31/10/2015
La terre qui penche
Le nouveau conte de Carole Martinez
" Mon héroïne, blanche est une rebelle "
Troisième roman dédié aux femmes de jadis....
C'est encore une figure féminine insoumise que l'on retrouve 200 ans plus tard, au 14e siècle, toujours au Moyen-Âge et au domaine des Murmures, dans La terre qui penche. Blanche a 11 ans et elle est affamée du savoir qu'on lui interdit. "C'est une rebelle.
Elle a décidé qu'il était très important pour elle d'apprendre à lire et à signer son nom. Comme son père s'y oppose et considère qu'une femme instruite, c'est le diable dans la maison, Blanche vole les lettres nécessaires pour écrire son prénom", explique Carole Martinez.
"A tes côtés je m'émerveille.
Blottie dans ton ombre, tu partages ma couche.
Tu dors, ô mon enfance,
Et pour l'éternité, dans la tombe, je veille. »
Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman. (4e de couverture)
Tendre et cruel, un monde magique ! magnifique !
J'avais adoré " le coeur cousu" et " Du domaine des Murmures"
La terre qui penche, même enchantement !
"L'héroïne du Cœur cousu possède le don de recoudre tout ce qui se déchire, les tissus, les corps, les cœurs, celle du Domaine des murmures réalise des miracles du fond de sa réclusion. La terre qui penche est peuplé d'ogres, de fées, de sortilèges et la petite Blanche dialogue avec son âme, en errance 6 siècles plus tard."( Carole Martinez)
La vallée de la Loue, Gustave Courbet
Du Domaine des murmures et la terre qui penche, la Loue est aussi son héroïne.
"Mon roman se construit autour du lit de la Loue et du pouvoir poétique qu 'à une petite fille de métamorphoser les souvenirs mauvais.
Blanche transforme le monde qui l'entoure et ses douleurs, elle change un homme en cheval, puis ce cheval en terre, pour continuer de marcher sur son chemin...."
21:32 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : la terre qui penche, carole martinez
27/10/2015
Un jour de pluie et de brouillard....
Averse averse averse averse averse averse
Pluie ô pluie ô pluie !ô pluie ô pluie ô pluie
Gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau
parapluie ô parapluie ô paraverse ô
paragouttes d'eau paragouttes d'eau de pluie
capuchons pèlerines et imperméables
que la pluie est humide et que l'eau mouille et mouille !
mouille l'eau mouille l'eau mouille l'eau mouille l'eau
et que c'est agréable agréable agréable
d'avoir les pieds mouillés et les cheveux humides
tout humides d'averse et de pluie et de gouttes
d'eau de pluie et d'averse
et sans un paragoutte
pour protéger les pieds et les cheveux mouillés
qui ne vont plus friser qui ne vont plus friser
à cause de l'averse à cause de la pluie
à cause de l'averse et des gouttes de pluie
des gouttes d'eau de pluie et des gouttes d'averse
Cheveux désarçonnés cheveux sans parapluie
poème, Raymond Queneau, les photos , des sentiers des Pyrénées, un jour de pluie....
13:11 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poème, raymond queneau
22/10/2015
Les anges de Paul Klee
Les choses que j'aurais tant voulu écrire
Sont celles que je n'ai jamais su mettre en mots
Chatouillé par le grelot de l'ange
Un bébé rit
câlinée par le souffle du vent
Une fleur fait "oui"de la tête
Jusqu’où aurait-il donc fallu poursuivre la route ?
Les jours d’après la mort à ceux d’avant la vie
en un cercle bien rond s’enchaînent
À présent j’ai droit au silence
Malgré la foule des paroles
Malgré les milliers de chansons
la tristesse ne s’est jamais dissipée et pourtant
La joie non plus ne s’est jamais envolée.
(Tanikawa Shuntarô, L’album des dessins de Klee,)
Autoportrait 1909
Les anges de Paul Klee, son petit royaume
"Les hommes vivent en des lieux dont les anges n'ont pas idées"
.
19:53 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : les anges de paul klee
20/10/2015
Je fais retraite chez ls oiseaux...
" Je fais retraite chez les oiseaux. Cela vaut bien les
monastères et leur mise en scène sacrée !
À midi, le soleil abat ses lanières d'or sur mes épaules. Ai-je
besoin d'une autre discipline pour expier tous les
péchés commis envers les quatre éléments ? Je cherche le rythme oublié.
J'apprends l'effort, le puits, la colline et le thym.
Le vent et les bêtes sauvages coulent devant ma porte. Le feu de bois exige un très long souffle humain.
Sorti du chant du coq et du petit froid vert de l'aube,
je progresse au travers de la chaleur, je marche
jusqu'au soir de la journée, encouragé par la présence
de l'arbre, par la rondeur des fruits, par la confiance
baveuse des troupeaux.
Je m'allonge sur la terre tiédie pour jouir du bleu
imaginaire, du bleu presque trop pur de la lumière...."
La huche à pain (Proses - Extraits) Luc Bérimont
La photo Magnum photos
USA. Tulare, California. 2014. Birds
14:53 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : luc bérimont
19/10/2015
Je suis seul sur l'ocean...
« Je suis seul sur l’océan
Et je monte à une échelle
Toute droite sur les flots
Me passant parfois les mains
Sur l’inquiète figure
Pour m’assurer que c’est moi
Qui monte, que c’est toujours moi. […].
Je tombe ah ! je suis tombé
Je deviens de l’eau qui bouge
Puis de l’eau qui a bougé,
Ne cherchez plus le poète,
Ni même le naufragé. »
Jules Supervielle
Photo, septembre 2014
13:41 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jules supervielle
15/10/2015
" que c'est beau le jaune !"
"Un soleil, une lumière que faute de mieux je ne puis appeler que jaune, jaune soufre pâle , citron pâle or.
Que c'est beau le jaune ! "
Les Photos , des randos , Val d'Isère , Encrenaz , les Pyrénées
été 2006 , 2009 , 2015
Les mots, les belles lettres de Vincent Van Gogh à son frère Theo, des récits pour découvrir le vrai Van Gogh...
14:02 Publié dans Balade | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : " que c'est beau le jaune !"
13/10/2015
La balade du Calame
" l'exil ne s'écrit pas.Il se vit.
Alors j’ai pris le calame, ce fin roseau taillé en pointe dont je me servais enfant, et je me suis mis à tracer des lettres calligraphiées, implorant les mots de ma langue maternelle.
Pour les sublimer, les vénérer.
Pour qu’ils reviennent en moi.
Pour qu’ils décrivent mon exil. »
Ainsi a pris forme cette ballade intime, métissage de mots, de signes, puis de corps.
Celui qui se dit « né en Inde, incarné en Afghanistan et réincarné en France » invente une langue puissante, singulière et libre.
Une méditation sur ce qui reste de nos vies quand on perd sa terre d’enfance."( extrait 4eme de couverture)
La Ballade du calame
Portrait intime
Atiq Rahimi
Ce n'est pas un roman, ni un très long récit, mais des mots, des mots très doux, des poèmes....
Il nous parle de l'errance, de la solitude
L’absence de l'autre
L'absence du corps de l'autre
Il nous parle de calligraphie, de callimorphies
" C'est en faisant des callimorphies que je comprends ce que je cherche, ce que je fais.Je cherche des lettres sans destins, des êtres en exil
Comme tout être exilé, je suis un homme d'ailleurs
Ailleurs est le vrai sens de l'exil."P.164. 180
«A peine ai-je franchi la frontière que le vide m’aspira. C’est le vertige de l’exil, murmurai-je au tréfonds de moi-même. Je n’avais plus ni ma terre sous le pied, ni ma famille dans les bras, ni mon identité dans la besace. Rien»
Notes sur l'exil, d'Atiq Rahimi. Au détour d'une page, le croquis d'un homme avec un baluchon © HCS "Une journée sur les routes de l'exil" septembre, France culture
"En 1984, à 22 ans, Atiq Rahimi était parti à pied de Kaboul pour rejoindre, après neuf jours de marche, l'ambassade française du Pakistan à Islamabad.
Il racontait ce périple dans 1000 maisons du rêve et de la terreur (P.O.L, 2002). Vingt-quatre ans plus tard, c'est la prestigieuse académie des Goncourt qui récompense son premier livre écrit en français, Pierre de patience ".
il a lui-même réalisé l’adaptation au cinéma.
"Syngué Sabour" Pierre de patience, magnifique
" une pierre magique que l'on pose devant soi pour déversé sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères....on lui confie tout ce que l'on n'ose pas révéler aux autres....et la pierre écoute......."
Lu aussi
Maudit soit Dostoïevski," Le crime et châtiment afghan"
beau et fort, grave, absurde et désespéré....
et
Bouleversant
Dans la balade du Calame,Atiq Rahimi raconte " Un jour, j'ai donc écrit un livre, le coeur en deuil de mon frère tué à la guerre, Terre et cendres."
"son frère, communiste, resté en Afghanistan, est assassiné en 1989, mais Atiq Rahimi n'apprend sa mort qu'un an plus tard. Il réalise des films documentaires et adapte en 2004 son roman Terre et cendres, qui, présenté au festival de Cannes obtient le prix "Regard sur l'avenir".
"Je traverse les montagnes, les doutes, les déserts, l'incertitude. Je marche, j'ai peur. Je marche, je me perds. Je marche."
11:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : la ballade du calame portrait intime atiq rahimi
04/10/2015
Boussole
Le nouveau roman de Mathias Enard
Passionnant
Nuit blanche, 400 pages pour une nuit d'insomnie....
Il s'appelle Frantz Ritter, musicologue Viennois, il pense, il rêve, se raconte....
C'est aussi un beau roman d'amour...
"La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche – Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux.
Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre.
Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer, Boussole est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de l’autre en soi et une main tendue – comme un pont jeté entre l’Occident et l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter d’apaiser les feux du présent.
“Interroger la frontière. Essayer de la comprendre, dans ses flux, ses reflux, sa mobilité. La suivre du doigt. Plonger la main dans le courant de la rivière ou la saignée du détroit. La parcourir avec ceux qui l’ont explorée, voyageurs, poètes, musiciens, scientifiques.
En relever les traces, les cicatrices anciennes ou les interactions nouvelles. Entrevoir tour à tour sa violence et sa beauté. Exhumer des passions oubliées et des échanges enfouis, reprendre des dialogues parfois interrompus.
Tenter humblement de recenser les marques de cette passion, de ce qui se joue entre soi et l’autre, entre Les Mille et Une Nuits et À la Recherche du temps perdu, entre L’Origine du monde et un pasha ottoman, entre le chant du muezzin et des lieder de Szymanowski."
"J’ai été ce qu’on appelait autrefois un orientaliste. J’ai étudié l’arabe et le persan à l’Institut des langues orientales. Comme mes personnages, j’ai parcouru l’Égypte, la Syrie ou l’Iran.
J’ai essayé de reconstruire cette longue histoire, celle de l’amour de l’Orient, de la passion de l’Orient, et des couples d’amoureux qui la représentent le mieux : Majnoun et Leyla, Vis et Ramin, Tristan et Iseult. Sans oublier ce qu’il peut y avoir de violent et de tragique dans ces récits, de rapports de force, d’intrigues politiques et d’échecs désespérés.
Ce long voyage commence à Vienne et nous amène jusqu’aux rivages de la mer de Chine ; à travers les rêveries de Franz et les errances de Sarah, j’ai souhaité rendre hommage à tous ceux qui, vers le levant ou le ponant, ont été à tel point épris de la différence qu’ils se sont immergés
dans les langues, les cultures ou les musiques qu’ils découvraient, parfois jusqu’à s’y perdre corps et âme "M.E
Actes Sud
De Mathias Enard
lu et aimé
Après Zone, après Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, après Rue des Voleurs… l’impressionnant parcours d’écrivain de Mathias Enard s’épanouit dans une magnifique déclaration d’amour à l’Orient.
Actes Sud
peintre Eugène Delacroix
16:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : boussole mathias enard