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21/11/2007

LA CARTE JUDICIARE

40c7b1c71df55342f57cda69a7b55c20.jpgRéunis à Paris à l’occasion du congrès des maires de France, les élus socialistes en profitent aujourd’hui pour se rendre place Vendôme protester contre la réforme de la carte judiciaire.

Le 29 novembre, ce sont les magistrats, bâtonniers, avocats et personnels de justice qui feront grève et manifesteront contre la réforme de Rachida Dati. Les devançant d’une semaine, des élus socialistes, François Hollande en tête, iront protester devant le ministère de la Justice cet après-midi. Une manifestation inhabituelle, afin de dénoncer une atteinte à la « justice de proximité » pour de simples raisons « comptables ».
La manifestation est organisée aujourd’hui, car près de 14.000 élus sont déjà réunis à Paris pour le congrès de l’Association des maires de France. Les socialistes ont invité les autres élus à les rejoindre, ils pourraient être entendus.

b5c9857e13bb545a5ffdfc65ffe9aa31.jpgLa réforme de la garde des Sceaux prévoit la suppression de 63 des 271 conseils de prud’hommes, de 23 des 181 tribunaux de grande instance, de 176 des 473 tribunaux d’instance et de 55 des 160 tribunaux de commerce. Dans les villes concernées par ces suppressions, les élus locaux ne décolèrent pas contre la ministre. Et les maires UMP craignent particulièrement les effets collatéraux que la réforme pourrait avoir aux élections municipales de mars prochain.

Dans les allées du congrès de l’AMF, ils étaient nombreux à dénoncer hier le manque de concertation de la ministre et à réclamer le maintien des services publics en milieu rural. Le président de la Fédération des maires de villes moyennes, Bruno Bourg-Broc, maire UMP de Châlons-en-Champagne, réclamait même « une intervention rapide du Premier ministre ».

Pour calmer les esprits, le ministère a annoncé qu’il pourrait revenir sur les suppressions de conseils de prud’hommes et que les concertations se poursuivraient pendant trois mois. Mais le couperet tomberait alors pour les élus quelques semaines à peine avant les municipales.

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20/11/2007

20.11.2007 Aujourd'hui

8d3ef5a02b2716ee8dd1944d25c76a2f.jpgQuand la manifestation des fonctionnaires - qui dénoncent la suppression des effectifs et réclament la revalorisation du pouvoir d'achat - rencontre celle des cheminots, en grève depuis sept jours contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, ainsi qu'une partie des étudiants, hostiles à celle de l'autonomie des universités, c'est un mardi noir pour la France... et le point d'orgue d'une fronde sociale anti-Sarkozy.

Suivie par les deux principaux syndicats de médecins des hôpitaux, déterminés à défendre le service public hospitalier, la grève rencontre également la participation de certains aiguilleurs du ciel, d'EDF-GDF, de France Télécom, de la Banque postale ou encore de Météo-France.

Et demain ? Les organisations syndicales ont prévu de se retrouver au soir du 20 novembre, afin de faire le point sur la portée du mouvement... et, éventuellement, d'"envisager les suites" de la contestation.

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11/11/2007

La peur, raison d’être du ministère de Brice Hortefeux

49b168091d756c346d904c7d9d3d583a.jpgLe bilan du ministère de l’Immigration, de l’Identité nationale, de l’Intégration et du Codéveloppement, que Brice Hortefeux présente ce matin, est d’abord et avant tout celui d’une «culture de la peur» qui affecte très certainement toutes les démocraties occidentales, mais qu’il aura exemplifié et amplifié, à plus d’un titre, depuis sa formation.

 

Amalgame. D’abord, l’annonce et la promesse fracassante de sa création ne sont pas séparables d’une stratégie électorale qui aura consisté depuis le début à focaliser sinon détourner l’attention d’une partie de l’électorat sur ce que le sociologue Zygmunt Baumann appelle des «cibles de substitution», dans un étrange amalgame qui mêle, depuis toujours, immigration et délinquance. Elle aura consisté à institutionnaliser l’idée que les immigrés constituent une «menace» pour une «identité nationale», qu’elle aura voulue homogène et repliée sur elle-même, dans le déni de son hétérogénéité constitutive. Elle aura parié ainsi sur les effets électoraux de «la peur des étrangers».

3b7c60f273b4ea89f01038c65484f674.jpgMais il faut aller plus loin : s’il est vrai que cette peur désigne la raison d’être de ce ministère, le génitif doit y être entendu au double sens d’un génitif subjectif et objectif. La peur, ce n’est pas seulement celle que l’on prête aux citoyens ayant droit de cité et à leur supposé besoin de sécurité et d’identité, dans une dangereuse confusion. C’est aussi et prioritairement celle des étrangers eux-mêmes – ceux qui voient s’aggraver, année après année, les règles d’une hospitalité devenue de plus en plus conditionnelle.

Ce qu’il faut comprendre alors, c’est le caractère anxiogène de ces conditions, telles qu’elles ont été proposées et votées, que celles-ci portent sur la langue, sur la culture ou sur la famille. Qu’il s’agisse d’entrer ou de rester sur le territoire, être étranger signifie aujourd’hui, en France, vivre dans la crainte de ne pas ou de ne plus remplir ces conditions, et donc vivre dans la terreur des expulsions, comme l’a rappelé, ces derniers mois, la récurrence d’actes désespérés (la défenestration de Chulan Liu le 20 septembre et celle du jeune Ivan, le 9 août, et encore mardi celle d’un jeune Sénégalais à Marseille).

Telle est, au demeurant, la raison ultime de l’acharnement gouvernemental à maintenir l’amendement sur les tests ADN : prouver qu’il n’est pas disposé à reculer sur le front de l’accroissement des conditions. Parier sur la crainte, comme le fait la politique de l’immigration que ce ministère a reçu mission de promulguer et de faire appliquer par une administration soumise à la pression de quotas imposés, c’est donc parier, comme l’aura toujours fait toute culture de la peur, sur son caractère dissuasif.

Frontière. Reste alors une dernière forme d’inquiétude : celle qui devrait affecter en droit tous les citoyens qui assistent impuissants à l’aggravation de ces conditions. Ce que celle-ci affecte, en effet, ce n’est rien d’autre que la frontière infiniment fragile qui sépare la démocratie des régimes dont, par essence, elle doit rester distincte. En démocratie, la souveraineté ne reste démocratique que tant qu’elle n’est soumise à aucune condition d’appartenance (que celle-ci soit d’ordre ethnique, linguistique, culturel ou autre). C’est ce principe qui est aujourd’hui remis en question.

MARC CRÉPON

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04/11/2007

Rentré d'Abéché juste avant les arrestations, un médecin décrit l'action de L'Arche de Zoé

3ddf28284fa274b919f837c659f68f42.jpgPendant deux mois, une quinzaine de médecins, d'infirmières et de pompiers secouristes français se sont relayés pour soigner les enfants regroupés dans le camp de L'Arche de Zoé à Abéché, dans l'est du Tchad. Parmi eux, Dominique Gladin, médecin urgentiste à l'hôpital d'Argenteuil, s'est occupé du petit dispensaire entre le 3 et le 20 octobre, dans le cadre d'une action humanitaire bénévole. Il l'a échappé belle : "Il était prévu que j'accompagne les enfants dans l'avion qui les transporterait en France. L'opération a pris du retard, et je suis rentré seul car je devais reprendre mon travail à Argenteuil. Si l'équipe avait tenu son planning, je serais en prison au Tchad en ce moment", dit-il.

Au début, tout semblait simple. Au cours de l'été, le docteur Gladin entend des amis médecins parler d'une mission de courte durée au Tchad et se porte volontaire : "La proposition venait de collègues sérieux. En plus, les pompiers d'Argenteuil, avec qui je travaille régulièrement, connaissaient l'association et la soutenaient."

Le docteur Gladin est persuadé d'avoir fait du bon travail : "Les médias disent que les gamins sont en bonne santé, mais ils oublient de préciser que c'est grâce à nous : quand ils nous arrivaient, beaucoup étaient malades ; nous les avons soignés. A son arrivée, chaque enfant était ausculté, on lui posait un petit bracelet pour l'identifier, on constituait son dossier médical."

Le travail était épuisant, mais l'ambiance excellente : "Les habitants du voisinage nous connaissaient et nous appréciaient." L'équipe fréquentait également le contingent de l'armée française basé à Abéché : "Il y avait un poste de télé au mess des officiers ; nous sommes allés voir la demi-finale de la Coupe du monde de rugby. Eux aussi venaient chez nous, pour discuter ou boire un coup."c9578224e6e1bbef5d4df4dee2676152.jpg

SITUATION INEXTRICABLE

Peu à peu, le docteur découvre le fonctionnement de l'équipe : "Nadia, l'infirmière, travaillait avec moi, elle faisait bien son boulot. "Doudou" (Dominique Aubry), le pompier de Narbonne, s'occupait de la logistique, il a été très efficace."

Eric Breteau, le chef, était constamment en déplacement, mais Dominique Gladin a discuté quelquefois avec lui, pendant le dîner : "J'ai tout de suite vu que c'était un fonceur, qu'il irait jusqu'au bout. Son charisme est évident ; il a une forte influence sur son entourage. En même temps, il est calme, chaleureux, et sait écouter les autres. Quand il m'a expliqué qu'il voulait emmener une centaine d'orphelins soudanais en France, je n'ai pas porté de jugement, ce n'est pas mon rôle. Je me suis simplement dit que ce serait très compliqué, mais que seul un type de cette trempe pourrait peut-être réussir un coup pareil."

Il remarque aussi le rôle essentiel joué par Emilie Lelouch, 30 ans, l'amie d'Eric Breteau : "Elle gérait l'antenne de l'association à Adré, près de la frontière avec le Soudan, à sept heures de piste d'Abéché. Elle était en contact direct avec les tribus et les responsables des camps qui lui amenaient des enfants. Tous les gamins transitaient par elle. Elle constituait un petit dossier pour chacun, avec son nom, le nom de l'adulte qui l'avait amené, sa situation familiale, son village d'origine, etc. Ce sont des documents précieux. J'espère qu'ils referont surface. Ils permettront d'éclaircir beaucoup de choses."5c1d8ce2ea10511f7c81f853dd845554.gif

Avec le recul, il estime que L'Arche de Zoé essayait de travailler le plus sérieusement possible, mais que la situation sur le terrain était inextricable : "Parmi les enfants qui sont arrivés jusqu'à mon dispensaire, certains sont repartis après quelques jours. Apparemment, on s'était aperçu qu'ils n'étaient pas orphelins, et ils ont été rendus."

Difficile également de déterminer la nationalité de certaines communautés : "Entre le Tchad et le Soudan, il y a un no man's land, une longue bande de 30 kilomètres de large, qui est habitée. A quel pays appartiennent ces gens ?"

Aujourd'hui, en tant que médecin, il s'inquiète avant tout pour Jacques Wilmart, le pilote belge, âgé de 75 ans, ancien commandant de Boeing 747 pour la Sabena. Il pilotait le petit avion de sept places acheté par l'association pour transférer les enfants d'Adré vers Abéché : "C'est un vrai "pro", impeccable. C'est aussi un chic type. Il connaît bien l'Afrique, il était aux anges. Pour lui, c'était une dernière occasion de se rendre utile en faisant ce qu'il aimait."

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21/09/2007

"MAITRISE DE L'IMMIGRATION"

Valmy, le Burkina et le mugissement des féroces soldats

J'hésite à évoquer de nouveau le profond malaise que j'ai ressenti au cours des dernières 48 heures, où nous avons débattu à l'Assemblée du texte "maîtrise de l'immigration". Mais je n'ai qu'un court moment avant le Conseil Socialiste de ville, ma journée a été grandement occupée de cet art particulier qu'ont les hommes de donner de l'importance à ce qui n'en a pas, je reviens donc sur ces deux journées.

Le texte de la loi n'est pas innocent. Son but parait simple : limiter l'immigration au titre du regroupement familial. On peut discuter du sujet, il ne me parait pas dominer le dossier de l'immigration car il touche un nombre relativement réduit de personnes, en grande majorité des femmes et des enfants, ce qu'on oublie de dire et de répéter. Non vraiment, ce n'est pas l'urgence de ce début de siècle de priver de famille ceux qui ont un travail légal en France, non plus que ceux qui sont tout bonnement Français et ont commis le crime de lèse-Sarko d'épouser un étranger.

Bon d'accord, je suis un poil polèmique par cette dernière partie de phrase, ou du moins par sa formulation, car c'est la stricte réalité.

Le moyen de cette limitation est soi-disant la connaissance du français et des valeurs de la République. Ce qui a valu, en réponse à nos interventions, quelques belles envolées de M Mariani ou de députés UMP particulièrement éclairés "Mais alors, est-ce que vous n'aimez pas la langue française ? N'honorez-vous donc point les valeur de la République ?"

Quand on me prend ainsi, à la notable, ne le dites surtout à personne, j'ai envie de répondre "la langue française, je m'en fiche, la République, je m'en tape, tout ça c'est du flan !".

Ou encore, dans un registre tout différent, de monter d'un cran dans la notabilité, de citer Lamartine ou Paul Déroulède, au choix... Bon, passons.. Revenons à la loi.

Le moyen donc qu'a trouvé le ministre Hortefeux de maîtriser les "flux migratoires", c'est la connaissance du Français et des immortelles valeurs de la République, connaissance sanctionnée par un test, de nature non précisée.

C'est là que le député UMP (je parle du député UMP de référence) a débordé de propositions. L'un (M Mariani lui-même) a proposé de rédiger un opuscule sur les 100 valeurs clefs de la République et le moyen de les éprouver. Avec ma voisine de rang, nous n'avons été capables de trouver que trois questions vraiment pertinentes
1 - Quel est le nom du Président de la République ?
2 - Quel est le prénom de son épouse ?
3 - Où passent-ils leurs vacances ?

Même à cela, je ne suis pas sûre qu'une femme Burkinabe analphabète, ou un écolier d'Oulan Bator, ayant l'un et l'autre fait à leurs frais 1000 kms pour se rendre au Consulat le plus proche passer le test, sache répondre. Il faut mieux faire connaître la République.

Un autre député a proposé que langue française et valeurs de la République puissent être "testés" par une épreuve souveraine : la connaissance et la compréhension du premier couplet et du refrain de la Marseillaise.

Fulgurant ! J'avoue que la réponse à cette proposition a été ma seule part au débat. L'épouse burkinabe ou le petit oulan batorien de tout à l'heure seront en effet utilement testés en récitant et expliquant des phrases comme "qu'un sang impur abreuve nos sillons", ou encore "entendez vous mugir ces féroces soldats?"...

"L'étendard sanglant est levé", lui-même, est difficile à faire passer à nos propres enfants sans leur expliquer en deuxième semaine, et retour en troisième semaine, le contexte historique de ces mots. Reportez-vous au texte, il faut vraiment penser à Valmy et aux jeunes poitrines qui s'offraient aux baïonnettes ennemies pour comprendre et accepter.

Mais Valmy, c'est loin du Burkina et moi, je me suis laissée complètement dérouter de l'explication de mon malaise pendant ces deux jours.

Pourquoi donc : parce que le ministre lui-même ne croyait pas à ce texte, qui n'est qu'une sorte d'avoine donnée aux ânes pour fixer l'électorat de la droite de droite avant les municipales. L'arsenal législatif n'existe déjà que trop. Le regroupemement familial peut attendre des mois ou des années avant que l'on ait trouvé l'homme qui a vu l'homme qui sait quel papier il faut fournir en trois exemplaires tamponnés et certifiés par l'état civil local.

Parce que, je vous le disais tout à l'heure avec une familiarité qui ne m'honore pas : cette loi, c'est du flan médiatique.

Le préfet de Gironde, Francis Idrac, rappelle à la député socialiste Michèle Delaunay les peines encourues par toute personne ayant "facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier, d'un étranger en France". Dans la matinée, l'élue a parrainé un Kurde en situation irrégulière. Le renouvellement de son titre de séjour temporaire, qu'il avait obtenu en 2005 pour raison de santé, a été refusé par la préfecture. Francis Idrac faisait partie des 19 préfets réunis à Paris mercredi par le ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux, pour leur rappeler les objectifs d'expulsions d'immigrés en situation irrégulière fixés par le président de la République.

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17/09/2007

ATTENTION DANGER

  

Si Bernard Kouchner avait été ministre des Affaires étrangères en 2003, la France aurait sans doute des troupes en Irak en ce moment, tout aussi embourbées que celles des Etats-Unis. Bernard Kouchner est le chef de la diplomatie française depuis trois mois, et voilà qu'il nous parle déjà de "guerre", cette fois avec l'Iran.

6989f6e0e5496fabd55afdabb2c35bdf.jpgEtrangement, c'est la France qui parle le plus de guerre avec l'Iran ces temps-ci. Nicolas Sarkozy avait déjà employé un ton martial sur le nucléaire iranien, dans son discours aux ambassadeurs de France fin août, qui avait fait sursauter jusqu'au New York Times. Bernard Kouchner est allé un pas plus loin, hier sur LCI: "il faut se préparer au pire", c'est-à-dire, a-t-il précisé, "la guerre".

Les bruits de botte contre l'Iran faisaient également la "une" des journaux britanniques ce weekend. Mais, aux Etats-Unis, pas de propos similaires ces jours-ci. Comme si les Américains, qui viennent de passer la semaine à se demander, sans trouver de réponse, comment ils allaient sortir d'Irak, laissaient monter au front leurs alliés européens, soudainement devenus alarmistes et guerriers. Ou pire, comme si Washington avait suscité une telle campagne de préparation psychologique.

La difficulté des responsables politiques, en Europe ou aux Etats-Unis, est qu'il est impossible d'entendre ces appels à la guerre contre l'Iran sans avoir une petite musique intérieure qui nous rappelle les énormes mensonges proférés pour justifier l'invasion calamiteuse de l'Irak. Un proche de Tony Blair révélait la semaine dernière que l'ex-premier ministre britannique n'avait pas été favorable à la guerre en Irak lors de ses premiers entretiens avec George Bush. Mais il s'est quand même retrouvé embarqué dans cette aventure, couvrant les pires mensonges et envoyant ses troupes en mission impossible. Il faudra faire preuve d'une formidable persuasion pour convaincre les opinions publiques de la justesse d'une guerre en Iran, et, désolé Bernard Kouchner, le ton adopté dimanche sur LCI n'y suffira pas.

Il ne s'agit pas ici de minimiser le risque iranien. Le régime de Téhéran, sous sa composante religieuse ou son visage civil incarné par Mahmoud Ahmadinejab, défie ouvertement les Nations Unies, à la fois sur son programme nucléaire ou sur ses appels à la destruction d'Israël, Etat-membre de l'ONU. Son système interne ne le rend pas particulièrement sympathique non plus. Mais la complexité de la situation interne en Iran rend toutefois difficile de répondre à ce défi en disant "la guerre", comme si cela allait de soit, comme si c'était la seule approche possible. Le précédent irakien est là pour montrer que même en s'en tenant à l'objectif du renversement d'une dictature que soutenait M. Kouchner en 2003, on voit bien que l'intervention d'armées étrangères n'est pas la panacée et peut déboucher sur un désastre humanitaire, politique et stratégique sans équivalent dans l'histoire récente.

Le durcissement de la position française sur l'Iran est d'autant plus suspect qu'il s'inscrit dans une démarche de séduction vis à vis de Washington. Cela ne poserait pas de problème si cela ne signifiait servir de béquille à une administration Bush largement discréditée, et qui amorce, au plus bas dans les sondages, la dernière ligne droite de son mandat. Les gestes se multiplient, dont les vacances américaines du Président ne sont pas le moindre; Mais il y a aussi le ballon d'essai lancé la semaine dernière par le ministre de la défense Hervé Morin pour un retour de la France au sein de la structure militaire intégrée de l'OTAN, la visite de Kouchner à Bagdad, ou cette dernière sortie sur l'Iran.

Comme toujours en France, la politique étrangère se fait et se change sans débat national, pas même de discussion parlementaire. S'il existe encore une opposition dans ce pays, peut-être pourrait-elle demander des éclaircissement avant le départ du premier avion français pour aller bombarder Téhéran?

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Par Pierre Haski (Rue89) 

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12/09/2007

Une journée sans Sarko ?

52fc632b6e2706b290ca034bbee609b4.gifA tous ceux que menace l’overdose, l’initiative du Rassemblement pour la démocratie à la télévision devrait sourire : présidée par un sociologue, Pierre Bitoun, l’association appelle à une « journée sans Sarko » le 30 novembre prochain, date anniversaire de l’annonce officielle de la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. « Pas une image, pas un son, pas une ligne sur les faits et gestes de Nicolas Sarkozy ne doivent sortir, ce jour-là, des rédactions ! Ni éloge, ni critique, ni commentaires ! Rien de rien, s’il vous plaît », réclame l’association. Plus enjouée que la journée sans alcool, plus riche en volutes bleutées que la journée sans tabac, plus mobile que la journée sans voiture : la journée sans Sarko se veut reposante en diable, aussi relaxante pour les nerfs que détendante pour les pupilles. Encore faut-il, pour qu’elle soit pleinement réussie, un peu d’entraînement. Il suffit pour cela d’un week-end à la campagne, sans radio ni télévision.

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Hortefeux aux préfets: faites du chiffre!

37b815a1867d21994334cf540535e2dc.jpgSinistre réunion. Brice Hortefeux, le ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale, a convoqué mercredi matin à son ministère une vingtaine de préfets fautifs, accusés de ne pas avoir réalisé les quotas d'expulsions d'étrangers en situation irrégulière. Le message: "faites du chiffre"! Ou, plus officiellement, il s'agit "de préfets dont les résultats doivent être améliorés en terme de reconduites à la frontière".

Brice Hortefeux s'était lui-même fait remonter les bretelles le 20 août par Nicolas Sarkozy, visiblement agacé que son administration ne soit pas en mesure de respecter l'objectif de 25000 reconductions aux frontières qu'il lui a fixé. Fin juillet, il n'y avait "que" 11000 expulsions, soit loin du compte. Selon le Figaro, qui révèle la convocation des préfets, "Brice Hortefeux devrait donc mettre la pression sur les préfets". Nicolas Sarkozy, il est vrai, s'était déjà livré au même exercice sur les préfets lorsqu'il était ministre de l'intérieur, avec un succès mitigé.

La difficulté des préfets tient à un élément nouveau: les Bulgares et Roumains, qui constituaient 20 à 30% des reconduites aux frontières, font partie de l'Union européenne depuis le 1er janvier 2007, et, comme le relève très justement le Figaro, "cette année, ils ne sont donc plus reconductibles ou alors dans des circonstances très particulières". Le ministre devrait lire le Figaro.

La pression mise sur les préfets constitue la porte ouverte à tous les dérapages, qu'il s'agisse des méthodes d'interpellation (voir l'affaire Popov), ou des méthodes de reconduites (voir les incidents à bord des avions d'Air France). Non seulement l'objectif de 25000 reconduites est inatteignable de l'avis de tous les fonctionnaires impliqués dans la gestion de l'immigration, mais, surtout, cette approche est totalement idéologique. L'application de la loi ne peut être affaire de quotas.

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07/09/2007

Le Robert, les rebeus et les flics

Les policiers dénoncent la définition du mot "rebeu" dans l'édition 2008 du dictionnaire. Pour eux, cette expression est un "outrage" à la police

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Chaque année, de nouveaux mots font leur apparition dans le dictionnaire. Et chaque année, ou presque, de nouveaux termes font débat. L'an dernier, c'est la définition du mot "colonisation" dans Le Petit Robert qui déclenchait la colère du Mrap et du Cran, ces dernières estimant que la définition "cautionnait et justifiait la colonisation". Dans l'édition 2008, c'est "rebeu" qui fait parler de lui. A la page 2135, pour illustrer ce terme qui signifie beur en verlan (à l'envers), il y a cette citation de l'auteur de polars Jean-Claude Izzo : "T'es un pauvre petit rebeu qu'un connard de flic fait chier. C'est ça !"


Le sang des "flics" n'a fait qu'un tour. Ils l'ont dit via leur syndicat. Pour Alliance, le second syndicat de gardiens de la paix, la phrase illustrant l'expression était un "outrage" à la police. Le secrétaire général Jean-Claude Delage parlant de "discrédit" et de "déshonneur" pour la profession. "C'est tout bonnement scandaleux, renchérit dans la même veine Joaquin Masanet, secrétaire général de l'Unsa-police, premier syndicat. Scandaleux qu'une édition aussi prestigieuse que celle du Petit Robert laisse passer ça ! C'est un ouvrage qui est envoyé dans toutes les écoles de France, mais quelle image ça donne de la police aux enfants ça ?!"

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"Un clin d'oeil à une réalité"

Mais du côté des associations de lutte contre le racisme, calme plat. Contacté par LCI.fr, Mouloud Aounit, président du Mrap explique ce silence. : "A l'époque, c'est la définition en elle-même qui posait problème. Là, c'est l'illustration du mot, une citation de surcroît extraite d'un polar... Alors il faut relativiser, justifie, la voix souriante. Après le rapprochement qui est fait entre rebeu et police n'est pas si inintéressant que ça, historiquement et concrètement parlant... On peut voir ça comme un clin d'œil à une réalité à l'endroit des policiers par rapport au contrôle des identités au faciès." Et de rappeler que le terme de "rebeu" a émergé lors de la marche des beurs, en 1983, organisée après de graves émeutes répondant à des violences policières. 100.000 personnes défilèrent ce 3 décembre pour lutter contre le racisme.

Les éditions Le Robert ont rappelé que la mission de son dictionnaire n'était pas de "jeter le discrédit et le déshonneur" sur quiconque, mais de "décrire la langue dans toute sa richesse et ses multiples usages, du plus soutenu au plus familier". Dans son édition 2008, la définition de la colonisation n'a pas été modifiée mais accompagnée d'une citation. Celle du poète et homme politique Aimé Césaire l'assimilant à une "chosification", un ajout dont s'est réjoui le Cran et le Mrap. Comme quoi les citations ont parfois du bon.

(Reprise d'un article d'Amelie Gautier le 08/09/2007

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02/09/2007

Hollande, discours de clôture de la Rochelle

Hollande sans Royal. Il lui rend à l'instant hommage. Elle est partie "pour ne pas qu'on interprête chacun de ses regards, chacune de ses attitudes, pendant le discours de François".

Petit coup de pied à ceux qui "battent leur coulpe sur la poitrine des autres". Analyse de cette troisième défaite à l'élection présidentielle :
- incompréhension de la société
- nécessité d'une vision d'ensemble et de propositions concrête
- démonstration que nous avons non seulement la capacité et le désir de distribuer, mais celui de produire davantage
- défaut d'unité entre nous ; débat interne mais surtout combat commun (au passage je me réjouis que le sentiment d'overdose de débat interne soit généralement partagé ici)

Rénovation, vieux mot et vieilles recettes "ouvrir les portes et les fenêtres" ; créer un courant en opposition aux courants ; changer le logiciel du PS , et enfin changer le nom du Parti Socialiste... Mitterand appelé en renfort sur ce dernier point "quand on a le flambeau du socialisme, non seulement on le garde, mais on le porte". Tonnerre d'applaudissements. Il semble que le refus de ce changement de nom, largement exprimé dans les commentaires d'un billet précédent, soit très largement et très passionément partagé.

- le Parti Socialiste parle souvent une langue qui n'est comprise que de lui seul. Parler une langue que les Français comprennent.

Mettre le socialisme en phase avec les grands défis du monde. Hollande présente les trois sujets de forum qui vont s'ouvrir dans le marché :
1- les socialistes et le marché. Accepter le marché mais en préserver les domaines qui doivent lui échapper : la santé, l'éducation, la justice... Ce n'est pas le marché qui pose aujourd'hui problème aux socialistes, mais la mondialisation. Les socialistes doivent porter un projet de croissance et de compétivité. Pas de mondialisation sans exigence de la redistribution et de la régulation.
2- le socialisme et l'individu ; permettre à chaque personne d'être reconnue comme telle ; montrer que le programme du parti socialiste n'est pas fait pour "tout le monde" mais pour chacun. Partir de l'individu pour justifier le collectif.
3- le socialisme et les valeurs . la nation est un vivre ensemble pas une exclusion. Jaurès : "Le nationalisme c'est la haine des autres, la nation c'est l'amour des siens" . le travail ; les socialistes sont pour une société du travail, de l'effort valorisé ; l'objectif n'est plus à la diminution du temps de travail, mais à sa programmation tout au long de la vie, à la prise en compte de la pénibilité. "Ce ne sont pas les questions qui sont de gauche ou de droite, mais les réponses qui sont de gauche ou de droite".

A l'occasion du prochain congrès - réécrire ce qui nous unit, en faire une charte fondamentale - ce qui nous divise : respecter la règle majoritaire

Un parti organisé à l'image des institutions que nous voulons pour le pays : - un éxécutif efficace - un parlement écouté - des citoyens actifs "faire dans le parti ce que nous demandons ailleurs"

Nous sommes dans l'opposition pour cinq ans - en face d'une droite rassemblée comme elle ne l'a jamais été ; conservateurs, libéraux, nationalistes sont rassemblés dans une droite décomplexée, sacralisant l'argent, paraissant vouloir en finir avec les vestiges de la République (la progressivité de l'impôt, le droit du travail...) - en face d'un omni-président, effaçant le gouvernement et les ministres dont plus personne ne sait le nom. Mais c'est en droit, le gouvernement qui est responsable devant le parlement. Fusion GDF-Suez sans concertation. - la politique de la France ne se fait plus "à la corbeille", mais à la lecture des faits divers. Nicolas Sarkozy nomme les problèmes, c'est sa manière de les résoudre. Il se rend dans un super marché de bois d'Arcy pour résoudre le problème du pouvoir d'achat. C'est le sujet principal de la rentrée et le parti socialiste se doit de faire des propositions. - changer la forme de notre communication. La raison en face de l'émotion à la Sarkozy. - la réalité va s'imposer à l'état de grâce ; dette publique ; déficité commercial 30 milliards d'euros ; 250 millions d'euros redistribués aux 1000 plus riches contribuables du pays ; le cynisme et l'hypocrisie de déclarer que les franchises médicales seront consacrées au plan Alzheimer ; augmentation de la TVA et de CRDS ; diminution drastique de la dette publique.

Face à la droite unie, il faut réunifier la gauche - proposition de créer un comité de liaison de la gauche - à l'occasion du grenelle de l'environnement, montrer ce que serait pour la politique de développement durable de la gauche

En final, un appel au Parti Socialisme d'en finir avec ses défauts et ses faiblesses, et de faire appel à ses formidables qualités : dévouement militant, engagements sincères, somme d'intelligence et d'expertise...

Standing ovation .

 

19:18 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)