28/12/2007
LES BHUTTO, DYNASTIE MARTYRE COMME LES GANDHI INDIENS
Cette photo qui date du 28 juin 1972, montre l'ancien président pakistanais Zulfikar Ali Bhutto serrant la main de l'ancien premier ministre indien Indira Gandhi. A sa droite se tient sa fille Benazir Bhutto, 19 ans à l'époque.
L’assassinat hier de Benazir Bhutto, principale opposante au général Pervez Musharraf, enfonce le pays dans la crise, à douze jours des élections législatives.
"Il faut que derrière la dépouille de cette grande dame, comme jadis derrière celle d’Anouar al-Sadate ou de Yitzhak Rabin, soit présent le plus grand nombre possible de chefs de gouvernement et d’Etat, faisant de cette célébration funèbre une manifestation silencieuse et mondiale en faveur des valeurs de la démocratie et de paix.
Benazir Bhutto n’était chef ni de gouvernement ni d’Etat ? C’est vrai. Mais elle était davantage. Elle était un symbole. Et elle est, désormais, un étendard. Derrière son nom vont désormais se ranger tous ceux qui n’ont pas fait leur deuil de la liberté en terre d’islam. Et derrière son linceul doivent, d’ores et déjà, se tenir et se recueillir tous ceux qui croient encore que l’emportera, en Islam, le bon génie des Lumières sur celui du fanatisme et du crime."
[Bernard-Henri Lévy )
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20/12/2007
ROBERT BADINTER SOYONS FIERS DE SON COMBAT
Évoquer la prison, les conditions de détention, c’est accepter de regarder la République jusqu’au fond des yeux. Et honnêtement, il n’y a pas de quoi être fiers. Les rapports parlementaires se sont empilés sans effet. La Commission des droits de l’homme de l’ONU a dénoncé l’état de nos centres de rétention et de nos cellules de garde à vue.
Les problèmes sont connus : surpopulation carcérale, inadaptation et exiguïté des locaux, réinsertion limitée des détenus. Le résultat paradoxal, c’est une prison qui n’est pas toujours dissuasive et qui contribue au rapprochement de criminels chevronnés avec de simples délinquants. De ce point de vue, l’instauration de peines automatiques dites « peines plancher » ne fait qu’ajouter à la confusion et aux difficultés.
La dénonciation de cette situation n’équivaut pas à excuser le crime ou à renoncer à l’enfermement. Il s’agit simplement de réfléchir au sens de la peine, aux conditions de son exécution et de ne pas considérer la privation de liberté comme la clé de voûte de la politique pénale. Le vent de l’opinion ne souffle pas forcément dans ce sens. Il y a 26 ans, ce n’était pas le cas non plus quand il s’est agi d’abolir la peine de mort. 26 ans plus tard, c’est Robert Badinter qui est à la une de L’hebdo. Nous sommes toujours aussi fiers de son combat.
Thomas Colognac
La situation de la condition carcérale en France demeure «une humiliation pour la République», comme l’avait qualifiée le Sénat en 2001.La surpopulation pénale,principalement dans les maisons d’arrêt,persiste.Elle est liée à la politique pénale conduite depuis 2002 qui privilégie l’emprisonnement.
Le nombre des détenus atteint 61 763 personnes au 1er novembre 2007 pour un nombre total de places disponibles de 50 727. Certaines maisons d’arrêt connaissent une surpopulation pénale de 200%. Pareille situation engendre des conditions de vie détestables, et une promiscuité source de récidive. Les conditions de travail des personnels pénitentiaires s’en trouvent rendues plus difficiles.
L’instauration d’un contrôleur général des prisons,requise par nos obligations internationales, ne se révèlera efficace que dans la mesure des moyens mis à sa disposition et de la personnalité du titulaire. Quant à la loi pénitentiaire, dont un projet avait été élaboré par Marylise Lebranchu, sa discussion revêtira une particulière importance.
Pour nous, il ne saurait y avoir de loi pénitentiaire valable que si elle respecte deux impératifs : • Tout détenu est un être humain jouissant de tous les droits de l’homme et, s’il est Français, de tous les droits du citoyen, à la seule exception des droits qui lui ont été retirés par une décision de justice ou des restrictions imposées par l’exigence de la sécurité des personnes et des biens inhérente à la vie carcérale. •Tout détenu est voué à retrouver la société des femmes et des hommes libres.La perspective de sa libération doit être prise en compte à toutes les étapes de la vie carcérale.
Tout condamné à une peine supérieure à un an devrait bénéficier d’un projet pénitentiaire pour que le temps de la prison ne soit pas un temps mort. La lutte contre la récidive requiert en priorité l’humanisation et la transformation de la condition pénitentiaire.
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15/12/2007
FROID GLACIAL SUR LE PARVIS
FROID GLACIAL sur le parvis de Notre-Dame, ce 15 décembre. Autour des frères Legrand, chefs de file des Enfants de Don Quichotte, la foule s’est amassée : des passants, des bénévoles, d’ex sans-abri du canal Saint-Martin, fidèles. Et les associations en charge de la lutte contre l’exclusion : Secours Catholique, le Dal, Emmaüs, la Fondation Abbé Pierre, ATD Quart Monde… Présents sur le site depuis 11 heures ce matin, tous sont venus prêter main forte aux Don Quichotte. Même les plus rétifs aux campements se sont ralliés au mouvement, comme Pierre Levené du Secours Catholique : "Planter des tentes d’une certaine manière c’est dommage, explique-t-il lors d’une conférence de presse improvisée. Mais dans une société médiatique, demander les choses poliment ne sert à rien. Il y a de saintes colères". C’est la raison de leur présence. Les associations veulent protester. Ensemble. Et tant pis si ce matin, la tentative de réédition du campement a échoué : les 200 tentes que les Don Quichotte comptaient installer au cœur de la cité, sur les quais de Seine, le long de Notre-Dame ont été délogées manu militari par des forces de l’ordre aux aguets. Pourtant, l’opération avait été soigneusement menée : pendant que Jean-Baptiste Legrand, conformément à la rumeur, faisait mine d’attendre ses troupes quai d’Austerlitz, Augustin les embarquait sur les quais. Inutile précaution
A 17 heures, tous les associatifs étaient encore là, malgré le vent pinçant. Prêts à répondre à la presse, venue en masse. Devant caméras, perches et calepins, les interventions, brèves, se sont succédé après qu’Augustin Legrand a ouvert le bal des doléances en dénonçant "les promesses non tenues du gouvernement". Chaque association a relayé son expérience. Au collectif "morts dans la rue", il a suffi d’évoquer un chiffre simple : chaque jour, une personne meurt dans la rue en France. Emmaüs, qui accueille 3000 personnes accueillies quotidiennement, a fustigé le manque de volonté politique : "Deux tiers des sans abri ont du mal à trouver un hébergement d’urgence, a expliqué un responsable de l’association. La nuit dernière Christine Boutin a visité un de nos petits centres d’hébergement. Tout ce qu’elle trouvé à dire c’est : "je ne peux rien faire". Quand même, en est-on arrivé à une telle impuissance politique en France ?" Christophe Robert de la fondation Abbé Pierre ne dit pas autre chose : "Depuis 40 ans, tonne cet expert du logement, l’Abbé Pierre n’a eu de cesse de dénoncer cette situation. Elle s’est aggravée : désormais 3 millions de mal logés vivent en France. Et 5 millions de personnes sont dans des situations de grande fragilité. Depuis 2000, une loi impose aux communes de dégager 20% de logements sociaux. Sur 750 communes, 150 n’ont rien fait. Aujourd’hui, seule la volonté politique manque. Il faut agir. Il y en a assez. Il y en a marre de voir des gens vivre dans la rue. Marre de rester impuissant face à ces chiffres.". Cris dans la foule. Augustin revient à la charge : " Le gouvernement devra communiquer de façon transparente. Parce qu’il sait que tous les outils existent pour sortir de cette situation. Avec le PARSA [NDLR : "plan d’action renforcé pour les sans abri", établi l’an dernier au sortir de la crise du Canal Saint-Martin], les associations ont fait leur travail. Elles ne demandent que son application". Et le soutien massif des Parisiens, mobilisés par Augustin : "J’appelle les Français à venir sur le parvis de Notre-Dame par solidarité pour témoigner. Et réfléchir à une vraie politique du logement". Pour toutes ces promesses gouvernementales non tenues, ils resteront là ce soir. Sans campement. En attendant de trouver… d’autres moyens d’action.
Isabelle Curtet-Poulner NOUVELOBS.COM | 15.12.2007
23:51 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1)
14/12/2007
L'arche de Zoé
Le Dr Philippe Van Winkelberg, médecin de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence), détenu au Tchad dans le cadre du dossier de l'Arche de Zoé, dénonce "une instruction à charge" dans une lettre adressée à son comité de soutien dont l'AFP a obtenu copie vendredi.
Dans ce courrier de 7 pages manuscrites, le médecin écrit notamment: "l'instruction ne s'est faite qu'à charge et nos preuves n'ont pas été prises en compte".
Il affirme aussi que "des pressions et des manipulations ont été effectuées sur des témoins dont certains sont introuvables bizarrement".
Il affirme que "ce qui intéresse la justice tchadienne, ce n'est pas la recherche de la vérité. Ce qui lui a été demandé c'est de punir, de condamner, de venger l'Afrique des conséquences de la colonisation, c'est de se payer des blancs".
Il déplore que "les autorités françaises laissent faire, pire encouragent la justice tchadienne à me condamner puisque la vérité n'intéresse personne".
Moins de deux mois après qu'elle a éclaté le 25 octobre à Abéché, la plus importante ville de l'est tchadien proche de la frontière soudanaise, les principaux protagonistes vont se retrouver devant la cour criminelle à N'Djamena convoquée en session extraordinaire.
A la sortie du palais de justice, le président de l'Arche de Zoé Eric Breteau, qui a toujours proclamé son innocence, a simplement déclaré: "La parodie continue, apparemment c'est pour le 21 (décembre), alors on y va."
Dans une lettre dont l'AFP a eu copie jeudi à Libreville, M. Breteau estime que l'instruction a été "truquée et mensongère" et qu'elle "ne respecte pas les principes élémentaires du droit tchadien".
Les Français incarcérés ont par ailleurs entamé samedi une grève de la faim pour dénoncer une «instruction à charge».
Banderoles de soutien aux fenêtres et aux balcons, même sur le roc surplombant la cité; pancartes dans le cortège souvent portées par des enfants… Castellane (1500 habitants) a manifesté un soutien sans faille au docteur Van Winkelberg.
20:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
10/12/2007
L'OSCAR DU SLOGAN MISOGYNE
Entre les annonces sur l’égalité professionnelle du lundi et celles sur le pouvoir d’achat du jeudi, la sollicitude pour les femmes n’aura pas duré 3 jours. Travailler plus ? Le gouvernement Sarkozy devrait le proposer aux 900 000 femmes en temps partiel contraint qui, par exemple dans le secteur des aides à la personne, ne parviennent pas à dépasser 15 heures par semaine. Elles ne demandent qu’à travailler davantage ! Mais ce ne sont pas elle qui décident !
Et quant à celles qui travaillent à temps plein et cumulent déjà une double journée, entre boulot, enfants et tâches domestiques, comment vont-elles trouver le temps de faire des heures supplémentaires ? Il leur reste encore la nuit et le dimanche. La droite propose de « libérer » le travail le dimanche. Ce sont principalement les métiers du commerce qui sont visés, ceux dans lesquels les femmes sont nombreuses. Elles apprécieront et les enfants aussi ! « Travailler plus pour gagner plus » mériterait bien d’être nominé aux oscars du slogan misogyne.
LAURENCE ROSSIGNOL, SECRETAIRE NATIONALE CHARGEE DES DROITS DES FEMMES
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08/12/2007
"Sarkosy, nous voilà...."
RENCONTRE AVEC ALAIN BADIOU
Le penseur phare de la gauche radicale publie «De quoi Sarkozy est-il le nom?» Une réflexion polémique devenue un succès de librairie
Le Nouvel Observateur. – Un tremblement de terre, une désorientation complète de tous les repères politiques, c’est ainsi que vous présentez l’élection de Nicolas Sarkozy. Qu’est-ce qui lui confère une telle spécificité?
Alain Badiou. – Cet événement marque la fin d’une séquence. Celle de l’union tacite entre gaullistes et communistes qui formait le ciment de la politique nationale depuis la Libération : intervention économique de l’Etat, mesures sociales, distance critique envers les Américains. D’où la période de confusion à laquelle on assiste, tous ces ralliements de gauche à une figure pourtant singulièrement réactionnaire. C’est le signe que le transcendantal politique de la France est brisé.
N. O. – Vous allez jusqu’à opérer une analogie entre sarkozysme et pétainisme. Qu’est-ce qui permet, selon vous, ce rapprochement historique pour le moins audacieux?
A. Badiou. – Il n’y a pas de ressemblance au sens strict, mais un esprit commun. J’appelle «pétainisme» une forme particulière de la réaction française, qui existe au fond depuis 1815. Premier trait : présenter une politique capitularde comme une régénération nationale. La « rupture », c’est quoi ? Le démantèlement des acquis sociaux, le fait que les riches paient moins d’impôts, qu’on privatise de façon rampante l’université, qu’on donne les coudées franches aux affairistes. Cette façon de déguiser une soumission au capitalisme mondialisé en révolution nationale relève en soi du « pétainisme », au sens formel. Deuxième trait : une répression administrative très dure, visant des groupes tenus pour étrangers à la société « normale ». Il ne faut tout de même pas oublier que la dernière élection s’est gagnée sur la capacité à capter les électeurs du FN. Créer des suspects, les Africains, ou les musulmans, ou les jeunes des banlieues, figures nébuleuses à réprimer et à surveiller, est une activité essentielle du nouveau pouvoir, loin d’être seulement son ornement extérieur.
N. O. – Vous évoquez aussi un retour à l’esprit du XIXe siècle, décrivant des capitalistes décomplexés, animés par l’idée que les pauvres sont des paresseux, les Africains, des arriérés…
A. Badiou. – Il s’agit d’un phénomène mondial, pas simplement français. La cause majeure, c’est bien sûr l’effondrement provisoire de l’hypothèse communiste. Tant que celle-ci vivait, les dominants étaient obligés de négocier âprement leur pouvoir, parce qu’une autre voie existait, et qu’une conviction populaire et intellectuelle la soutenait massive-ment. Maintenant, la bourgeoisie est dans le lâche soulagement : l’« idée » est discréditée, les Etats communistes sont eux-mêmes devenus capitalistes. Le capitalisme peut à nouveau se présenter comme la solution indépassable, et l’argent être réintroduit comme valeur. Sarkozy est l’homme de tout ça. L’« homme de la situation ». Au fond, c’est le premier vrai poststalinien français
N. O. – On ne vous sent pas très optimiste concernant les chances d’une reconstruction de la gauche face à cette lame de fond sarkozyste… Que faire, pour reprendre le mot d’un de vos devanciers?
A. Badiou. – On peut prévoir que la gauche sociale-démocrate française va être amenée à s’accommoder aux données du li-béralisme mondialisé, à se «strauss-kahniser». Cela s’est passé dans les autres pays européens, il n’y a pas de raison pour que la France y échappe. L’extrême-gauche est elle aussi face à un vaste chantier. La phase confuse et groupusculaire va durer très longtemps. C’est bien normal, puisque nous sommes au début du XIXe siècle! Les forces émancipatrices sont au début d’une longue marche.
N. O. – Autre marqueur idéologique du sarkozysme : le ralliement à un système américain pourtant lui-même largement décomposé… Comment l’interprétez-vous?
A. Badiou. – Je pense qu’il était extrêmement important pour Sarkozy de montrer rapidement que le gaullisme était mort. D’où son positionnement rapide en chouchou de Bush. Mes amis américains sont horrifiés,à vrai dire. La France reste un mythe là-bas. Ce que vous ne comprenez pas, leur dis-je, c’est à quel point la France est profondément réactionnaire en ses tréfonds. Le Front populaire a tout de même débouché sur Pétain. Mai-68, sur une Chambre des Députés bleu horizon. Si vous la prenez dans sa masse, elle est assez horrible, la France. Attention, c’est un patriote français qui dit ça. Quelqu’un de très attaché à ce pays.
N. O. – C’est-à-dire?
A. Badiou. – Deux choses m’y rattachent profondément. La grande tradition du rationalisme français bien sûr, de Descartes à Lacan, en passant par les Lumières. Et puis, une poignée de gens, dont la Résistance offre l’image absolue. Au bout du compte, la France a toujours été sauvée par les acrobaties d’un tout petit nombre. C’est sur celui-ci qu’on doit continuer à miser.
Propos recueillis par Aude Lancelin
Né en 1937, Alain Badiou est l’un des plus grands noms de la philosophie mondiale. Enseignant à l’ENS de la rue d’Ulm, il est l’auteur de classiques comme « Théorie du sujet » ou « l’Etre et l’Evénement ».
Source : le «Nouvel Observateur» du 6 décembre 2007.
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05/12/2007
MOBILISATION CONTRE LA CARTE JUDICIAIRE
lES PROFESSIONNELS DE LA JUSTICE SE SENTENT PRIS DANS L'ETAUT DE L'EXECUTIF
- La ministre a manifestement la volonté de minimiser l'importance de cette journée. Je ne sais pas quel est le but poursuivi, sans doute la volonté de faire passer le message que sa réforme n'est pas si rejetée que cela. Le Syndicat de la Magistrature ne partage pas cet avis. La journée du 29 a été l'occasion d'une mobilisation unitaire comme on en voit rarement : au-delà de la manifestation à Paris, il y a eu dans toutes les régions et les juridictions du pays une mobilisation intersyndicale commune avec les barreaux. Dans de nombreux tribunaux, les audiences ont été renvoyées. Le chiffre de 21% de grévistes, avancé par la Chancellerie, n'a pas été atteint depuis longtemps. Or le recensement a été minimisé pour les magistrats : les chefs de juridiction n'ont pas voulu comptabiliser les magistrats en grève. Nous avons donc des chiffres faux. Je connais certaines juridictions où une dizaine de magistrats étaient effectivement en grève, contre seulement deux selon les chiffres officiels. Il y a volonté de minimiser le mécontentement. Sur ce point, la Garde des Sceaux est un peu autiste : rarement une réforme a été autant décriée, par les magistrats, les avocats, les personnels de justice, les élus – y compris UMP. C'est une réforme technocratique, imposée d'en haut, sans débat, sans dialogue, sur une question complexe qui mérite réflexion et concertation.
par Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la Magistrature (SM).
L'intersyndicale formée par le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) et trois organisations de greffiers a appelé mercredi au "blocage administratif des juridictions" pour poursuivre la protestation contre la réforme de la carte judiciaire lancée par Rachida Dati.
"On demande son retrait mais aussi de pouvoir reprendre les discussions", a déclaré à l'AFP la secrétaire générale du SM, Hélène Franco, qualifiant d'"occasion historique manquée" la réforme, décidée sans concertation selon ses opposants.
Le projet de la garde des Sceaux va entraîner la suppression de plus de 300 juridictions (23 tribunaux de grande instance, 178 tribunaux d'instance, 55 tribunaux de commerce et 63 conseils de prud'hommes).
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29/11/2007
"PETITE PHRASE"
Hortefeux: les sans-papiers ne sont ni "honnêtes" ni "propres"?
Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale s'oriente-t-il vers une immigration vraiment très choisie? Invité dimanche de l'émission Capital sur M6, Brice Hortefeux a en tout cas montré tout son radicalisme concernant les étrangers en situation irrégulière en France.
Alors que le présentateur Guy Lagache lui demande s'il y aura "toujours des sans-papiers sur le territoire français", il rétorque: "Ben si vous rêvez d'une société idéale dans laquelle il n'y aurait que des citoyens honnêtes, propres (...), la vérité c'est que c'est un combat permanent."
Une petite phrase qui a provoqué lundi l'indignation de Réseau éducation sans frontières à l'antenne de France Inter. Brigitte Weizer, de RESF, compare la sortie du ministre à la déclaration de Jacques Chirac sur "bruit et l'odeur " en 1991:
Hortefeux vend sa nouvelle politique d'immigration
Le ministre français de l'Immigration et du Co-développement Brice Hortefeux s'est posé mardi au Mali en avocat de l'immigration "concertée", concept qui semble rassembler peu de suffrages dans ce pays où la population émigrée contribue à une part importante du PIB.
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22/11/2007
Rachida Dati ou l’injustice à la carte
Pour André Vallini, secrétaire national PS à la justice, la Garde des Sceaux fait fausse route dans sa refonte de la carte judiciaire : absence de concertation, suppressions arbitraires de tribunaux, atteintes à la justice de proximité. Une réforme inéquitable et à contresens.
La justice doit évoluer avec son temps. Il lui faut répondre aux besoins sociaux et sociétaux qui s’expriment dans notre société. Elle doit aussi prendre en compte les évolutions démographiques du pays.Il convient donc de revoir la carte judiciaire, mais seulement après avoir revu l’organisation de la justice.
Comment Rachida Dati a-t-elle procédé ?
La Garde des Sceaux a pris le problème à l’envers. Il fallait d’abord reconsidérer l’architecture de la justice,revoir la répartition des contentieux entre tribunaux d’instance et tribunaux de grande instance, entre juridiction civile et prud’homale. La bonne marche à suivre aurait consisté à revoir dans un premier temps l’ensemble de l’organisation judiciaire pour en déduire la nouvelle carte de la justice sur le territoire.
Que peut-on dire de la méthode utilisée ?
Rachida Dati a adopté une méthode détestable. Le comité consultatif n’a été réuni qu’une seule fois. Les parlementaires n’ont pas davantage été concertés. De plus, Rachida Dati n’a tenu aucun compte des rapports des chefs de cours. Elle fait un tour de France pour présenter sa réforme, mais quand elle arrive dans une région, ce n’est pas pour ouvrir une concertation mais pour asséner des décisions.
Quelles vont être les conséquences de cette réforme ?
Avec la fermeture de près de 200 tribunaux d’instance, c’est la justice de proximité qui sera la plus touchée, celle des gens modestes, de la France des cantons et des banlieues. C’est la justice du surendettement, des loyers impayés, des pensions alimentaires, des tutelles, celle des consommateurs.D’ailleurs l’association UFC-Que choisir est vent debout contre cette réforme. Les usagers vont être obligés de faire une cinquantaine de kilomètres pour se rendre au tribunal.. Cette nouvelle carte judiciaire risque de créer des déserts judiciaires. Pourtant, dans certaines régions, il aurait fallu au contraire construire de nouveaux tribunaux. Notamment dans les banlieues.
Qu’aurait proposé le Parti socialiste s’il avait accédé au pouvoir ?
Le service public de la justice pourrait se déployer sur trois niveaux. Au premier étage, des maisons de la justice et du droit avec des guichets uniques regroupant les opérations des greffes de toutes les juridictions civiles, pénales et administratives. Au deuxième niveau, nous proposons la création de tribunaux de première instance généralistes qui seraient implantés en vertu de critères démographiques mais aussi géographiques. Enfin, à l’étage supérieur se trouveraient des pôles spécialisés dans des contentieux très spécifiques. On pourrait par exemple imaginer un pôle spécialisé dans les questions de pollution maritime, présent à Brest et Bordeaux, un autre dévolu à la délinquance financière à Paris, Lyon et Marseille. Cette réorganisation aurait pris un an, le Parlement y aurait été associé et une loi aurait été votée. Ce n’est qu’une fois cette loi votée que l’on aurait redéfini la répartition des tribunaux, en concertation avec les élus locaux.
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SDF: les hivers se suivent et se ressemblent
Les Français ont pris conscience que la précarité de plus en plus visible notamment dans les grandes villes, n'arrive pas qu'aux autres, ainsi qu'en atteste un sondage BVA pour l'Association Emmaüs.
Près de la moitié des Français (47%) pensent en effet qu'ils pourraient un jour se retrouver sans-abri, ceux qui se sentent menacés se trouvant plutôt parmi les ouvriers, les ménages modestes, les moins de 50 ans, et les sympathisants de gauche.
Le sentiment de précarité a peu évolué en un an puisqu'en 2006, ils étaient 48% à craindre de se retrouver à la rue.
Actuellement, on ne sait pas vraiment combien il y a de sans-abri en France : 15.000 ou 100.000 selon qu'on considère les personnes durablement à la rue ou les sans-abri occasionnels.
L'Association Emmaüs parle de "3.000 personnes hébergées ou accueillies" chaque jour à Paris, c'est-à-dire ceux qui sont hébergés pour la nuit et ceux qui viennent faire des démarches administratives, se faire soigner ou conseiller dans les centres de jour. Ce qui laisse évidemment en dehors du chiffrage les SDF solitaires et sans contact avec les associations.
La plupart des Français considèrent que le sort des SDF a peu évolué en un an, c'est-à-dire depuis que l'installation des tentes au canal Saint Martin a mis les sans-abri à la une de l'actualité. Ils sont favorables à l'ouverture de centres d'hébergement dans leur quartier et disent leur opposition aux mesures d'interdiction des SDF en centre-ville. Mais sur le plan pratique, ils laissent l'action en faveur des sans-abri à l'Etat (54%), aux municipalités (22%) aux organismes de logement (10%) et aux associations (9%).
La Mairie de Paris remarque que la ville représente 0,8% du territoire de l'Ile-de-France et concentre 62% des places d'hébergement. Elle constate aussi que de nombreux travailleurs pauvres sont obligés, faute de moyens, de vivre dans des centres d'hébergement alors qu'ils devraient être dans du logement très social. Selon l'adjoint au maire chargé du Logement Yves Mano, "il faudrait dans ce pays créer une place d'hébergement pour 1.000 habitants" pour régler la question des sans-abri à la rue.
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