19/10/2015
Je suis seul sur l'ocean...
« Je suis seul sur l’océan
Et je monte à une échelle
Toute droite sur les flots
Me passant parfois les mains
Sur l’inquiète figure
Pour m’assurer que c’est moi
Qui monte, que c’est toujours moi. […].
Je tombe ah ! je suis tombé
Je deviens de l’eau qui bouge
Puis de l’eau qui a bougé,
Ne cherchez plus le poète,
Ni même le naufragé. »
Jules Supervielle
Photo, septembre 2014
13:41 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jules supervielle
29/01/2015
Un poème...Une photo
Saisir, saisir le soir la pomme et la statue,
Saisir l’ombre et le mur et le bout de la rue.
Saisir le pied, le cou de la femme couchée
Et puis ouvrir les mains. Combien d’oiseaux lâchés
Combien d’oiseaux perdus qui deviennent la rue,
L’ombre, le mur, le soir, la pomme et la statue.
Les mots de Jules Supervielle
"Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes,
Les uns parlant parfois à l'oreille des autres...."
À force de mourir et de n'en dire rien
Vous aviez fait jaillir un jour, sans y songer,
Un grand pommier en fleurs, au milieu de l'hiver...."
La photo de josef Sudek
14:49 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : jules supervielle, josef sudek
02/12/2014
Des bouts de bois et des feuilles....
Ô Dieu très atténué
Des bouts de bois et des feuilles,
Dieu petit et séparé,
On te piétine, on te cueille
Avec les herbes des prés.
Dieu des légères fumées,
Dieu des portes mal fermées
On les ouvrit tant de fois
Que l'air traverse le bois.
Et toi, dans l'humaine écorce,
Dieu de qui n'a plus la force
D'avoir un Dieu résistant
Comme celui qu'abandonne
Par ses blessures le sang,
Dieu qui ne remplis sa chose
Qu'à moitié comme à regret,
Dieu sur le point de quitter
Le cœur d'un homme qui n'ose
Le retenir, le goûter,
Tu t'absentes, tu reviens,
Tu es toujours en voyage.
Heureux celui qui retient
Un bon Dieu comme un bon vin
Qui prend avec lui de l'âge.
Une balade , un poème , Jules Supervielle
09:43 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jules supervielle, poème
31/10/2014
La fable du monde
Photo de de Sebastião Salgado
16:23 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poème, jules supervielle
13/09/2013
"Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes, Les uns parlant parfois à l'oreille des autres.
Jules Supervielle "l'homme de la pampa, hors du temps et de l'espace"
Il naît en Uruguay , il écrit des poèmes, des romans et des contes...( 1884-1960)
Encore frissonnant
Sous la peau des ténèbres,
Tous les matins je dois
Recomposer un homme
Avec tout ce mélange
De mes jours précédents
Et le peu qu'il me reste
De mes jours à venir.
Me voici tout entier,
Je vais vers la fenêtre.
Lumière de ce jour,
Je viens du fond des temps,
Respecte avec douceur
Mes minutes obscures,
Epargne encore un peu
Ce que j'ai de nocturne,
D'étoilé en dedans
Et de prêt à mourir
Sous le soleil montant
Qui ne sait que grandir.
Extrait de La Fable du monde
"Poète mélodieux, poète de la mélodie, de cette petite musique si proche des sonnailles du vent, il flotte sur les mots. Il est lui-même une image qui passe et ne s'attarde point. Il porte en lui le regret de la terre et il aura passé sa vie à vouloir attraper la fumée.
À force de mourir et de n'en dire rien
Vous aviez fait jaillir un jour, sans y songer,
Un grand pommier en fleurs, au milieu de l'hiver.
Supervielle nous aura donné bien des pommiers en fleurs.
(Gil Pressnitzer) un extrait
Quand nul ne la regarde
La mer n’est plus la mer.
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit...(La mer secrète)
"Je vous rêve de loin, et, de près, c’est pareil,
Mais toujours vous restez précise, sans réplique,
Sous mes tranquilles yeux vous devenez musique,
Comme par le regard, je vous vois par l’oreille...."
14:58 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jules supervielle, poésie
16/08/2013
L'Arbre
Il y avait autrefois de l'affection, de tendres sentiments,
C'est devenu du bois.
Il y avait une grande politesse de paroles,
C'est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage.
Il y avait de jolis habits autour d'un cœur d'amoureuse
Ou d'amoureux, oui, quel était le sexe?
C'est devenu du bois sans intentions apparentes
Et si l'on coupe une branche et qu'on regarde la fibre
Elle reste muette
Du moins pour les oreilles humaines,
Pas un seul mot n'en sort mais un silence sans nuances
Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite fourmi.
Comme il se contorsionne l'arbre, comme il va dans tous les sens,
Tout en restant immobile !
Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route,
Il voudrait en faire une espèce d'oiseau bien plus grand que nature
Parmi les autres oiseaux
Mais lui ne fait pas attention,
Il faut savoir être un arbre durant les quatre saisons,
Et regarder, pour mieux se taire,
Écouter les paroles des hommes et ne jamais répondre,
Il faut savoir être tout entier dans une feuille
Et la voir qui s'envole.
Un poème de Jules Supervielle,
"L'homme de la pampa, hors du temps et de l'espace "
un auteur Franco Uruguyaen-né en 1884, mort en 1960
Les photos, 2009, balades, les Pyrénées, Grimaud
06:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : jules supervielle