19/04/2017
A la terrasse de nos cafés
Tant de cris de tant de foule dans tant de villes,
Et tous ces regards saisis, ces visages figés qui sont
Les nôtres.
L'obscurité grandit.
c'est nous,de par le monde,
Les hommes visés.
Nous tous,
Possiblement,
En quelques secondes, de vie à trépas,
De passant à victime.
C'est nous, un jour, peut-être, la vie d'attentat et
l'incrédulité.
Nous avons vu Paris pleurer.
Tunis saisi d'effroi,
Orlando gémir
Et Nice être renversée.
Nous avons vu Beyrouth et Bruxelles.
Le monde,
Aux quatre coins déchirés.
Dans des pays lointains il est des douleurs sœurs ,
Des visages sombres,
Des regards vides que nous reconnaissons.
C'est nous,
Attentats du monde entier.
Nous, les baptisés des terrasses de cafés,
instruits par aucun livre sacré que Montaigne et La Boétie.
C'est nous qu'ils visent.
Notre liberté les insulte.
Ils ne vaincront pas....."
Extraits p. 101 " Le Serment De Paris " quelques lignes, poésie, Laurent Gaudé
terrasses de cafés
Photos trouvées sur le net
Peinture Kerdalo
22:04 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : poésie, laurent gaudé
31/03/2017
De sang et de lumière
je veux une poésie du monde,qui voyage, prenne des trains, des avions, plonge dans des villes chaudes, des labyrinthes de ruelles.
Je veux une poésie qui connaisse le ventre de Palerme, Port-au-Prince et Beyrouth....
Je veux une poésie qui s'écrive à hauteur d'hommes.
Une poésie qui marche derrière la longue colonne des vaincus et qui porte en elle part égale de honte et de fraternité....
Je veux une poésie qui se penche sur les hommes et ait le temps de les dire avant qu'ils ne disparaissent...
Quelques lignes de la première page, des pages de très beaux poèmes
" Regardez-les,
Ils ne nous prennent rien.
Lorsqu’ils ouvrent les mains,
Ce n’est pas pour supplier,
C’est pour nous offrir
Le rêve d’Europe
Que nous avons oublié...."
Les mots sont
Vieux
Comme la souffrance des peuples.
page 11
17:01 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : poésie, laurent gaudé
21/03/2016
La plaine....les vallons, plus loin....
La plaine, les vallons plus loin,
Les bois, les fleurs des champs,
Les chemins, les villages,
Les blés, les betteraves,
Le chant du merle et du coucou,
L'air chaud, les herbes, les tracteurs,
Les ramiers sur un bois,
Les perdrix, la luzerne,
L'allée des arbres sur la route,
La charrette immobile,
L'horizon, tout cela
Comme au creux de la main.
Guillevic (extrait de "Avec" - éditions Gallimard, 1966)
Photos, été 2015, les Pyrénées....
La plaine, les vallons plus loin.....
13:47 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : randos, poésie
04/09/2015
L'enfant
A quoi jouait-il cet enfant ?
Personne n'en sut jamais rien
On le laissait seul dans un coin
Avec un peu de sable blanc
On remarquait bien, certains jours,
Qu'il arquait les bras tels des ailes
Et qu'il regardait loin, très loin,
Comme du sommet d'une tour.
Mais où s'en allait-il ainsi
Alors qu'on le croyait assis ?
Lui-même le sut-il jamais ?
Dès qu'il refermait les paupières,
Il regagnait le grand palais
D'où il voyait toute la mer.
Poème , Maurice Carême
Photos Bernard Plossu
14:51 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poesie
13/09/2013
"Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes, Les uns parlant parfois à l'oreille des autres.
Jules Supervielle "l'homme de la pampa, hors du temps et de l'espace"
Il naît en Uruguay , il écrit des poèmes, des romans et des contes...( 1884-1960)
Encore frissonnant
Sous la peau des ténèbres,
Tous les matins je dois
Recomposer un homme
Avec tout ce mélange
De mes jours précédents
Et le peu qu'il me reste
De mes jours à venir.
Me voici tout entier,
Je vais vers la fenêtre.
Lumière de ce jour,
Je viens du fond des temps,
Respecte avec douceur
Mes minutes obscures,
Epargne encore un peu
Ce que j'ai de nocturne,
D'étoilé en dedans
Et de prêt à mourir
Sous le soleil montant
Qui ne sait que grandir.
Extrait de La Fable du monde
"Poète mélodieux, poète de la mélodie, de cette petite musique si proche des sonnailles du vent, il flotte sur les mots. Il est lui-même une image qui passe et ne s'attarde point. Il porte en lui le regret de la terre et il aura passé sa vie à vouloir attraper la fumée.
À force de mourir et de n'en dire rien
Vous aviez fait jaillir un jour, sans y songer,
Un grand pommier en fleurs, au milieu de l'hiver.
Supervielle nous aura donné bien des pommiers en fleurs.
(Gil Pressnitzer) un extrait
Quand nul ne la regarde
La mer n’est plus la mer.
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit...(La mer secrète)
"Je vous rêve de loin, et, de près, c’est pareil,
Mais toujours vous restez précise, sans réplique,
Sous mes tranquilles yeux vous devenez musique,
Comme par le regard, je vous vois par l’oreille...."
14:58 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jules supervielle, poésie
21/03/2013
Il voulu peindre une rivière....
Il voulut peindre une rivière ;
Elle coula hors du tableau.
Il peignit une pie grièche ;
Elle s’envola aussitôt.
Il dessina une dorade ;
D’un bond, elle brisa le cadre.
Il peignit ensuite une étoile ;
Elle mit le feu à la toile.
Alors, il peignit une porte
Au milieu même du tableau.
Elle s’ouvrit sur d’autres portes,
Et il entra dans le château. Maurice Carême
19:58 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poesie, maurice carëme
10/05/2012
Un poète...
La Parole en archipel, 1962. René Char
L’ETERNEL PRINTEMPS DE GLORIA URIBE
Mon rêve en poésie
Serait de donner a entendre
Le violoncelle de William Turner
L’orgue de barbarie du Douanier Rousseau
Le saxophone soprano de Vincent Van Gogh
Et harpe éolienne de Gloria Uribe
Aventures de la couleur
Expéditions secrètes
Lagunes diaphanes
Et vertigineux à-pics
Son blanc sonne comme un silence
Son jaune vole tel un phénix
Son rouge est un « Amérindien dans sa réserve »*
Son bleu précolombien apprivoise l’azur de mes rêves
Son poème pictural
Me donne à voir le pays de l’éternel printemps
Sans me brûler aux broussailles du songe démiurge
Mon ode pour les toiles de Gloria Uribe
Sera brève
C'est des mains qu'elle crée
Et des yeux que je rêve !
*Léo Ferré
E.Fabre-Maigné, 2-IV-1996
Gloria Uribe est une artiste peintre colombienne née à Bogota , et qui vit à Paris
"Il faut vouloir rêver pour entrer dans ce monde de Gloria Uribe qui est une marelle de l’imaginaire. Un nouveau monde, encore intact., aux couleurs éclatantes et vives.
Dans ces jardins d’Éden tout est attente et espérance. Liberté et tendresse hors du temps. Tout est douceur et beauté.
Accepter de passer de l’autre côté du miroir de ses tableaux et alors on voit un monde d’onirisme poétique s’étaler frémissant, comme au premier jour de la rosée du monde.
C’est bien sûr un monde d’enfance, un monde d’innocence et d’attente. Des poèmes d’enfant griffonnés sur la margelle des jours.
Ses tableaux sont là immobiles sous le vent, nous passons, et notre imaginaire est soudain plus fort et léger en nous. Une vague de beauté vient de passer.
Un espace s’est ouvert et nous attendons la venue du silence.
Nous sommes au point du jour.
...Je bois cette heure comme l’eau, je me réfugie dans le séjour lorsque l'aube se mélange avec la rosée...
et je suis libre, je me sens enfin, définitivement
comme le temps dans le temps, et la lumière dans la lumière
et toutes les choses qui sont au centre, le cœur de
la réalité qui coule comme des larmes.
(Linguagem, 1951. Ledo Ivo)
Gil Pressnitzer extraits Esprits Nomades
14:56 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poésie, esprits nomades
14/11/2011
Cadou chanté par Maurice Benin
Merci à Pénélope
Cadou, une vie simple de maître d'école, en sabots et
pèlerine
Il dira de ses poèmes ",je cherche surtout à mettre de la vie dans mes pèmes, à leur donner une odeur de pain blanc, un parfun de lilas, la fraicheur d'une tige de sauge"
"Pieds nus dans la campagne bleue, comme un bon Père
Qui tient sa mule par le cou et qui dit des prières
Je vais. Je ne sais rien de ma vie mais je vais
Au bout de tout sans me soucier du temps qu'il fait
Les gens d'aujourd'hui sont comme des orchidées
Drôle de tête et les deux mains cadenassées
Je marche dans le jour épais d'avant midi
Pauvre fils de garce qui n'en a pas fini
De mener ses chevaux sur la route sans ombre
Qui a grand hâte et soif et ne salue personne
Mais j'aime ce village emmuré de forêts
Et ses très vieilles gens comme des pots de grès
Qui balancent leurs têtes aux carrefours des routes
Avec des mouvements qui font croire qu'ils doutent
J'ai choisi mon pays à des lieues de la ville
Pour ses nids sous le toit et les volubilis
{x3:}
Je vais loin dans le ciel et dans la nuit des temps
Je marche les pieds nus comme un petit enfant "
13:12 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poesie, cadou, maurice benin
13/11/2011
Un poème
l'enfant précoce
René Guy Cadou
Une lampe naquit sous la mer
un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule le plus beau poème
Elle n'avait pas appris l'orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des cœurs
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait
"Et maintenant cherche ta vie"
Un peu de Cadou
"René Guy Cadou était breton, né le 15 février 1920 à Sainte-Reine de Bretagne, dans la Loire-Atlantique. Le vent, les bruyères et la mer si proche sont ses amis d’enfance. En 1936, Cadou fait la rencontre de Michel Manoll, qui sera son révélateur en poésie et humanité. Il lui fera connaître Max Jacob et Pierre Reverdy. Cadou est vite pris dans la fièvre de l’écriture qui plus ne tarira jusqu'au bout. : (Brancardiers de l'Aube, en 1937). Il est entré en poésie à sa manière par l’intensité et la ferveur, l’ardeur et la fraternité avec le monde. Des chocs profonds viendront assombrir sa poésie lumineuse : la mort du père, la guerre, la débâcle. Réformé le 23 octobre, il regagne la région nantaise où le sort des « hussards en blouse » des instituteurs le conduit aux quatre coins du département."
Lu dans "Esprits Nomade "
Toute poésie qui coule de source, se jette dans la mer, tend à rejoindre l’universel. (Cadou).
06:15 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cadou, poesie, l'enfance précoce
30/09/2011
Poesie
Il voulait serrer une plante sur son cœur sans la déraciner
Une toute petite plante lui suffirait en ce soir sinistre où il cuve dans son fût tous les malheurs du monde
Il voudrait serrer une plante sur son cœur sans la déraciner
Une toute petite plante lui suffirait mais comment faire ?
Il ne pourrait l'élever sans l'arracher à son sol vital
Il ne pourrait se rouler sur elle sans l'écraser grossièrement
Et c'est une plante qu'il lui faudrait dans toute son innocence avec sa tige souple ses feuilles amènes et peut-être même une fleur
Mais naturellement il souhaite vivement qu'elle ne soit pas carnivore
Souhait gratuit s'il en fut car il ne trouve aucune plante à serrer sur son cœur
en ce soir sinistre où il cuve dans son fût tous les malheurs du monde
Extrait de "Courir les rues, battre la campagne, fendre les flots", Gallimard.
Raymond queneau
00:24 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : poesie, raymond queneau