20/03/2011
"On ne meurt pas...
tant qu'on bouge.
Mais ceux qui n'ont jamais franchi
la barrière de leur village
attendent le retour du voyageur
pour estimer si cela valait
la peine de partir."
Quelques lignes du roman magnifique et terrible de Dany Laferrière, le retour vers la terre d'origine, un retour difficile
" Encore plus secrète que ma mère.
A la voir toujours souriante on n’imaginerait pas
qu’elle vit dans un pays ravagé par une dictature
qui ressemble à un cyclone
qui n’aurait pas quitté l’île pendant vingt ans "
16:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dany laferrière, enigme du retour
13/01/2011
Un livre
Extrait de L’Enigme du retour :
Je rejoins ma mère sur la galerie. Elle me fait découvrir son univers si morne à première vue, mais qui se révèle si riche. Elle connait ces deux oiseaux qui se donnent rendez-vous ici l’après-midi, toujours à la même heure. Les lézards à qui elle a donné les noms de ses frères et soeurs morts : Jean, Yves, Gilberte, Raymonde, Borno, André. Morts ou en exil. Comme ça, je peux me rappeler leur nom. Sinon, on commence par oublier un nom, puis le visage qui l’accompagne. Ainsi se perd un pan de sa vie. Elle a même un nom pour le vent. Ce petit vent si doux qui vient l’endormir à l’heure de la sieste. Il suffit de se taire pour voir apparaître un monde nouveau. Les plus petites choses prennent vie. Des fois, elle se dépêche pour venir les retrouver. D’autres fois, sa colère contre la vie est si forte qu’elle refuse cette illusion. Et elle garde la chambre pendant une semaine. Puis elle revient. Et ils sont tous là, attendant son retour sans un signe de lassitude. Elle se tourne vers moi pour me glisser qu’ils ne se manifestent que s’ils sentent notre désespoir.
L’Enigme du retour, p. 215
Envie de reparler de ce livre grave et poétique, la misère, la peur, l'espoir....la douleur de l'exil
" Si on meurt plus vite qu’ailleurs, la vie est ici plus intense"
Un roman sublime
"l'écrivain québécois Dany Laferrière, 56 ans, conte son retour au bercail, là où il a appris plaisir, désir, idéal, devoir, douleur, séparation. Le lieu fondateur qu'il avait fui en 1976 pour Montréal, au Québec, quand la dictature de Duvalier fils et de ses tontons macoutes devenait trop dangereuse pour le journaliste opposant ; trop infernale. Son père, Windsor Klébert Laferrière, maire révolutionnaire et « communisant » de Port-au-Prince dès l'âge de 23 ans, avait dû lui-même quitter l'île, pour ne jamais y revenir, à la prise de pouvoir de Duvalier père."
19:28 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : livre, l’enigme du retour, dany laferrière