03/02/2012
Je m'évade...
Je m’évade
Sous les coquilles rompues du soir
Avec mon sac d’étoiles dans ma poche,
Ma fronde à tuer les heures
Et mon sifflet de merisier,
En échange de quelques larmes
De quelques morsures sous le sein
- Que je comptai à ma jeunesse -
Une nuit vierge de sang.
Tout est là dans cette tendresse de feuilles
(René-Guy Cadou, Forges du vent, 1938
14:11 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : rené uy cadou, poème
13/11/2011
Un poème de René Guy Cadou
Les chemins de Mémoire...un hommage...
Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont trente appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont plein d'étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d'amour
Ils n'ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L'un d'eux pense à un petit village
Où il allait à l'école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-delà de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y'a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n'entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu'ils ne sont plus des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit
Les fusillés de Châteaubriant de Réné-Guy Cadou
(Pleine Poitrine 1946)
06:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poème, rene guy cadou
05/10/2011
Poème de Pablo Neruda
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n'écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l'habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d'émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés
il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n'a fui les conseils sensés.
Vis maintenant!
Risque-toi aujourd'hui!
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement!
Ne te prive pas d'être heureux!
08:35 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : pablo neruda, poème
29/03/2011
Un poème
Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine (Poèmes saturniens)
00:53 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : poème, paul verlaine, mon rêve familier
20/02/2011
Un poème
par le poète palestinien Ghassan Zaqtan.
Oreiller
Reste-t-il du temps
pour lui dire,
Mère,
bonsoir,
je suis revenu
avec une balle dans le cœur.
Mon oreiller est là
je veux m'allonger
et me reposer.
Si la guerre
revient frapper à la porte
dites-leur : il est en train
de se reposer.
(Traduction d'Antoine Jockey)
06:04 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ghassan zaqtan. oreiller, poeme
18/01/2011
Un poème
Haïti
Et puis le flux de la mer
Et puis le reflux de la mer
Un nuage sans soleil
Des gens qu'on veille
Une rose fanée
Dans un ciel voilé
Un Laferrière
Qui nous parle de misère
Un Saint-Eloi
Tout en émoi
Un coeur
Tout en douceur
Un mirage de l'enfance
Qui meurt en silence
Et puis le flux de la mer
Et puis le reflux de la mer...
Poème écrit le jeudi 13 Janvier 2011
Pierre
Écrit par : Ulm Pierre | 18/01/2011
19:09 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : poème, haïti
28/09/2010
Un poème
L'enfant précoce
Cadou
Une lampe naquit sous la mer
un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule le plus beau poème
Elle n'avait pas appris l'orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des cœurs
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait
"Et maintenant cherche ta vie".
06:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poeme, cadou
15/01/2010
L'inspiration
De son juchoir
la poule laisse choir
un oeuf
c’est une imprudence
un moment d’absence
mais il tombe pouf
dans la paille :
la fermière était prévoyante
combien de poèmes brisés
que ne recueille aucun recueil.
06:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : poème, raymond queneau