22/01/2007
LE CURE DES PAUVRES EST MORT CE MATIN
L'abbé Pierre, fondateur des compagnons d'Emmaüs et apôtre des sans-abri, s'est éteint lundi matin à 05H25 à l'âge de 94 ans à l'hôpital parisien du Val-de-Grâce où il était hospitalisé depuis une semaine pour une bronchite.
"Mes amis, au secours! Une femme vient de mourir gelée cette nuit à 3 heures", c'est ainsi qu'avait commencé l'appel de l'abbé Pierre, le 1er février 1954, lancé sur les ondes de Radio-Luxembourg, en faveur des sans-abri. Un appel qui allait devenir le symbole du combat de toute sa vie, la défense des mal-logés. L'abbé Pierre, de son nom Henri Grouès, avait fondé la première communauté Emmaüs en 1949.
"Sa mort ça me fait plus mal que la morsure du froid ce matin", expliquait pour sa part Gilles Vasseur, un SDF vivant dans une tente près du périphérique à Paris : "Nous, les sans-abri, les sans-rien sommes aujourd'hui tous orphelins".
L'abbé Pierre fut pendant un demi-siècle l'infatigable et l'efficace pèlerin des démunis, des sans-toit et des sans-droits, un sacerdoce qui lui valut le soutien et l'admiration constants des Français. Le curé des pauvres restera dans le souvenir de ses contemporains cette frêle silhouette drapée dans sa soutane ou son long manteau noir, portant béret, canne et godillots. Le visage émacié à la barbe grise, il frappait par son regard brûlant, son espièglerie et sa véhémence convaincante.
Mystique, il choisit dès l'enfance son destin et son combat : la lutte contre la pauvreté. A 18 ans, il distribue son patrimoine hérité d'un père "soyeux" lyonnais à des oeuvres charitables et rejoint les Capucins, le plus pauvre des ordres mendiants. Résistant actif sous l'Occupation - où il adopte son pseudonyme - il choisit la politique à la Libération et est élu député chrétien-démocrate (MRP) de Meurthe-et-Moselle, jusqu'à sa démission en 1951. Il consacre ses indemnités parlementaires au financement des premières cités d'urgence.
En 1949, il a l'idée de génie de créer la communauté Emmaüs fondée sur le principe de demander aux exclus de pourvoir eux-mêmes à leurs besoins en récoltant les surplus des nantis, rompant ainsi avec la charité traditionnelle. Hiver 1954 : Une femme meurt de froid dans la rue. L'abbé lance un appel pathétique en faveur des sans-abri sur les ondes de Radio-Luxembourg qui suscite un gigantesque élan de solidarité. Le religieux comprend alors le poids des médias.
Sa vie n'est que fidélité à son action contre "le chancre de la pauvreté" et à sa méthode, les "coups de gueule" par voie de presse. "Les médias existent, il serait idiot de ne pas les utiliser", dit-il un jour avec candeur. Il aurait pu tenir le même raisonnement à propos des hommes politiques, qu'il bousculait, de quelque bord qu'ils soient, refusant toute récupération.
Revenu sur le devant la scène dans les années 80, il soutient Coluche et ses "Restaurants du coeur", martelant qu'"avoir faim à Paris est intolérable".
En 1994, quarante ans après son premier cri pour les sans-logis, l'abbé lance un nouvel appel, dirigeant sa colère non plus sur l'Etat, mais sur les maires des grandes villes, coupables d'impéritie en matière de logement des plus démunis. Tenace, il recommence en 2004. Toujours "sur le terrain", l'abbé soutient les occupations d'immeubles vides par les militant de l'association Droit au logement (DAL) ou par les Africains expulsés de l'église Saint-Ambroise à Paris en 1996.
Promu Grand officier de la Légion d'Honneur en 1992, il repousse cette distinction avec fracas - il ne l'acceptera qu'en 2001 - pour protester contre le refus du gouvernement d'attribuer des logements vides aux sans-logis, coup d'éclat qui contribue à faire appliquer la loi de réquisition.
Aucune souffrance ne le laissait indifférent : en 1993, il écrit au président Mitterrand pour réclamer une intervention militaire en Bosnie-Herzégovine, où, dit-il, "les limites du crime sont dépassées".
Au soir de sa vie, le prêtre chiffonnier évoquait la mort comme "une impatience" : "La mort, c'est la sortie de l'ombre. J'en ai envie. Toute ma vie, j'ai souhaité mourir".
12:50 Publié dans TRISTESSE | Lien permanent | Commentaires (3)
13/01/2007
PATRICK DEWAERE
LA DOULEUR DE VIVRE
de Bertrand Tessier
Patrick Dewaere : une trajectoire fulgurante brutalement interrompue en juillet 1982 lorsqu'il met fin à ses jours à l'âge de trente-cinq ans. Flic ou voyou, tendre ou violent, Dewaere était à l'écran comme dans la vie un être à part dont la révolte masquait l'extrême fragilité, un homme blessé. De ses débuts au Café de la gare aux 'Valseuses', de son enfance à ses derniers instants, l'itinéraire d'un écorché vif et d'un acteur surdoué, symbole de toute une génération.
Patrick Dewaere, fils de l'actrice Mado Maurin découvre la comédie dès son enfance. Acteur précoce, il est alors âgé de quatre ans lorsqu'il fait sa première apparition au cinéma dans Monsieur Fabre d' Henri Diamant-Berger en 1951. Préférant les planches de théâtre aux bancs de l'école, il intègre ensuite la compagnie de Jacques Fabbri en 1956.
1968 est un tournant décisif, au hasard des rencontres, il rejoint Coluche, Miou-Miou, Romain Bouteille ... au Café de la Gare
Mais c'est en 1974 que Patrick Dewaere trouve sa reconnaissance auprès du grand public avec Les Valseuses de Bertrand Blier, film novateur et marginal où il incarne aux cotés de Gérard Depardieu et de Miou-Miou, un zonard rebelle et sensible.
Toujours là où on ne l'attend pas, Patrick Dewaere choisit malgré sa notoriété grandissante des films à petit budget où il incarne des rôles complexes. Moniteur de camp de vacances brutal dans La Meilleure façon de marcher en 1975, magistrat conventionnel qui s'improvise détective dans Le Juge Fayard dit le shérif en 1977, Patrick Dewaere avec son air de jeune premier écorché vif séduit. F. comme Fairbanks lui donne l'occasion de retrouver son acolyte Miou-Miou dans un film poétique. Au cours de cette nouvelle collaboration avec Maurice Dugowson (Lily aime-moi), Patrick Dewaere se consacre à sa deuxième passion, la musique puisqu'il compose la bande originale du film à la demande du réalisateur.
Retour aux sources en 1978 où il tourne avec Gérard Depardieu Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier et La clé sous la porte doves Boisset. Cependant avide de nouvelles expériences, Patrick Dewaere n'hésite pas à donner sa chance à de jeunes réalisateurs. Série noire d' Alain Corneau, adaptation du roman de Jim Thompson le fait plonger dans un univers glauque et violent. Il collabore également avec Jean-Jacques Annaud dans Coup de tête et avec André Techiné dans Patrick Dewaere. Il songe également à une carrière musicale et sort un 45 tours en 1978, sans succès. En 1981, il retrouve l'équipe du Café de la Gare pour une apparition dans Les Matous sont romantiques, réalisée par Sotha . Après le subversif Beau-Père de Bertrand Blier , son interprétation de Jean Kerjean, un journaliste qui s'attaque au monde de la politique dans Mille milliards de dollars d'Henri Verneuil , lui vaut un succès. L'année suivante, c'est un rôle de suicidaire que lui propose Alain Jessua dans Paradis pour tous.
Patrick Dewaere supportait incarner Marcel Cerdan pour Claude Lelouch.
Le 16 juillet 1982, il est rentré dans sa petite maison, a saisi la carabine que lui avait offerte COLUCHE
IL AVAIT 34 ANS
Patrick dewaere, drôle, angoissé, marginal, tendre et rebelle.
15:18 Publié dans mes livres | Lien permanent | Commentaires (6)
09/01/2007
LA LUTTE N'EST PAS FINIE
A Bordeaux, les Enfants de Don Quichotte sont toujours installés sur les Allées de Tourny avec 65 tentes et ils n'envisagent pas pour l'instant de lever le camp. Alain Juppé les a reçus lundi. Et une table ronde doit être organisée jeudi avec les représentants de l'Etat, des associations et de la mairie.
Les tentes de Don Quichotte restent bien plantées
20:38 Publié dans SOLIDARITE | Lien permanent | Commentaires (3)
08/01/2007
LA CHINOISE MARGARET CHAN
La Chinoise Margaret Chan, une experte de la grippe aviaire, a pris ses fonctions à la direction générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en promettant de placer l'Afrique et les femmes au centre de son action.
Chan est la première Chinoise à diriger une agence des Nations unies. Elle remplace le Sud-Coréen Le Jong-wook, brutalement décédé en mai.
"Je veux être jugée à l'aune de l'impact de notre travail sur la santé de deux populations: les femmes et les Africains", a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Ancienne responsable de la santé à Hong Kong et ancienne directrice générale adjointe de l'OMS, Chan, 59 ans, avait été préférée à des candidats japonais, mexicain, koweïtien et espagnol.
Présentée par la France, la candidature de l'ancien ministre Bernard Kouchner n'avait pas été retenue par le comité exécutif de l'OMS.
La stature internationale de l'OMS a été sensiblement réhaussée avec l'apparition de maladies aux dimensions pandémiques, comme le sida, maladie dont l'impact est le plus fort en Afrique.
Elle est également en première ligne contre la propagation de la forme humaine de la grippe aviaire.
00:17 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
06/01/2007
AUGUSTIN, LE GRAND FRERE DES PAUVRES
PORTRAIT
Tout a commencé par une rencontre. Celle des sans-abris de son quartier, le Xe arrondissement. La nuit, sa fille de deux ans ne dort pas, alors pour laisser sa femme se reposer, il descend dans la rue pour la bercer. Durant ses promenades nocturnes avec son bébé, il rencontre de nombreux SDF. De ses "amitiés", il voudra faire un film avec son ami, comédien comme lui, Pascal Oumaklouf. Mais à la fiction, il préfère l'action et lance le mouvement citoyen Les Enfants de Don Quichotte. C'est son premier engagement social.
Depuis près d'un mois, ce jeune comédien de 31 ans mène son combat auprès des plus démunis. Une lutte volontaire et engagée qui n'a surpris personne dans son entourage. "Il a une force assez incroyable. Il avance et l'on ne peut pas l'arrêter. Parfois, je tire sur son pantalon pour lui dire stop", confie Pascal Oumaklouf, le témoin de son mariage et parrain de sa fille. Les deux amis se sont rencontrés sur la scène d'un cours de théâtre parisien, le cours Florent.
c'est sur les planches qu'il se fait remarquer. Mises en scène compliquées, choix de textes difficiles, Augustin se démarque. "Il était solaire, il avait du charisme", se souvient Philippe Maymat, son professeur. "Il m'a donné l'impression qu'il ne voulait pas gâcher son temps. C'est quelqu'un qui a beaucoup d'ambition et qui veut faire de grandes choses. Ce mec est prêt à tout et tout est possible avec lui. Augustin Legrand déterminé peut déplacer des montagnes", estime-t-il.
Pour Philippe Maymat, "il nous éclabousse à la gueule quelque chose d'humaniste". A ses yeux, "Augustin, c'est le courage la détermination, le charisme et la joie. La joie d'être dans le mieux, le positif et le respect de l'autre", ajoute-t-il. Augustin, lui, se voit simplement comme quelqu'un "de vraie valeur".
Jean-Baptiste Legrand, président de l’association les Enfants de Don Quichotte
Les Enfants de Don Quichotte ont eu en quelques semaines une vraie visibilité. Ensuite, nous allons jouer notre rôle de signal d’alarme sur les problèmes qui nous révoltent. En l’occurrence le problème des personnes sans abri, le mal logement, la précarité et l’exclusion. Mais il y a d’autres droits fondamentaux qui sont bafoués en France et dans le monde, et nous comptons faire en sorte que cela change.
23:57 Publié dans SOLIDARITE | Lien permanent | Commentaires (0)
02/01/2007
UN MINISTERE DE LA CRISE DU LOGEMENT
le 2 janvier
SDF : la mobilisation se durcit
Tout un symbole : c'est rue de la Banque, dans un immeuble avec vue sur la bourse de Paris, que 80 personnes sans-abri se sont installées. Trois associations ont fait de cet immeuble le siège de leur ministère de la Crise du Logement.
L'association Droit au logement, le collectif Jeudi Noir contre le mal-logement et l'association culturelle et artistique Macaq, ont choisi une ancienne succursale du CIC : façade hausmanienne, ascenseur, eau, électricité et moquette à tous les étages et surtout vide depuis 3 ans.
Un endroit jugé parfait pour un ministère, qui a été présenté à la presse afin que le dossier reste au cœur des débats à l'approche des élections. .
Opération médiatique efficace puisque Jacques Chirac a souhaité lors de ses vœux, un engagement pour que le droit au logement opposable se concrétise "avant les échéances électorales".
Mais qu'est-ce que le droit au logement opposable ? En clair, cela signifie que l'Etat est obligé d'offrir un logement à tous les sans-abri. En cas d'impossibilité de trouver un toit, un citoyen pourrait alors porter plainte contre les pouvoirs publics devant les tribunaux. En Europe, seule l'Ecosse a adopté ce droit.
En France, près d'un million de personnes ne disposent pas d'un logement décent, dont environ 100.000 vivent à la rue. Quelques uns se sont présentés rue de la Banque ce matin, espérant y être hébergés. Mais les associations ont du les refouler, le squat est déjà plein .
- Réquisition :
une urgence, une loi.
La précarité du logement s’étend. Des milliers de familles sont en situation d’errance urbaine, passant de centre d’hébergement en hôtel, ou en logement de fortune, ou encore accueillis quelques jours chez des amis, luttant chaque jour pour avoir un toit pour leurs enfants.
20:55 Publié dans SOLIDARITE | Lien permanent | Commentaires (3)
2007
00:02 | Lien permanent | Commentaires (1)