes ou prendre corps dans la tripaille vivace et belle pour subjuguer d'ondes rudoyantes ou suavement caresser l'ouïe, l'oreille au pavillon charnu, ou bien sourdre de ce conduit émotif aux grands-fonds du dedans.
Parce que la poésie avant qu'on la lie, qu'on la relie et qu'on la lise, éclate à l'extérieur de nous dans tous les signes par tous les sens, et par ces phrases ébruitées dans la nuit de la rue, ou celles qui fusent aux écheveaux du langage, démêlées tout au long du jour dans la vie humaine qui circule.
Pour moi, avant toute tentative de lecture, la poésie commence par sa mise en voix, débute par un timbre, une entité sonore. Un organe généreux qui s'empare de la personnalité du poète déposée sur la page et la fait voler dans l'espace ouvert affranchie des pesanteurs.
Ainsi, Rimbaud, en premier lieu, me fut rendu accessible par la voix grenue au lyrisme concret de Serge Reggiani, préfaçant d'un Dormeur du Val très coloré, la chanson du Déserteur de Boris Vian (Ah ! Les vieux vinyles et leur incomparable grain d'existence dans ces sons reproduits par le noble frottement d'une cause mécanique !).
Il y en eut encore quelques unes, de ces voix d'outre-tombe qui faisaient vibrer en moi l'écoute incertaine jusqu'à gonfler en un seul souffle la voilure du poème.
Je pense à Gérard Philipe au timbre si singulier, à Vilar également, voix fières et émotives entrecoupées de la musique du TNP
.
Je pense encore à Jean-Marc Tennberg dont la voix dévouée à la poésie parlée perdure aux sillons d'anciens vinyles, quand son corps d'Icare étonné a depuis longtemps chu, trajectoire perdue au survol de la Combe de Lourmarin.
Survivent par bribes dans ma mémoire auditive Jules Laforgue, Rimbaud, avec Le bal des pendus, cette fois-là, et même de Cocteau, l'art du mensonge.
Et les voix se font écho à elles-mêmes qui m'entraînent dans ce tissu sonore à retrouver les accents presque métalliques du cinéaste de La Belle et la Bête scandant la prose rugueuse de Ramuz, conduisant la fable musicale de l'histoire du soldat avec l'époustouflant diable de Peter Ustinov, orchestrée de russes dissonances par le grand Stravinsky.
Toujours et encore de la poésie, des sons, des voix, du sens sonore, plongée en oreille écarquillée avide d'envoûtement.
Et puis les poètes qui se disent eux-mêmes, font voler de leur propre souffle les mots de leur bouche, enfin les poètes qui font entendre d'autres poètes, ceux qui transmettent la tradition sonore du temps où la poésie ne s'écrivait pas, mais se décrivait littéralement à haute et intelligible voix, sculpture mouvante et éphémère que l'on devait saisir dans l'immédiateté de sa composition.
La poésie est avant tout sonore et s'honore dans ce qu'elle nous dit, dans ce sens qu'elle-même se réfléchit dans l'ensemencement de sa propre parole.
Si le souvenir d'un homme perdure tant que sa voix demeure, nous autres, comédiens, nous sommes pour ainsi dire fossoyeurs à l'envers. Nous tentons de poursuivre de notre voix l'existence sonore d'un être qui nous était cher même si nous ne l'avons pas connu de notre vivant.
Denis Lavant
"Nous appelons d'autre part à célébrer l'oeuvre de Pablo Neruda à l'occasion des 40 ans de sa disparition."
Source "
15e Printemps des Poètes : "Les voix du poème"
DU SAMEDI 9 AU DIMANCHE 24 MARS 2013
léo Ferré chante Rimbaud ; Les poètes de sept ans
Jefka 59
22:20 | Lien permanent | Commentaires (8)
03/03/2013
En capuchon noir et pointu....
Les écoliers
Sur la route couleur de sable
En capuchon noir et pointu,
Le « moyen » le « bon » le « passable »
Vont, à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable.
J'adore cette photo
Une photo de Willy Ronis " l'arpenteur des instants fugitifs"
Ils ont dans leur plumier des gommes
Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches, du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d'autres petits hommes.
Ils ont la ruse et la paresse
- Mais 1’innocence et la fraîcheur -
Près d'eux les filles ont des tresses
Et des yeux bleus couleur de fleur
Et de vraies fleurs pour la maîtresse.
Puis, les voilà tous à s'asseoir
Dans l'école crépie de lune,
On les enferme jusqu'au soir
Jusqu’à ce qu'il leur pousse plume
Pour s'envoler. Après, bonsoir !
Maurice Fombeure
Autre photo de Willis Ronis
Quelques mots de Gil Pressitzer
Un extrait "
Le hasard il l’arpente, tendresse en bandoulière, il lui fait rendre gorge de toute la poésie du quotidien. Et ses photos sont pleines d’histoires en suspens.
Il avait l’œil partout, mais surtout sur le cœur. Cœur battant toujours devant le risque constant du ratage.
« J’ai remercié le destin de m’avoir fait photographe. Cela m’a probablement préservé de souffrances intolérables. ».
Et pendant ces 99 ans passés parmi les hommes, il aura promené son regard d’enfant, et sa soif de justice, ici-bas.
Plus promeneur que photographe, plus humain qu’artiste, il demeure, lui seulement redécouvert à 75 ans, comme une des plus belles sources de fraîcheur et d’émotion, qui soient arrivées à l’art de la photographie.
23:43 Publié dans COUP DE COEUR | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : un poeme, des photos willis ronis, maurice fombeure
Les grues sont passées dans le ciel
Cet après midi beaucoup de bruit au dessus de ma tête...mais pour la photo, trop tard !
Superbe !
Balade....pas une seule petite feuille verte....
mais ce matin au jardin , le printemps n'est plus très loin....
21:15 | Lien permanent | Commentaires (5)
01/03/2013
Daniel Darc est parti
Un ange Rock' n' roll
Le chanteur, ex-leader des Taxi Girl
"Il a rejoint Bashung, Jacno, Mano Solo et tant d’autres confrères et amis dont il se sentait proche humainement, musicalement. Daniel Darc est mort jeudi 28 février à l’âge de 53 ans."
« D'une bande magnétique / Un soupir lui échappe / Sur un écran géant /Une goutte de sang ». Le garçon est parti, continuons à le chercher.
10:51 Publié dans TRISTESSE | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : daniel darc est parti