11/03/2017
Le chant des hommes
Le chant des hommes
Les chants des hommes Nâzim Hikmet, (1901-1963) le plus grand poète turc de son siècle, inconnu dans son pays de son vivant, ses œuvres étant interdites de publication, mais célébré à l’étranger, a passé près de la moitié de sa vie d’adulte dans les prisons turques, et pratiquement le reste du temps en exil à Moscou, ou en voyages à travers le monde . Déchu de sa nationalité, il mourra à Moscou, citoyen polonais. Son crime, n’avoir jamais cessé de croire qu’en étant communiste il pouvait, quoiqu’il arrive, participer à l’élaboration d’un monde nouveau, où chacun vivrait dans la dignité
. « Je suis né en 1902
" vivre comme un arbre seul et libre vivre en frères comme les arbres d'une forêt"
Photos et illustration trouvées sur le net
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16:27 Publié dans poesie, Politique | Lien permanent | Commentaires (3)
25/11/2015
Regardez-les, ces hommes et ces femmes.....
Regardez-les, ces hommes et ces femmes qui marchent dans la nuit.
Ils avancent en colonne, sur une route qui leur esquinte la vie.
Ils ont le dos voûté par la peur d’être pris
Et dans leur tête,
Toujours,
Le brouhaha des pays incendiés.
Ils n’ont pas mis encore assez de distance entre eux et la terreur.
Ils entendent encore les coups frappés à leur porte,
Se souviennent des sursauts dans la nuit
.
Regardez-les.
Colonne fragile d’hommes et de femmes
Qui avance aux aguets,
Ils savent que tout est danger.
Les minutes passent mais les routes sont longues.
Les heures sont des jours et les jours des semaines.
Les rapaces les épient, nombreux.
Et leur tombent dessus,
Aux carrefours.
Ils les dépouillent de leurs nippes,
Leur soutirent leurs derniers billets.
Ils leur disent : « Encore »,
Et ils donnent encore.
Ils leur disent : « Plus ! »,
Et ils lèvent les yeux ne sachant plus que donner.
Misère et guenilles,
Enfants accrochés au bras qui refusent de parler,
Vieux parents ralentissant l’allure,
Qui laissent traîner derrière eux les mots d’une langue qu’ils seront contraints d’oublier.
Ils avancent,
Malgré tout,
Persévèrent
Parce qu’ils sont têtus.
Et un jour enfin,
Dans une gare,
Sur une grève,
Au bord d’une de nos routes,
Ils apparaissent.
Honte à ceux qui ne voient que guenilles.
Regardez bien.
Ils portent la lumière
De ceux qui luttent pour leur vie.
Et les dieux (s’il en existe encore)
Les habitent.
Alors dans la nuit,
D’un coup, il apparaît que nous avons de la chance si c’est vers nous qu’ils avancent.
La colonne s’approche,
Et ce qu’elle désigne en silence,
C’est l’endroit où la vie vaut d’être vécue.
Il y a des mots que nous apprendrons de leur bouche,
Des joies que nous trouverons dans leurs yeux.
Regardez-les,
Ils ne nous prennent rien.
Lorsqu’ils ouvrent les mains,
Ce n’est pas pour supplier,
C’est pour nous offrir
Le rêve d’Europe
Que nous avons oublié.
Laurent Gaudé, écrivain
Une photo, Mikael Kalatosow et "l'oeil de Reza"
Reza et Laurent Gaudé au Au camp de réfugiés de Kawergosk
10:03 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : un poème, laurent gaudé
14/04/2014
Prends cette gorgée de vie
N'aie pas peur.
Aujourd'hui, prends cette journée qui commence
Prends cette journée comme
tu prendrais un verre d'eau que
quelqu'un que tu ne connais pas aurait
Préparé pour toi, sur la table , pour ton réveil.
Prends cette journée de vie. Elle est là,
devant toi .Prends- la même si tu ne sais pas
pourquoi on te l'offre.
Prends- la sans te l'expliquer.
Prends- la sans honte.
Prends- la avec reconnaissance.
Elle est là, à ta portée, pour toi
Alain Houziaux " Mon silence te parlera" ( 1993)
Les Natures mortes de Chardin (1699-1779)
06:03 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : poème "prends cette gorgée de vie"
21/02/2014
Germaine Tillion
La grande ethnologue, qui fut déportée à Ravensbrück, va entrer au Panthéon. Antoine Audouard avait lu, pour "l'Obs", ses inédits parus un an après sa mort.
Article paru dans "le Nouvel Observateur" du 20 mai 2009
Disparue il y a un an, Germaine Tillion n'était pas de l'espèce qui, comme Valmont, «se lasse de tout». Jeune ethnologue à dos de mule dans les Aurès en 1935, résistante de juin 1940, déportée à Ravensbrück, observatrice déchirée de la guerre des «ennemis complémentaires» en Algérie, elle avait sondé l'horreur des hommes («le versant atroce») sans renoncer à les aimer. «Je ne me suis jamais considérée que comme un simple témoin...», écrit-elle pourtant.
Quel témoin, alors ! Qui arracha à la mort des dizaines de condamnés, se fit injurier par le général Massu pour avoir dénoncé la torture systématique en Algérie, mais aussi par Simone de Beauvoir pour n'en être pas devenue une «porteuse de valises».
Toujours elle assuma - à la manière de Camus - sa «poignante tendresse pour [sa]patrie» et, partant, le tragique de sa position «centriste» («entendons par là que je ne haïssais frénétiquement personne»), intervenant tant pour des «terroristes» algériens que pour des putschistes emprisonnés.
La méthode Tillion
La force de ces «Fragments de vie» ne tient pas seulement à l'héroïsme discret de Tillion, à la modestie lumineuse de son humanisme ou à la justesse de ses engagements.
Elle tient d'abord à la révélation d'une méthode d'enquête et de réflexion née à l'épreuve d'une vie entière: cette idée, qui trouve sa source dans les villages chaouias d'Algérie, et se forgea dans l'univers concentrationnaire, qu'on ne devrait pas «observer les autres sans s'observer préalablement soi-même», ou bien que «les événements vécus sont la clé des événements observés».
Ni objectivité désincarnée ni subjectivité tournant au solipsisme, mais dialogue permanent, aller-retour entre soi et l'autre, source unique de ce «vouloir comprendre» qui l'emmena et la guida dans les situations les plus malaisées, les plus dangereuses. Avec Tillion, on est loin du charabia d'une vérité «révolutionnaire» (justifiant donc tous les mensonges).
« Je ne peux pas dire qu'une chose n'est pas vraie, quand je pense qu'elle est vraie», écrira-t-elle dès 1951 à une camarade communiste qui lui reproche de participer, aux côtés de David Rousset, à la dénonciation des
camps soviétiques.
"Face à l'extrême"
L'autre miracle de ces «Fragments», c'est tout simplement leur écriture. C'est une chose de dire que Tillion était une femme bien et une ethnologue exigeante et audacieuse; c'en est une autre de voir comment, portée par la souffrance et la compassion, elle a pu «écarter avec peine la pierraille brûlante du passé proche» pour écrire ses plus belles pages «face à l'extrême».
Témoin toujours, certes, qui sait mobiliser toutes les ressources de son intelligence et de son expérience pour ne pas se contenter de documenter le malheur des autres, et se trouve capable de ressentir «les grandes vagues sombres d'aveugle fureur qui se gonflent silencieusement dans leur nuit».
Qu'il s'agisse de l'évocation de sa vie dans les Aurès, du récit de sa course contre la montre- finalement vaine - pour sauver de l'exécution deux résistants, de son incroyable lettre au tribunal allemand, de ses récits de la déportation, on est ébloui et touché par cette plume qui sait se glisser jusque dans les sensations primaires et les restituer avec une puissance évocatrice, dans une langue juste et fermée à la sentimentalité.
« L'hiver il faisait parfois si froid que j'essayais de n'ouvrir qu'un seul oeil à la fois pour réchauffer l'autre.» Sur la faim, cette page hantée où le soleil noir de Ravensbrück éclaire les sommets des Aurès:
Certes, j'avais senti d'instinct les pudeurs qui entourent tous les rites de la nourriture dans ces pays où la famine est chronique [...] mais je ne les ai vraiment comprises que lorsque, dans l'aube glaciale, j'ai vu des fantômes chancelants se détourner, tous, d'un seul mouvement, pour ne pas rencontrer le regard d'un autre fantôme qui - brusquement isolé des autres - grignotait dans les ténèbres tandis que, dans le silence devenu total, on n'entendait plus que le bruit énorme des dents grinçant sur quelque chose, de la salive mouillant quelque chose, des lèvres suçant quelque chose, et de la glotte se tendant et se détendant pour avaler quelque chose.
Il faut être reconnaissant à Tzvetan Todorov d'avoir été chercher ces textes à travers livres, articles et archives et d'en avoir composé cette «autobiographie» imaginaire et fidèle pourtant, dont Germaine Tillion eut le projet mais qu'elle ne rédigea jamais. A comprendre et à aider les autres, à voir «tout, et le contraire de tout», elle avait fini par passer sa vie, sa belle vie d'être humain, à ne voir que les autres et à s'oublier elle-même.
Antoine Audouard
Le Nouvel Observateur Publié le 20-02-2014
19:47 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : germaine tillion
10/05/2013
Les 10 ans de la loi Taubira
"
J’entends de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit d’un homme qu’on jette à la mer… les abois d’une femme en gésine… des raclements d’ongles cherchant des gorges… des ricanements de fouet… des farfouillis de vermine parmi des lassitudes…”
Aimé Césaire,
Cahier d’un retour au pays natal,
1939 (Martinique, Antilles)
La date du 10 mai correspond à l'adoption par le Parlement, le 10 mai 2001, de la loi Taubira "reconnaissant la traite négrière transatlantique et l'esclavage".
13:30 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : les 10 ans dr la loi taubira
18/03/2013
J'emporterai....
j'emporterai les chemins dans ma valise
J’emporterai les palmiers
Je cueillerai le matin et les plaines
J’enfermerai les larmes dans les cahiers du soir
Je fermerai les saisons.
May as-Sayigh poésie de la terre occupée
16:36 Publié dans poesie, Politique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie de la terre occupée
18/06/2012
J'aime cette vague rose...
Une large majorité aux socialistes et à la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale
Carton plein pour les ministres
La victoire de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault se mesure aussi dans l’insolent succès des ministres. Les vingt-quatre en lice ont été élus et parfois avec des scores canons. Stéphane Le Foll ravit l’ancienne circonscription de François Fillon avec 59% des voix! Marie-Arlette Carlotti permet le grand chelem en arrachant la victoire à Marseille contre l’UMP Renaud Muselier. Une victoire symbolique dans la dernière grande ville gérée par la droite. La stratégie du PS permet enfin de féminiser l’Assemblée (le groupe PS sera presque paritaire), de la rajeunir (même si la benjamine sera la petite-fille Le Pen) et surtout plus diverse. Une quinzaine d’élus de la diversité entre à l’Assemblée.
A bordeaux
Face à la gauche, Alain Juppé perd une nouvelle bataille. Onze des douze circonscriptions de Gironde ont voté à gauche dimanche
Hier, c'est un bastion qui a basculé. À droite depuis cent trente-trois ans, la 1re circonscription (Bordeaux-Caudéran, Bordeaux-Nord, Le Bouscat et Bruges) a viré au rose...
Source le JDD ET Sud Ouest
21:01 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : législatives 2012
11/06/2012
Encore un effort pour réussir le changement !
«le changement vient de commencer, il doit s'engager dans la durée»
Depuis quelques jours les déclarations de rapprochement entre candidats UMP et Front National se multiplient. Le PS a dénoncé cette grave dérive.
Pour " ce second tour,le mot d'ordre est simple: rassemblement et mobilisation" Martine Aubry
1694 64,44% ,pour moi ,dimanche, balade....
l'eau Bourde , à Canejan
Le 17 juin, tous mobilisés pour le changement!
14:56 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : législatives 2012
07/06/2012
Vous avez un rendez-vous....
Vous avez un rendez-vous. Les dimanches 10 et 17 juin, ce sont les élections législatives.
Chaque voix va compter pour donner une majorité au changement. Alors notez ces dates et parlez-en autour de vous !
"Il faut bien comprendre qu'il reste la moitié du chemin à faire, et ça c'est les 10 et 17 juin»
Donner une majorité à François Hollande
06:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : 10 et 17 juin, législatives
29/05/2012
La crise grecque et Cristine Lagarde
La patronne du FMI donne des leçons aux grecs, malgrès ses privilèges fiscaux.
un billet De Yann Saint- Sernin
Volée de bois vert et boomerang fiscal pour Christine Lagarde
Pour fustiger « tous ces gens qui tentent en permanence d'échapper à l'impôt », en visant nommément les contribuables grecs, Christine Lagarde était-elle la mieux placée ? Pas sûr.
En remplaçant Dominique Strauss-Kahn à Washington, l'ancienne ministre de l'Économie est devenue l'une des fonctionnaires les mieux payés du monde. Traitement annuel, selon le Fonds monétaire international : 323 257 euros, auxquels s'ajoutent des frais de représentation de 57 829 euros. Et, surprise, selon les règles en vigueur, ces revenus plus que confortables… échapperont eux aussi à l'impôt.
Bien sûr, ce privilège fiscal n'a pas été instauré par Christine Lagarde. Ses prédécesseurs (dont le plus illustre d'entre eux) en bénéficiaient également. Mais il faut reconnaître que, mieux qu'un bouclier fiscal, le statut de fonctionnaire international offre une protection à toute épreuve pour les directeurs d'institution. Ainsi, sauf renoncement de dernière minute, la directrice du FMI bénéficie de la convention sur les privilèges et immunités des Nations unies de 1946. Et celle-ci stipule que « les fonctionnaires seront exonérés de tout impôt sur les traitements et émoluments versés par l'organisation ».
Les « prêteurs téméraires »
Cette petite dérogation n'exonère pas pour autant Christine Lagarde de toute taxe. Elle devra notamment s'acquitter des « impôts et taxes sur les biens immeubles privés situés sur le territoire de l'État accréditaire, à moins que l'agent diplomatique ne les possède pour les comptes de l'État accréditant », précise la convention. Mais la ristourne à laquelle peut prétendre l'économiste en fonction depuis le 5 juillet 2011 a un air de coup de pied de l'âne pour les Grecs. Et, déjà, tel un boomerang impitoyable, la Toile s'en donne à cœur joie à l'encontre de la fonctionnaire.
Car dans l'entretien choc accordé au « Guardian », la directrice du FMI n'y va pas, elle non plus, avec le dos de la cuillère. « Les Grecs devraient commencer par s'entraider collectivement », et ce, en « payant tous leurs impôts », déclare-t-elle en se disant moins préoccupée par leur sort que par celui des enfants d'Afrique.
« Dangereux » selon Laurence Parisot, « caricatural » pour Najat Vallaud-Belkacem, « choquant » pour François Bayrou… La sortie de Christine Lagarde n'a pas fait l'unanimité en France.
Quant aux Grecs, outrés, ils ont inondé par milliers la page Facebook de la directrice du FMI ces dernières heures. « Avez-vous pensé que nous n'avions plus d'argent ? » questionne l'un d'eux. Evangelos Venizelos, le chef de file du Parti socialiste (Pasok), a lui, carrément parlé d'« humiliation ».
Mais le tacle le plus acide provient peut-être de l'éditorial du « Gardian ». Celui-ci rappelle qu'en 2010, parmi les prêteurs à la Grèce, les banques françaises étaient les plus exposées. « Les emprunteurs imprudents n'existent que grâce à des prêteurs téméraires », glisse le quotidien britannique. Et en 2010, la ministre de l'Économie n'était autre que Christine Lagarde.
Mardi 29 mai, Sud - Ouest
13:24 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : polemique, fmi, christine lagarde, la crise grecque