25/04/2011
Un livre
Maudit soit Dostoïevski
Atiq Rahimi
Prix concourt 2008, pour Syngué Sabour, Pierre de Patience, l'écrivain Afghan écrit " Le crime et châtiment afghan"
"Je ne crains pas de dire la barbarie ou la décadence"
Kaboul, après l'occupation Soviètique, un récit sur le chaos de sa terre natale,
"A peine Rassoul a-t-il levé la hache pour l'abattre sur la tête de la vieille dame que l'histoire de Crime et châtiment lui traverse l'esprit. Elle le foudroie. Ses bras tressaillent ; ses jambes vacillent..."
Fuis !
Il ne bouge pas. Il demeure debout. Séché sur pied, comme un arbre. Un arbre mort, planté dans les dalles de la maison. Son regard suit toujours le filet du sang qui atteint presque la main de la femme. "
C'est l'histoire de Rassoul ,"las et perdu...
On tire.
On tire....
la balle trouvera sa cible."
Comme pour Syngué Sabour, aucune envie de refermer le livre, belle écriture, j'ai aimé , un roman sombre et captivant ,on retrouve son humour, sa poésie....
C'est beau et fort, grave, absurde et désespéré....
"Aucune goutte d'espoir
ni dans sa bouche,
ni dans la rivière , ni dans le ciel..."
Biographie
"Prix Goncourt 2008 pour Syngué sabour. Pierre de patience, Atiq Rahimi est né à Kaboul en 1962. Après avoir vécu la guerre d'Afghanistan de 1979 à 1984, ce fils d'intellectuels a obtenu l'asile politique en France où il a étudié l'audiovisuel à la Sorbonne et obtenu la double nationalité. Titulaire d'un doctorat, il adapte lui-même son premier roman, Terre et cendres, prix du Regard vers l'avenir au festival de Cannes en 2004. Si ses deux autres ouvrages ont été écrits en persan, c'est directement en français qu'il a rédigé Syngué sabour et ce nouveau roman, son cinquième livre. "
06:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : atiq rahimi, maudit soit dostoïevski
16/01/2010
Une lettre ouverte d'Atiq Rahimi
Paris, Canal St Martin, 7 janvier 2010
comment peut-on être Afgan à Paris
Ils sont jeunes, certains ont à peine quinze ans, aucun plus de trente. Les plus chanceux ont une écharpe et un bonnet. Presque pas un n'a de gants. Le thermomètre pointe zéro. Qu'est-ce que ça change ? De toute façon, ce n'est pas le maigre brasier, deux planches minables, quatre cageots humides qui vont les réchauffer.
Ils sont Afghans.
Ils ont lâché leur vie, leur famille, leurs amis, leur pays. La plupart viennent de régions contrôlées par les talibans. D'autres non. Quelle importance. Des bombes sautent à Kaboul. C'est tout le pays qui s'abandonne à la guerre.
La France, c'est-à-dire nous, les poursuit comme des criminels. Menottes, avion : c'est aux barbus qu'on les remet puisque les intégristes sont les seuls à leur ouvrir les bras.
Souvenez vous de ce temps : on appelait encore un mineur un enfant. Aucun ministre alors ne se serait permis de nous laisser croire qu'il est bon de laisser un enfant l'hiver dans la rue. Même étranger.
Et il y a certainement eu une époque où on appelait un immigré un homme. Même s'il était sans papier.
Ces enfants, ces hommes sont venus chez nous portés par l'espoir d'échapper à la violence. D'étudier. De mener une vie paisible. D'être dignes. Ce ne doit pas être trop demander.
Ne jetons pas dans les eaux du canal le manteau que St Martin a partagé avec un pauvre.
Par Atiq Rahimi (Écrivain)
Afghans-Paris
Ajouter votre signature en bas de page!
j'ai signé
Atiq Rahimi, couronné pour son roman "Syngué Sabour" Pierre de patience, magnifique
" une pierre magique que l'on pose devant soi pour déversé sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères....on lui confie tout ce que l'on n'ose pas révéler aux autres....et la pierre écoute......."
Dans ce dernier livre, rédigé directement en français, l’écrivain-cinéaste, prix Goncourt 2008, épouse la révolte d'une femme afghane. Atiq Rahimi jette des ponts entre poésie et roman, Orient et Occident.
13:44 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lettre ouverte, atiq rahimi, afghans