30/01/2014
L'auteur des "Ritals" et de "Lune de miel"
Sale jeudi, sale matin, sale nouvelle. Cavanna est mort hier soir, 29 janvier 2014, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil.
Cavanna, vous savez, François Cavanna, celui qu'on pouvait de loin prendre pour un rigolo, ou pour un fort en gueule (parce qu'il en avait une, de gueule, avec ses belles moustaches gauloises, et qu'il hésitait rarement à l'ouvrir). Alors qu'il était avant tout un surdoué, doublé d'un increvable bosseur.
Il était né le 22 février 1923 à Nogent-sur-Marne. Il avait fait le STO en Allemagne, où il avait «claqué la dalle» et perdu une oreille. Il avait fondé «Hara-Kiri» puis «Charlie Hebdo». Il était un monument national, en somme.
Pour nous, il était surtout un écrivain, et un vrai: celui des «Ritals» et des «Russkoffs»; celui aussi de «Lune de Miel», ce chef-d'oeuvre où, début 2011, il revenait sur l'ensemble de son parcours, se souvenait de ses baignades de gamin dans la Marne, racontait ses humiliantes convocations de son père au «service des travailleurs étrangers» de la Préfecture de police, et réglait ses comptes avec sa maladie de Parkinson, cette «salope infâme».
Cavanna aurait eu 91 ans le mois prochain. Reste sa gloire.
Qu'est-ce qu'il nous a fait rire, Cavanna. Par Delfeil de Ton
il se proclamait «bête et méchant», il ne reculait pas devant le mauvais goût, pourvu qu'il eût sa saveur, et voilà qu'apparaissait le Cavanna tendre, le Cavanna courage, de courage il en a toujours débordé.
Des extraits du" nouvel obs " ce matin
j'aimais Cavanna
10:42 Publié dans Disparition | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : l'auteur des "ritals" et de "lune de miel"
26/01/2014
Aujourd'hui....
Le baiser de la pluie au jardin provincial
Laisse un rythme troublant sur les feuilles des arbres
Et la sereine odeur de la terre mouillée
Inonde notre coeur d’une tristesse vague.
(Federico Garcia Lorca)
Photo Saul Leiter
15:03 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : un poème
24/01/2014
La saison de l'ombre
Une nuit, le village mulongo est frappé par un incendie. La population, affolée par les flammes que l'on ne parvient pas à maîtriser, prend la fuite, pour chercher refuge dans la brousse avoisinante. Au petit jour, les villageois reprennent le chemin du retour. Ils se massent à l'orée de leurs terres, attendant que le clan entier soit rassemblé. C'est alors que la disparition de douze hommes, dix jeunes initiés et deux anciens, est remarquée.
Il s'est passé la chose suivante : des humains ont pensé tirer parti du commerce d'autres humains. Et des humains ont souffert l'arrachement des leurs, la violence de leurs voisins. Voilà ce que propose La saison de l'ombre : le point de vue subsaharien sur une des nombreuses défaites de l'humanité, mais aussi, sur les fragiles triomphes de l'humanité. Une histoire de mort, de vie après la mort. De façon métaphorique, cette histoire est celle d'une grande partie de l'Afrique subsaharienne, depuis cinq cents ans environ. Léonora Miano.
Une écriture magnifique pour nous raconter " le chagrin de ces mères"
« Si leurs fils ne sont jamais retrouvés, si le ngambi ne révèle pas ce qui leur est arrivé, on ne racontera pas le chagrin de ces mères. La communauté oubliera les dix jeunes initiés, les deux hommes d'âge mûr, évaporés dans l'air au cours du grand incendie. Du feu lui-même, on ne dira plus rien. Qui goûte le souvenir des défaites ? »
Nous sommes en Afrique sub-saharienne, quelque part à l'intérieur des terres, dans le clan Mulungo. Les fils aînés ont disparu, leurs mères sont regroupées à l'écart. Quel malheur vient de s'abattre sur le village ? Où sont les garçons ? Au cours d'une quête initiatique et périlleuse, les émissaire du clan, le chef Mukano, et trois mères courageuses, vont comprendre que leurs voisins, les BWele, les ont capturés et vendus aux étrangers venus du Nord par les eaux.
Dans ce roman puissant, Léonora Miano revient sur la traite négrière pour faire entendre la voix de celles et ceux à qui elle a volé un être cher. L'histoire de l'Afrique sub-saharienne s'y drape dans une prose magnifique et mystérieuse, imprégnée du mysticisme, de croyances, et de « l'obligation d'inventer pour survivre. » Editions Grasset
Histoire bouleversante de l'humanité
"Ce n'est pas uniquement au-dessus de la case de celles dont les fils n'ont pas été retrouvés, que l'ombre s'est un temps accrochée. L'ombre est sur le monde. L'ombre pousse des communautés à s'affronter, à fuir leur terre natale. Lorsque le temps aura passé, lorsque les lunes se seront ajoutées aux lunes, qui gardera la mémoire de toutes ces déchirures ? A Bebayedi, les générations à naître sauront qu'il fallait prendre la fuite pour se garder des rapaces. On leur dira pourquoi ces cases érigées sur les flots.
On leur dira : la déraison s'est emparée du monde, mais certains ont refusé d'habiter les ténèbres. Vous êtes la descendance de ceux qui dirent non à l'ombre." extrait p.137
Le prix Femina 2013 a été attribué à la Camerounaise Léonora Miano pour La saison de l'ombre (Grasset), roman sur le basculement d'un monde pour une communauté africaine confrontée à la traite négrière et à la disparition d'êtres aimés. «Léonora Miano est née en 1973 à Douala, au Cameroun. C'est dans cette ville qu'elle passe son enfance et son adolescence, avant de s'envoler pour la France en 1991, afin d'y entamer des études universitaires», précise une biographie sur le site officiel de l'auteur. ( France livres)
Un soutien à Christiane Taubira lors de la remise du prix
Le Nouvel Observateur, un extrait
00:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : la saison de l'ombre de léonora miano
14/01/2014
Une histoire entre deux regards
"Je voulais que le livre soit une histoire entre deux regards. Le premier c’est celui échangé par Piracci avec cette femme sur le marché des rues de Catane, qui va commencer à le faire vaciller dans ses certitudes sur lui-même. Puis à la fin, il y a le second et dernier regard sur un marché à Ghardaïa en Algérie. L’histoire est insérée entre ces deux petites scènes. On sait qu’il peut se passer beaucoup de choses dans un regard. On peut se comprendre, se détester, il peut y avoir de la séduction... en une fraction de seconde. Le second regard apporte une sorte de plénitude finale."
J'ai aimé " Eldorado" un roman bouleversant ,actualité brûlante et fable humaniste.
"L'Eldorado, ils l'avaient au fond des yeux. Ils l'ont voulu jusqu'à ce que leur embarcation se retourne. En cela, ils ont été plus riches que vous et moi.Nous avons le fond de l'oeil sec, nous autres. Et nos vies sont lentes."
Interview de Laurent Gaudé un extrait
Comment vous est venue l’idée d’écrire un roman sur l’émigration clandestine vers l’Europe ?
J’ai des dossiers dans lesquels je conserve des articles que je découpe dans des journaux. Quand je me suis mis à travailler sur ce qui allait devenir ‘Eldorado’, j’ai ressorti le dossier émigration. Il contenait des articles de 1999-2000, que j’avais un peu oubliés, même si l’idée me trottait dans la tête. Il y a eu des éléments déclencheurs tels que l’histoire des bateaux affrétés du Liban par les services secrets syriens pour mettre la pression sur l’Europe. Cela m’avait frappé parce que je découvrais un peu naïvement qu’il y avait derrière tout ça des questions de géopolitique et de diplomatie indirecte. L’autre élément déclencheur fut d’apprendre que pour la mafia des pouilles, en Italie, l’argent généré par le trafic d’immigrés est devenu supérieur à l’argent généré pas le trafic de drogue. Ces chiffres m’ont beaucoup marqué.
Quel rôle ont joué les images d’émigrants africains tentant de passer à Ceuta et Melilla ?
J’ai été un peu rattrapé par cette réalité-là parce que j’ai commencé à écrire le livre à la fin du mois d’août dernier. C’est à l’automne qu’on a commencé à réellement découvrir les images de l’assaut des barbelés des enclaves espagnoles au Maroc. C’était très présent au moment où j’ai commencé à écrire, donc j’ai eu envie d’intégrer aussi cet épisode-là au livre. C’est venu sur le tard.
Propos recueillis par thomas Flamerion pour Evene.fr- Aout 2006
"Je me suis trompé. Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays. Et qu'il n'y ait ni fils barbelés ni poste frontière n'y change rien. J'ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l'on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes." un extrait
"Parce qu’il n’y a pas de frontière que l’espérance ne puisse franchir, Laurent Gaudé fait résonner la voix de ceux qui, au prix de leurs illusions, leur identité et parfois leur vie, osent se mettre en chemin pour s’inventer une terre promise."
Laurent Gaudé, un conteur magnifique
Romancier, nouvelliste et dramaturge né en 1972, Laurent Gaudé publie son œuvre, traduite dans le monde entier, chez Actes Sud.
Il est notamment l’auteur de Cris (2001 ; Babel n° 613), La mort du roi Tsongor (2002, prix Goncourt des lycéens 2002, prix des Libraires 2003 ; Babel n° 667), Le soleil des Scorta (2004, prix Goncourt 2004, prix Jean-Giono 2004 ; Babel n° 734),
Eldorado (2006 ; Babel n° 842), Dans la nuit Mozambique (2007 ; Babel n° 902), La porte des Enfers (2008 ; Babel n° 1015), Ouragan (2010 ; Babel n° 1124), Les oliviers du Négus (2011) et Pour seul cortège (2012).( Actes sud )
Merci à Jipes
13:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : eldorado laurent gaudé
Balade
C'était dimanche , petit rayon de soleil...
"Bois feuillus qui, pendant l'été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,
Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l'horizon
Avec des gestes qu'ont les hommes....Anna de Noailles
13:19 Publié dans Balade | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : balade janvier 2014
11/01/2014
Au fond d’une petite ruelle ....
Paul Éluard s’installe en 1951 dans le barry du haut de Beynac, au fond d’une petite ruelle qui porte aujourd’hui son nom. C’est là que le célèbre poète achève sa dernière œuvre, Poésie Ininterrompue II , en 1952.
Après les horreurs de la guerre, Paul Éluard participe avec Aragon et Breton au dadaïsme, mouvement culturel d’avant-garde, puis au surréalisme qui prolonge le mouvement Dada. Très engagé, il se proclame porte-parole de la paix et de la liberté. En 1941, il entre dans la Résistance et publie avec les moyens du bord de nombreux poèmes prônant la Liberté.
Eluard et Nusch
Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous
Je t'aime, par Paul Eluard est un poème sous la forme d'une déclaration d'amour à celle qui fut sa muse pour la vie.
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tout le temps
ou je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large
Et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond
Pour les premières fleurs
Pour les animaux purs
Que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'aime pas......
Nusch par Dora Maar
Le dernier poème de Paul Éluard, intitulé Le château des pauvres, est directement inspiré d’une ferme périgourdine située entre les collines de Saint-André d’Allas et Sarlat. Son ancienne demeure de Beynac ne se visite pas.
"Venant de très bas, de très loin,
nous arrivons au-delà .
Une longue chaîne d’amants
Sortit de la prison dont on prend l’habitude
Sur leur amour ils avaient tous juré
D’aller ensemble en se tenant la main
Ils étaient décidés à ne jamais céder
Un seul maillon de leur fraternité
La misère rampait encore sur les murs
La mort osait encore se montrer
Il n’y avait encore aucune loi parfaite
Aucun lien admirable
S’aimer était profane
S’unir était suspect
Ils voulaient s’enivrer d’eux-mêmes
Leurs yeux voulaient faire le miel
Leur coeur voulait couver le ciel
Ils aimaient l’eau par les chaleurs
Ils étaient nés pour adorer le feu l’hiver...."
Source, " visite en Aquitaine"
Les photos , balades en Périgord noir....
15:00 | Lien permanent | Commentaires (8)
08/01/2014
Une femme , Jane Campion
La seule femme à avoir obtenu la Palme d'or pour "La leçon de piano" sera la première femme réalisatrice à présider le jury du Festival.
Jane Campion représente un cas unique dans l'histoire du Festival de Cannes. Elle seule a obtenu deux Palmes d'or : la première en 1986 pour son court-métrage Peel, alors qu'elle était inconnue, et la seconde en 1993 pour La leçon de piano. Ce film lui a valu également l'Oscar du meilleur scénario, tandis que l'actrice Holly Hunter raflait le prix d'interprétation sur la Croisette et l'Oscar de la meilleure actrice
"Née en 1954 à Wellington, Jane Campion a réalisé une demi-douzaine de longs-métrages depuis Sweetie, son premier film (1989), à Bright Star (2009). Elle a également signé plusieurs courts-métrages, dont Peel (Palme d'or du court-métrage à Cannes en 1986) et, plus récemment, une mini-série pour la télévision, Top of the Lake. « Après Michèle Morgan, Jeanne Moreau, Françoise Sagan, Isabelle Adjani, Liv Ullmann et Isabelle Huppert en 2009, elle complète la liste prestigieuse des présidentes de jury »soulignent les organisateurs.
"Créée, écrite et réalisée par la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion (La Leçon de piano), Top of the Lake n'est pas qu'une minisérie. C'est aussi un grand film de femmes, un hymne à la beauté, une terrible enquête policière. Qui plus est sans happy end."
« Elle fait partie de ces cinéastes qui incarnent à la perfection l'idée qu'on peut faire du cinéma en artiste et séduire un public planétaire. Et nous savons que son exigence personnelle sera aussi celle de son jury »(Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes)
Portraits de femmes
La cinéaste s'est fait connaitre par ses très beaux portraits de femmes marginales ou à forte personnalité aux prises avec les carcans de la société. Il y a Ada dans "La leçon de piano", Kay dans "Sweetie", son premier long métrage présenté en compétition sur la Croisette en 1989, Jane dans "Un ange à ma table" en 1990, sans parler de "Portrait of a Lady" avec Nicole Kidman (1996), "Holy Smoke" avec Kate Winslet en 1999 etc.
Source m. culture ,
Le Monde.fr avec Reuters | 07.01.2014
09:03 Publié dans cinema, COUP DE COEUR | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : jane campion
03/01/2014
Nichée au coeur des Pyrénées
La minuscule station de Bourg d 'Oueil
Bourg D'Oueil, cet été , nos départs de randos....
Là - haut , derrière la petite église , un sentier....
Il va grimper.....
Jusqu'au lac de Bareille....
Au fond , on aperçoit le lac , superbe....
Bourg d'Oueil , hiver, photo " LADEPECHE" , hier
14:15 Publié dans randonnees | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : bourg d'oueil hiver été
02/01/2014
Le goût du souvenir
- " On les appelait galips ou gemelles.
- On les mariait aux pommes de pins
- Dans les feux du soir en brûle- parfums
- On en parle encore, avec regret.
- On en parle encore, mais à l'imparfait"
Je me souviens de l'odeur des fins copeaux et j'aimais le goût de la résine, la sève du pin....
"Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.
Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au coeur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d'or !"Théophile Gautier, España, 1845Les pins , balades en foret , c'était à La Brède , ou
Gamine , je passais mes vacances
Longues balades jusqu'au château...
Entouré de douves en eau, au milieu des pins et des vignobles bordelais....
l'écrivain et penseur Montesquieu naquit en ces lieux en 1689 et y rédigea la majeure partie de son oeuvre.
09:59 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : le goût du souvenir