04/04/2017
chauve Souris
" Chauve-souris masque de l’ombre..."
Elles étaient là, tout là-haut sur le mur....
"À mi-carême, en carnaval,
On met un masque de velours,
Où va le masque après le bal ?
Il vole à la tombée du jour.
Oiseau de poils, oiseau sans plumes,
Il sort, quand l’étoile s’allume,
De son repaire de décombres.
Chauve-souris masque de l’ombre"
c'était dans la petite église de Benqué dessus
Les fresques du chœur de Saint-Blaise.
!
Photos et balades 2015, les Pyrénées, le poème,Robert Desnos.Les petites chauves souris trouvées sur le net.
15:23 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : robert desnos, poème
27/10/2015
Un jour de pluie et de brouillard....
Averse averse averse averse averse averse
Pluie ô pluie ô pluie !ô pluie ô pluie ô pluie
Gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau
parapluie ô parapluie ô paraverse ô
paragouttes d'eau paragouttes d'eau de pluie
capuchons pèlerines et imperméables
que la pluie est humide et que l'eau mouille et mouille !
mouille l'eau mouille l'eau mouille l'eau mouille l'eau
et que c'est agréable agréable agréable
d'avoir les pieds mouillés et les cheveux humides
tout humides d'averse et de pluie et de gouttes
d'eau de pluie et d'averse
et sans un paragoutte
pour protéger les pieds et les cheveux mouillés
qui ne vont plus friser qui ne vont plus friser
à cause de l'averse à cause de la pluie
à cause de l'averse et des gouttes de pluie
des gouttes d'eau de pluie et des gouttes d'averse
Cheveux désarçonnés cheveux sans parapluie
poème, Raymond Queneau, les photos , des sentiers des Pyrénées, un jour de pluie....
13:11 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poème, raymond queneau
02/12/2014
Des bouts de bois et des feuilles....
Ô Dieu très atténué
Des bouts de bois et des feuilles,
Dieu petit et séparé,
On te piétine, on te cueille
Avec les herbes des prés.
Dieu des légères fumées,
Dieu des portes mal fermées
On les ouvrit tant de fois
Que l'air traverse le bois.
Et toi, dans l'humaine écorce,
Dieu de qui n'a plus la force
D'avoir un Dieu résistant
Comme celui qu'abandonne
Par ses blessures le sang,
Dieu qui ne remplis sa chose
Qu'à moitié comme à regret,
Dieu sur le point de quitter
Le cœur d'un homme qui n'ose
Le retenir, le goûter,
Tu t'absentes, tu reviens,
Tu es toujours en voyage.
Heureux celui qui retient
Un bon Dieu comme un bon vin
Qui prend avec lui de l'âge.
Une balade , un poème , Jules Supervielle
09:43 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jules supervielle, poème
31/10/2014
La fable du monde
Photo de de Sebastião Salgado
16:23 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poème, jules supervielle
22/10/2013
Le poème de l'olive
Ce temps des olives.
Je ne connais rien de plus épique. Giono
De la branche d'acier gris jusqu'à la jarre d'argile, l'olive coule entre cent mains, dévale avec des bonds de torrents, entasse sa lourde eau noire dans les greniers, et le vieilles poutres gémissent sous son poids dans la nuit. Sur les bords de ce grand fleuve de fruits qui ruissellent dans les villages, tout notre monde assemblé chante.
Il y a d'abord les blondes chansons des jours clairs et le basson des vieilles femmes, et celle qui détonne, et tous ceux des vergers crient : « Oh là, oh, là, quel mal d'oreilles », crient à en faire sonner la colline et les derniers, là-haut, vers les bois sauvages, lèvent les bras pour montrer qu'ils ont entendus. Il y a la limpide clarinette des jeunes filles et les garçons à peine mûrs qui chantent comme des scies, mais, tout ça, tant bien marié que c'en est comme du petit lait et des sorbes. De ce temps, Virgile est là dans les olivettes avec sa palme, se promenant à petits pas, un mot doux pour chaque chose, l'âne gris qui se frotte les poils dans les chardons, la mule un peu folle qui fait les quatre cents coups pour le cheval de Marius, et le cheval ne la regarde même pas; la verdelette petite herbe qui sera le blé; le poil en brosse des haies mortes avec une fleur rouge au cœur,
une fleur dont on ne sait pas le nom parce qu'il y a tant d'épines et qu'on ne peut pas la prendre. Il y a Virgile et ce bel habit de fil de lin, une chose tant propre qu'on voudrait avoir le cœur fait de ça : un coup de savon, un plongeon au ruisseau, et net et beau, plus de soucis. Si l'air est âpre c'est tant pis. Ça c'est le temps de la cueillette, le temps où l'on trait l'arbre comme on ferait pour traire une chèvre, la main à poignées sur la branche, le pouce en l'air, et puis, cette pression descendante. Mais, au lieu de lait, c'est l'olive qui coule.
Photos trouvées sur le net
Christian Jequel, peinture au couteau
15:02 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : giono, poème
11/10/2013
Je me souviens...
Je me souviens, c'était un matin, l'été,
La fenêtre était entrouverte, je m'approchais,
J'apercevais mon père au fond du jardin.
Il était immobile, il regardait
Où, quoi, je ne savais, au-dehors de tout,
Voûté comme il était déjà mais redressant
Son regard vers l'inaccompli ou l'impossible.
Il avait déposé la pioche, la bêche,
L'air était frais ce matin-là du monde,
Mais impénétrable est la fraîcheur même, et cruel Le souvenir des matins de l'enfance.
Qui était-il, qui avait-il été dans la lumière,
Je ne le savais pas, je ne sais encore...
La photo, mon papa , le poème , Yves Bonnefoy
« Qui parle là , si près de nous bien qu’invisible ?
Qui marche là, dans l’éblouissement mais sans visage ?
Ainsi venaient les dieux, jadis, à des enfants
Qui jettent des cailloux sur l’eau, quand la nuit tombe ». (Ce qui fut sans lumière)
"Comme un arbre qui monte la garde, Yves Bonnefoy se tient à l’orée des mots. Sa voix est une forêt qui grandit et recouvre les lettres françaises. Sa parole est le vent qui bruit et qui veille. Il a tenté de transcrire les pas sur la neige, d’y inscrire ses pas, de mettre des mots sur le ciel illusoire. Par une écriture la plus blanche possible, il tente qu’il fasse clair entre les mots."
Gil Pressnitzer extrait
"Notre poésie est une terre verbale et j'en suis l'héritier"
Il sera aussi le biographe de Giacometti "biographie d'une oeuvre"
Giacometti," cet homme qui marche à l'intérieur de soi"
"Nous mettons nos pas nus dans l’eau du rêve,
Elle est tiède, on ne sait si c’est le réveil
Ou si la foudre lente et calme du sommeil
Trace déjà ses signes dans des branches (Dans le leurre des mots)
23:13 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : poème, yves bonnefoy
28/08/2013
Pour écrire un seul vers
Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin.
Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela.
Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups.
Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
***
Rainer Maria Rilke (1875-1926) – Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910)
Lectrice peinte par Isaac Dobransky
15:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : poeme, rainer maria rilke
24/08/2013
La chasse aux enfants
Août 1934, une mutinerie a lieu dans une maison de correction, à Belle-Ile-en-Mer, 30 enfants s’en échappent, fuyant les mauvais traitements. Une prime de 20 francs est offerte à qui attrape un fuyard. Choqué, Jacques Prévert écrit alors son poème « la chasse à l’enfant ».
La chasse à l'enfant
Jacques Prévert (1934)
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île, on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit « J'en ai assez de la maison de redressement »
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes, les touristes, les rentiers, les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous le braves gens s'y sont mis
Qu'est ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau.
Samedi 31 aout, "Les vauriens" téléfilm Français , 2006,véritable réquisitoire contre ces bagnes pour enfants, parmi les plus répressifs
"Belle-Ile-en-Mer. Un joli nom pour une île bretonne. Des touristes, des vacanciers… et un bagne où des gamins triment tout le jour et vivent dans la peur des gardes chiourmes. Un soir, l’un d’eux commet l’inconcevable : il mord dans un morceau de fromage avant la soupe ! Les coups se mettent à pleuvoir mais, cette fois, les copains viennent à la rescousse : c’est la révolte. Une cinquantaine d’enfants s’enfuient dans la nuit. Fuir, mais où quand la mer est partout… ? La traque va durer plusieurs jours : gardiens, bien sûr, mais aussi habitants, touristes, vacanciers, à qui l’on promet vingt francs de récompense pour tout gibier ramené. Certains se feront un bon pécule. Prévert, lui, y trouvera l’inspiration d’un de ces poèmes les plus percutants : La chasse à l’enfant.
Front Populaire, Deuxième Guerre mondiale… enfin l’Etat se décide à reconsidérer les fondements mêmes de la protection de l’enfance et du sort fait aux jeunes délinquants : ce sera l’ordonnance de 1945. La primauté de l’éducatif sur le répressif y est affirmée et une véritable justice des mineurs se met en place. La direction de l’Education surveillée est créée, autonome de l’administration pénitentiaire. Les colonies pénitentiaires sont rayées des textes 9pas encore tout à fait du paysage. Si les enfants sont enfin sortis de l’enfer des bagnes, un long purgatoire les attend…
Mireille Roques un extrait "les bagnes d'enfants, histoire d'une tragédie"
20:10 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : poeme, jacques prevert
04/04/2013
Ces vers seront peut être les derniers....
ces vers seront peut-être les derniers
les tout derniers de ceux qui vont s'écrire
Car les poètes du futur ont disparu
Ceux qui pouvaient parler sont morts jeunes
Et leurs chants de douleur depuis sont des oiseaux
Dans un ciel étranger sous un autre soleil
Ou des fleuves violents qui courent à la mer
Ou nous perdons la trace de leurs eaux
Dans ces chants de douleur un lotus a grandi
Nous en boirons la sève et renaîtrons plus jeune
Traduction : Michel Volkovitch
Anthologie de la poésie grecque contemporaine 1945 - 2000
Manolis Anagnostakis / Μανόλης Αναγνωστάκης (1925 - 2005 )
écrit dans la cellule ou le poète attendait son exécution
Né à Thessalonique, il y commence des études de médecine, interrompues par l'Occupation allemande. En 1942-43, il s'engage dans le mouvement de la Jeunesse communiste EPON et continue le combat pendant la douloureuse période de la guerre civile (1947-1949). Arrêté en 1948, il est emprisonné et condamné à mort en 1949 par un tribunal d'exception, condamnation à la laquelle il échappera grâce à la forte mobilisation qui se met en place.
Source "Grèce à l'Ouest "
"Exigence, rigueur, droiture, lucidité amère, indépendance et fidélité sont les caractéristiques de son oeuvre, de sa vie et de ses engagements politiques, ce qui en a fait et l'emblème et la mauvaise conscience de sa génération..."
Merci à Fanny
14:56 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : manolis anagnostakis, poème
14/06/2012
Passant regarde ce grand arbre....
"Mon arbre " et le poème de Yves Bonnefoy envoyé par Fanny, merci Fanny !
Passant,
regarde ce grand arbre
et à travers lui
il peut suffire.
Car même déchiré, souillé,
l'arbre des rues,
c'est toute la nature,
tout le ciel,
l'oiseau s'y pose,
le vent y bouge, le soleil
y dit le même espoir malgré
la mort.
Philosophe,
as-tu chance d'avoir l'arbre
dans ta rue,
tes pensées seront moins ardues,
tes yeux plus libres,
tes mains plus désireuses
de moins de nuit.
L'arbre , on le trouve sur le sentier du Lac Bleu ( pyrénnée)
Le poème, on peut le lire à côté de la peinture murale de Pierre Alechinsky, l'Arbre bleu
Yves Bonnefoy
Je voudrais réunir, je voudrais identifier presque, la poésie et l'espoir, car écrire de la poésie, c'est « rendre le monde au visage de sa présence ». Yves Bonnefoy
Comme un arbre qui monte la garde, Yves Bonnefoy se tient à l’orée des mots. Sa voix est une forêt qui grandit et recouvre les lettres françaises. Sa parole est le vent qui bruit et qui veille. Il a tenté de transcrire les pas sur la neige, d’y inscrire ses pas, de mettre des mots sur le ciel illusoire. Par une écriture la plus blanche possible, il tente qu’il fasse clair entre les mots.
"Nous mettons nos pas nus dans l’eau du rêve,
Elle est tiède, on ne sait si c’est le réveil
Ou si la foudre lente et calme du sommeil
Trace déjà ses signes dans des branches (Dans le leurre des mots)"
Source Gil Pressnitzer
09:35 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : poéme, peinture, balade