04/11/2008
Interview dans La Tribune du 1er novembre 2008 de Ségolène Royal
Interview dans La Tribune du 1er novembre 2008
"La France est un des pays les plus attractifs au monde. Il n'y a aucune raison que cela cesse."
La Tribune : Après la crise financière, on sent poindre une crise économique, craignez-vous une crise sociale dans la foulée ?
Ségolène Royal : Mais elle est déjà là. Le nombre de travailleurs pauvres a augmenté, la précarité et le chômage aussi. Même les cadres se sentent tirés vers le bas : une majorité d'entre eux se déclare en situation de déclassement social. Dans beaucoup d'entreprises, la colère monte. Et elle prend d'autant plus d'ampleur que, tout d'un coup les salariés, réduits au pain sec, découvrent que pour sauver le système financier on peut mobiliser très rapidement des dizaines de milliards d'euros. Par ailleurs, les mêmes qui parlent aujourd'hui de mettre des règles dans le système financier, continuent à casser les règles du code du travail. Tout cela me semble très dangereux. Pour que la dynamique économique reparte il faut que les salariés soient sécurisés, bien formés et bien payés. Les entreprises seront alors plus performantes parce que la productivité horaire du travail sera meilleure. Voilà le cercle vertueux dont la France a besoin.
Si vous étiez aux manettes que feriez-vous face à la multiplication des plans sociaux ?
D'abord je fais entrer l'Etat au capital des banques pour sauver les entreprises. Dans le même temps, je répercute la baisse du brut en baissant les prix de l'énergie. J'augmente immédiatement le pouvoir d'achat en supprimant le paquet fiscal que je transforme en un 13ème mois pour 8 millions de salariés. Et enfin je stoppe les délocalisations boursières. Et tout cela tout de suite. Arcelor Mittal a par exemple décidé de fermer ses hauts fourneaux en Europe. C'est impensable alors que la demande mondiale d'acier continue à augmenter. Ce groupe fait des profits. L'Etat doit demander aux entreprises qui pratiquent de telles délocalisations de rembourser la totalité des aides et des exonérations de cotisations. Elles y réfléchiraient à deux fois.
Avez-vous songé aux conséquences que cela aurait sur les investissements étrangers ?
La France est un des pays les plus attractifs au monde. Il n'y a aucune raison que cela cesse. Quand on regarde de près les motivations des investissements étrangers, on constate que notre pays est apprécié parce que son système éducatif, son système de santé, son réseau de transports et de communication sont performants. Il faut aussi de méfier de ces chantages supposés. Regardez ce qui a été dit au sujet du bouclier fiscal : c'était soi-disant le meilleur moyen de rapatrier les fortunes en France. Aucune fortune n'est revenue. Parce qu'il faut tout déclarer pour en bénéficier ? Je rappelle que le coût de la fraude fiscale est de 40 milliards, c'est-à-dire la quasi-totalité du déficit public de l'Etat.
D'une façon générale comment jugez-vous la gestion de la crise par Nicolas Sarkozy ?
L'annonce précipitée d'un plan d'un plan tous les deux jours est la traduction de l'inertie qui a prévalu depuis son élection. Car il a été élu dans un contexte de crise économique qui appelait des mesures immédiates. Or qu'a-t-il fait depuis un an et demi sur le plan économique : le bouclier fiscal et les mesures les plus irresponsables demandées par un Medef ami du pouvoir, avec des riches qui paient moins et tous les autres qui sont précarisés. Il n'y a plus qu'en France que le législateur se plie aux caprices d'un certain patronat, allant jusqu'à bafouer des accords entre partenaires sociaux. Vous vous souvenez que l'Etat, après avoir encouragé le patronat et les syndicats à négocier, s'est ensuite assis sur la négociation pour en casser le résultat par la loi. Or il est prouvé que la qualité du dialogue social est un moteur d'efficacité, parce que c'est gagnant pour l'entreprise et gagnant pour les salariés. Mais pour cela il faut la confiance et par ces méthodes d'un autre âge la confiance a été brisée.
Les parachutes dorées, les stocks-options sont aujourd'hui sur la sellette...
Pas du tout. Nicolas Sarkozy souhaite que le Medef s'autodiscipline ! Ah bon ? Les gens vont décider eux-mêmes de baisser leurs salaires ? Vous y croyez ? Et si au moins, la politique économique menée depuis un an et demi avait été efficace ! Regardez ce qu'en pensent les patrons de PME : 90% d'entre eux estiment que rien de rien n'a été fait pour eux. J'aurais fait le small business act tout de suite. J'aurais tout fait, comme nous l'ont encore demandé de jeunes patrons d'entreprises de pointe à Toulouse, pour qu'ils puissent augmenter leurs fonds propres et que les banques prennent des risques sur l'innovation. C'est pour cela qu'il faut des fonds d'innovation et la banque publique d'aide aux PME. Pourquoi une banque publique ? Parce qu'elle sera dispensée de spéculer et se concentrera sur l'aide aux entreprises qui innovent.
Nicolas Sarkozy a-t-il suffisamment œuvré pour débloquer le marché interbancaire ?
Le marché interbancaire pouvait être débloqué en 24 heures ! Quand l'Etat met dix milliards dans les banques, il est en droit d'attendre que les banquiers lui obéissent. Non seulement les banquiers qui ont failli sont toujours en place (malgré les promesses de sanctions), mais le crédit interbancaire n'est toujours pas débloqué.
Qu'est-ce qui manque ? La pression sur les banques ?
Ce qui manque, c'est l'autorité de l'Etat. Ce qui manque, c'est que l'Etat entre au capital des banques ! Ce qui manque, c'est de la cohérence, c'est le respect des contribuables qui sont en droit d'attendre que l'on agisse en leur nom. En revanche, ce qui ne manque pas, c'est une connivence de classe comme il n'y en a nulle part ailleurs en Europe entre le pouvoir actuel, certains banquiers et certains grands patrons, notamment ceux qui sont propriétaires des médias. Comme je l'ai déjà proposé, aucun groupe financier ou industriel vivant de la commande publique ne devrait posséder plus de 25% d'un média. Car si les médias, au nom de l'opinion publique, étaient beaucoup plus sévères pour contrôler les mauvaises décisions et exiger les bonnes, au nom du bon sens, nul doute que les choses iraient mieux.
Nicolas Sarkozy a quand même mis d'accord tous les pays de la zone euro sur le plan coordonné...
C'est Gordon Brown qui a été le déclencheur de cet accord, mais reconnaissons que tout le monde y a mis du sien... Et même s'il vaut mieux tard que jamais, tout le monde sait que cela aurait pu être fait plus tôt. Il aurait fallu bouger dès l'année dernière, au moment de la crise des subprimes. Les banquiers savaient parfaitement qu'il y avait des financements croisés entre les banques françaises et américaines, que des banques françaises avaient acheté des créances douteuses. Comment Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde peuvent-ils oser affirmer qu'ils découvrent la crise financière ? Soit ils mentent, soit ils sont incompétents.
L'Union européenne a décidé de lancer un plan d'action pour soutenir l'économie. La soutenez-vous ?
Oui bien sûr et je souhaite que ce plan s'accélère et que cela réussisse. Il y a des leviers considérables de croissance économique : habitat durable, éducation, santé, grandes filières industrielles, automobile, aéronautique, sidérurgie, tout cela en relevant le défi de la lutte contre le réchauffement planétaire.
La crise va-t-elle au moins permettre de conforter la construction européenne ?
La crise peut être une chance si elle permet de changer le système, les règles du jeu, les rapports de force et non pas consolider un système perverti qui vient d'aller dans le mur. Si rien n'est fait, on sait qu'il y aura d'autres crises, en raison notamment des pratiques prédatrices de fonds d'investissement non réglementés, qui, comme avec la CAMIF, cherchent à faire du profit sur le dos des PME. Le risque c'est que tout recommence, puisque rien ne change. Les traders sont toujours payés en fonction de l'argent qu'ils retirent des spéculations boursières, sans aucune pénalité quand ils font perdre de l'argent.
Certains économistes disent que les fonds alloués aujourd'hui aux banques vont créer une nouvelle bulle spéculative...
C'est possible parce que ces 10 milliards, ils vont où ? Ils sont utilisés comment ? On ne sait pas. On est quand même dans un système fou. Si cela se trouve, les banques continuent à spéculer avec ces fonds, puisque l'Etat n'est pas au conseil d'administration et n'exige pas que ces 10 milliards soient uniquement utilisés pour octroyer des crédits interbancaires ou pour financer l'innovation des PME. C'est très grave : l'Etat a trouvé de l'argent pour les coupables de la crise et ses victimes, les entreprises et les ménages, les contribuables, n'ont aucun moyen de savoir comment leur argent va être utilisé. Pourquoi n'y aurait-il pas dans les conseils d'administration des épargnants, des citoyens, des associations de consommateurs, le centre des jeunes dirigeants, la CGPME... Voilà la vraie réforme de la gouvernance des banques.
La gauche européenne est restée bien muette dans cette crise.
C'est dommage. Le Parti socialiste européen devrait se faire entendre. Peut-être est-ce à cause d'une structure trop lourde, mais il n'est pas trop tard pour organiser un forum global sur le nouveau système de société et de production qu'on doit mettre en place. En plus la crise est une opportunité pour les idées de gauche. Il y a une réhabilitation du rôle de la puissance publique. Il ne s'agit pas non plus de tomber dans une économie étatisée mais de prouver que les droits et les devoirs, cela doit être pour tous, à chaque échelon de la société.
Et comment expliquer que le Parti socialiste français ne prenne pas aujourd'hui plus de poids, dans un contexte qui lui est favorable ?
Parce que le PS doit se reconstruire. Je ne vais pas en rajouter sur la nécessité pour le PS de changer, de se rénover en profondeur et de porter un projet alternatif à la hauteur des défis du temps présent.
Propos recueillis par Hélène Fontanaud, Ivan Best et Pierre Kupferman
13:38 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : politique
17/09/2008
Des taxes et des medailles
Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, a envisagé dimanche, dans une interview au Parisien, de décerner des médailles pour récompenser le mérite scolaire. Gadget « pathétique » pour les uns, « réactionnaire » pour d’autres, la mesure est décriée par les syndicats. Y compris l’organisation lycéenne UNL qui dénonce « une mesure bling bling ».
Pour Olivier Ihl, spécialiste d’histoire politique et directeur de l’IEP de Grenoble, il ne fait aucun doute que le retour des médailles à l’école est « passéiste ». Cette technique apparue dans la foulée de l’égalitarisme des Lumières a connu ses heures de gloire au XIXe siècle… avant de péricliter depuis les années 1950. L’universitaire, qui a étudié les récompenses républicaines en France, relève que cette émulation par le biais de la compétition entre égos est aujourd’hui très datée .
« Une récompense, c’est d’abord une autre forme de discipline. C’est une technique d’émulation issue du management qui est très valorisée dans notre Europe néolibérale. C’est ce qu’on veut faire en milieu scolaire mais c’est déjà ce qu’on fait dans les politiques sociales, dans la fonction publique, et dans l’entreprise. »
Dimanche (le jour-même de l’annonce de Darcos), dans le Journal du dimanche, Jamel Debbouze rappelait avec amertume que sa mère avait été décorée de la médaille de « la meilleure fourmi » quand elle « frottait le sol chez Bouygues ». En promo pour le prochain film d’Agnes Jaoui, le comédien précisait qu’il « le vivait mal ».
14:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique
11/09/2008
Le 16 octobre, pour la Sainte-Edwige
la mobilisation contre le fichier policier Edvige s'accentue, notamment avec l'appel à une journée nationale d'action le 16 octobre, jour de la sainte-Edwige, par un collectif de douze syndicats et associations de défense des Droits. C'est ce qu'a annoncé le collectif "Non à Edvige !", à l'occasion d'une conférence de presse, mardi 9 septembre.
Edvige, qui permet aux policiers de collecter des informations sur toute personne "susceptible de porter atteinte à l'ordre public", dès l'âge de 13 ans, ainsi que sur les responsables politiques et syndicaux, a suscité un tollé et une dizaine de recours en annulation ont été déposés auprès du Conseil d'Etat.
Parallèlement, Cristina, un fichier destiné aux services de lutte antiterroriste et classé secret-défense, fait lui aussi l'objet d'un recours en annulation
sur internet 130.000 signatures demandant la suppression d'Edvige
15:24 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
09/09/2008
L’IVG en danger
Les nouveaux décrets autorisant l’inscription à l’état civil et dans le livret de famille des foetus nés sans vie menace le droit à l’avortement. Les lobbies anti-IVG pourraient s’en servir pour marquer des points.
Pour Laurence Rossignol, secrétaire nationale chargée du droit des femmes et de la parité, la plus grande vigilance s’impose
.
Progressivement, discrètement, souvent dans l’indifférence ou parfois même en épousant l’opinion, la droite est en train de réformer nos fondamentaux éthiques et juridiques. La méthode est toujours identique, il s’agit de partir de la souffrance des individus ou des victimes, d’interpeler l’opinion en suscitant l’émotion puis d’assigner à la loi de réparer la souffrance. C’est ainsi que deux décrets autorisent désormais l’inscription à l’état civil et dans le livret de famille d’un foetus né sans vie.
Vers un statut de personne
Les nouveaux décrets ont fait disparaître tout seuil de gestation. Nous sommes donc bien en train de glisser vers la reconnaissance d’une filiation, d’une personnalité juridique et d’un statut de personne de l’embryon. Sans faire le procès au gouvernement d’avoir décidé et agi intentionnellement, il convient demesurer la victoire juridique et symbolique emportée par les lobbies anti- IVG. Comment en effet concevoir que dans le délai légal de l’IVG (14 semaines), un embryon soit une personne et puisse être l’objet d’une interruption de son développement ? Sous une forme légèrement différente revient l’amendement Garaud. Pour les anti-IVG, il ne s’agit plus d’affronter directement la loi Veil, mais de marquer des points dans les débats bioéthiques. Conférer un statut de personne à l’embryon sans avoir l’air de remettre en cause l’IVG est pour eux la voie la plus sûre pour nous conduire à constater un jour que l’IVG est une anomalie dans une cohérence juridique interdisant la réification des embryons surnuméraires
ou reconnaissant le statut de personne à l’embryon pour prendre acte de la souffrance des parents ayant vécu une fausse couche. Sans débat public,une réponse vient d’être donnée sur un sujet aux nombreuses ramifications. L’inconséquence des décrets élaborés par le gouvernement est particulièrement inquiétante. À quelques mois de la consultation nationale sur la révision des lois bioéthiques, la précipitation ne s’imposait pas. Ces décrets anticipent mal la qualité de la réflexion collective et démocratique et justifient la plus grande vigilance.
14:09 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique
08/09/2008
Tollé général contre Edvige
Magistrats, hommes politiques, syndicalistes et associations s’insurgent contre le fichier Edvige mis en place le 1er juillet par décret.
pour François Hollande, ce sujet s'ajoute "aux manquements à la laïcité, à la confessionalisation des esprits, à la politique du chiffre en matière d'immigration, aux tests ADN et à l'état indigne de nos prisons surpeuplées".
Nom et prénoms : Edvige, autrement dit Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale. Nationalité : française. Date de naissance : 27 juin 2008, par décret publié le 1er juillet au Journal officiel. Profession : fichier de police destiné à collecter des informations sur toute "personne physique ou morale ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif", mais aussi sur toute personne à partir de 13 ans ou sur tout groupe ou organisation "susceptibles de porter atteinte à l'ordre public". Signe particulier : tendances obsessionnelles à la sécurité.
11:08 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique
02/09/2008
Edvige
La pétition, «Non à Edvige!», circulant sur Internet, a déjà recueilli quelque 90.000 signatures. Et un recours a été déposé vendredi devant le Conseil d'Etat pour obtenir le retrait pur et simple de ce nouveau fichier considéré comme «liberticide» par Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature (gauche). Elle alerte sur les dangers de ce texte et les dérives possibles.
23:09 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique
25/08/2008
Monsieur le Président, avec votre "pop économie", vous disloquez la France
Que nous disiez-vous en juillet 2007 ? Que grâce au « paquet fiscal », véritable acte fondateur de votre quinquennat, la France serait en meilleure forme, le pouvoir d’achat serait en hausse. Vous aviez, qui plus est, de votre côté la démographie qui mécaniquement allait faire baisser le chômage.
Un an après, votre bilan se lit sur les lieux de vacances des Français. Les restaurateurs disent comment les carafes d’eau ont remplacé les eaux minérales, comment seul l’enfant a droit au dessert… Ce n’est pas la misère, mais c’est une vraie tristesse, celle d’une population à qui vous avez tellement promis et qui va plus mal.
Au-delà des chiffres qui vous sont remis dans les notes du ministère du Budget, il y a des amertumes, des pertes d’espoir. Ce n’est pas avec une telle ambiance qu’un pays, même riche comme le nôtre, peut tracer des perspectives de progrès. « Il disloque la France, entre le club du Fouquet’s et les autres », me disait cet homme de plus de 85 ans, désolé pour son pays.
Demandez à vos amis grands patrons de vivre une semaine avec 200 euros
J’imagine que vos amis, vos relations, sont satisfaits de vos décisions et se plaignent seulement de la mauvaise conjoncture économique. Ils appartiennent à de grands groupes et fréquentent peu les patrons de PME. Demandez leur de participer à l’effort collectif en donnant, allez, juste le chèque fiscal qu’ils doivent avoir chaque année -qui représente une somme d’ailleurs difficile à placer en ce moment, et dont ils ont oublié le montant.
Et pour que tout se passe bien, proposez leur un jeu de rentrée : tenir la semaine avec 200 euros, déplacements compris. C’est simple à faire, l’expérience remettra les pendules à l’heure, et nous pourrons enfin travailler efficacement dès la rentrée parlementaire.
Votre entourage vous dira que la conjoncture mondiale est lourde et que la compétition est ardue. Certes. Mais dans cette compétition nous ne sommes pas sans « avantage comparatif », comme dirait la théorie de Ricardo, chère à votre famille de pensée. Encore faut-il préparer l’avenir grâce à une politique industrielle adaptée.
Dites-leur aussi que cette seule théorie ne peut justifier de baisser les salaires, les avantages sociaux, les services. Il y aura toujours des pays à coûts plus bas -comme l’illustrent les délocalisations actuelles de la Chine vers le Vietnam.
Un dumping social et fiscal tire l’avantage vers le capital au détriment du travail
Le refrain est connu de ce que Krugman appelait dès 1997 la « pop économie » : baisser les salaires et les cotisations sociales avec le prétexte de résister aux pays émergents. Mais comme l’explique Pierre Dockès (« L’enfer ce n’est pas les autres », éd. Descartes et Cie), ces mesures constituent une forme de mensonge pratiqué à l’échelle européenne (qui concentre 70% de nos échanges), un dumping social et fiscal pour tirer simplement l’avantage vers le profit du capital au détriment des salaires.
C’est une stratégie de court terme, d’appauvrissement global et d’injustice, qui en outre ne parvient pas à faire barrage aux pays émergents.
Pourquoi ne pas, en tant que Président temporaire du conseil européen, remettre en question cette « pop économie », néfaste à la grande majorité ? Monsieur le Président, vous ne pouvez pas continuer à créer ces insécurités sociales qui brisent la confiance et tuent les enthousiasmes.
Vous avez pris les décisions conformes à votre idéologie. Vous avez été élu pour cela, c’est la démocratie. Mais face aux résultats de ces choix, face à la défiance qui s’installe en France, pourquoi ne revenez-vous pas sur les cadeaux fiscaux qui ont englouti toute marge de manœuvre ?
Il vous faut revenir sur vos cadeaux fiscaux contraires à l’intérêt général
Vos ministres sont au travail ce début de semaine, mais ils n’ont pas cette clé, que vous détenez, pour retrouver des capacités d’action.
Il vous suffit de revenir sur vos cadeaux fiscaux contraires à l’intérêt général, et vous pourriez décider en cette rentrée d’être et juste et efficace. Vous pourriez investir vraiment dans la recherche et la formation, tout en donnant un coup de pouce à ceux qui peinent le plus.
Nous avons, Français et Européens, raté le virage des TIC [technologies de l’information et de la communication, ndlr], nous allons perdre ceux des biotechnologies et des industries de santé. En vous cachant derrière la conjoncture et la mondialisation, vous allez plomber les amorces de ce développement possible.
Nos politiques macroéconomiques sont tellement restrictives que nous dépendons de la bonne forme des États-Unis. Qui plus est, lorsqu’ils sortiront de crise, nous mettrons des mois à en sortir aussi, gâchant encore des chances de développement.
La grande majorité des Français se voit privée d’« un peu de bon temps »
C’est paradoxalement maintenant qu’il faut investir dans des secteurs d’avenir.
C’est maintenant qu’il faut passer des contrats exigeants avec des entreprises pour qu’elles acquièrent les nécessaires et raisonnables avances et qu’elles confirment nos « avantages comparatifs » .
C’est maintenant aussi qu’il faut donner du pouvoir d’achat parce que c’est juste et parce que les petites entreprises en ont besoin, vite !
Que la mondialisation ne soit pas aujourd’hui régulée ne peut pas être un prétexte à se contenter de favoriser le profit au détriment des salaires et d’attendre ! La grande majorité des Français se voit privée de ce qui fait l’équilibre des vies difficiles, « un peu de bon temps ».
Monsieur le Président, les choix de la rentrée parlementaire sont simples : continuer la spirale de la régression sociale et de la pression à la baisse sur les salaires, ou bien choisir la voie d’un partage équilibré entre profit, investissements et salaires, mettre en œuvre une politique industrielle efficace et motiver les salariés. Vous en aviez les moyens, il n’est pas trop tard pour les retrouver.
11:36 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
ça se passe pendant l'été
Il y aurait en France entre 200.000 et 400.000 étrangers en situation irrégulière, dont la majorité a un travail.
et aussi
Haro sur les CMUistes!
En conséquence du caractère discriminatoire de cette mesure de la CNAM dirigée contre les seuls CMUistes, la Comegas a donc saisi de nouveau la HALDE
Les tarifs du gaz et de l’électricité augmentent aujourd’hui
Certains voient dans cette hausse des tarifs les conséquences de la fusion GDF-Suez |
11:27 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
08/08/2008
La Géorgie lance un appel à la communauté internationale
la Géorgie a lancé un appel à la communauté internationale, lui demandant de stopper "une agression militaire directe" de la Russie sur son territoire, a déclaré à la BBC la ministre géorgienne des Affaires étrangères.
Si la Russie reste impunie, "le monde entier aura des problèmes", a affirmé le président géorgien Mikheïl Saakachvili dans une interview à CNN. "La Russie mène une guerre contre nous sur notre propre territoire et nous sommes dans une situation d'autodéfense contre un voisin grand et puissant", a ajouté le président. Il a comparé l'entrée de chars russes en Géorgie à celle des troupes soviétiques en Afghanistan en 1979 et à celle des forces du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie en 1968.
L'Union européenne, les Etats-Unis et l'Onu ont appelé à un arrêt immédiat des violences en Ossétie du Sud alors que la communauté internationale craint que le conflit ne dégénère en véritable guerre entre la Russie et la Géorgie.
17:03 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique
01/08/2008
il est encore temps de relire Jaurès
paul quilès ancien ministre, maire de Cordes-sur-Ciel (Tarn), député de la circonscription de Jean Jaurès (1993-2007).
Social. Le parti socialiste commémore aujourd'hui à Carmaux et à Castres le 94ème anniversaire de la mort de l'homme politique.
Ce 31 juillet 1914, un cri s’élève dans les rues de Carmaux : «Ils ont tué Jaurès !»… Terrible tragédie, qui se poursuit le lendemain par la déclaration de guerre. C’est à Carmaux que le grand tribun que fut Jean Jaurès a mené ses premiers combats aux côtés des mineurs et des verriers et qu’il a façonné les chemins de sa pensée politique.
Modernité et actualité… que d’affirmer la nécessité d’aller plus loin dans l’approfondissement de la République, que de répéter que les droits sociaux sont indissociables des droits politiques, que de combattre pour l’abolition de la peine de mort, que de plaider pour l’arbitrage international des conflits et de rejeter les solutions militaires pour les résoudre. Il faut relire Jaurès, quand on est de gauche. Méditer son histoire, sa pensée et surtout sa pratique. Celle d’un Jaurès à la fois intellectuel et philosophe brillant, homme politique influent, journaliste courageux, militant socialiste ardent et sans tache, parlementaire actif, présent sur tous les terrains, sachant faire la synthèse entre l’action locale, les discours à la tribune de la Chambre des députés, les débats dans les congrès de son parti et l’action au sein de l’Internationale socialiste.
Orateur exceptionnel, qui maniait le verbe avec un rare bonheur devant tous les publics, Jaurès ne cédait jamais à la démagogie, même sur la forme, puisqu’il considérait qu’il ne fallait pas mépriser le peuple en réservant la belle langue aux élites.
Mais la grandeur de Jaurès, c’était probablement d’agir, car qu’est-ce que la parole sans l’acte ? Et Jaurès n’a cessé d’agir : pour la paix, contre la guerre ; pour l’unité des socialistes ; pour la défense des plus humbles ; pour la justice (son combat pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus). Comme il agissait, il était critiqué, détesté. Nul ne fut plus que Jaurès l’objet d’un tel dénigrement, d’une telle haine.
Avec le temps, on a parfois tendance à donner de lui une image consensuelle, presque «bonhomme», alors qu’il était un homme au tempérament fort, un lutteur déterminé à défendre à tout prix ses convictions. Il en fut d’ailleurs la victime, le 31 juillet 1914. Ce jour-là, son assassin pensait tuer tout ce qu’il représentait. Près d’un siècle plus tard, sa mémoire demeure bien vivante, son message de paix reste toujours actuel.un extrait QUOTIDIEN : jeudi 31 juillet 2008
10:56 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique