23/01/2017
Elena Ferrante
Après L'amie prodigieuse et Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste est le troisième tome de la formidable saga d'Elena Ferrante.
"Elena Ferrante raconte cinquante ans d’histoire italienne et d’amitié entre ses deux héroïnes, Elena et Lila
Pour Elena, comme pour l’Italie, une période de grands bouleversements s’ouvre. Nous sommes à la fin des années soixante, les événements de 1968 s’annoncent, les mouvements féministes et protestataires s’organisent, et Elena, diplômée de l’École normale de Pise et entourée d’universitaires, est au premier rang. Même si les choix de Lila sont radicalement différents, les deux jeunes femmes sont toujours aussi proches, une relation faite d’amour et de haine, telles deux sœurs qui se ressembleraient trop. Et, une nouvelle fois, les circonstances vont les rapprocher, puis les éloigner, au cours de cette tumultueuse traversée des années soixante-dix."( quelques mots de Babelio )
" chez Elena Ferrante, on vit à poings nus "
Le JDD
Celle qui fuit: Elena. Celle qui reste: Lila.
Deux gamines dans un quartier populaire de Naples , on les retrouve, femmes , dans une Italie aux agitations politiques, très violentes.
Un roman passionnant,
Elena, m'a bouleversée
11:32 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : elena ferrante
10/12/2016
Elena Ferrante Le nouveau nom
J'ai retrouvé Lila et Elena
Le nouveau nom est la suite de L’amie prodigieuse, qui évoque l’enfance et l’adolescence de Lila et Elena. Avec force et justesse, Elena Ferrante y poursuit sa reconstitution d’un monde, Naples et l’Italie, et d’une époque, des années cinquante à nos jours, donnant naissance à une saga romanesque au souffle unique.
C’est l’histoire d’une amitié hors du commun qui s’épanouit dès le terreau de l’enfance. Elena et Lila grandissent dans le même quartier de Naples, à la fin des années cinquante. La pauvreté, la violence, la débrouillardise sont leur quotidien. L’école, une chance, où briller pourrait élargir leur horizon - ici symbolisé par la mer, si proche et pourtant invisible. Lila est d’une rare intelligence, mais parfois méchante, terrible ou fulgurante. Fascinée par ce singulier tempérament, Elena cherche sans relâche sa compagnie. Aussi se plie-t-elle à ses téméraires défis, à ses folles exigences, non sans crainte et malgré les vexations. Elena ne peut se passer de Lila. Et elle espère que c’est réciproque.
C’est sur cette riche dynamique qu’Elena Ferrante a construit "L’amie prodigieuse", son quatrième roman à être traduit de l’italien en français. Si ensemble les deux adolescentes connaissent quelques moments de réelle complicité, leur évolution va bientôt suivre un effet de balancier. Ces deux-là ne vont bientôt cesser de se perdre et de se retrouver. Elena semble progresser grâce à sa scolarité, qu’elle poursuit malgré la désapprobation de ses parents mais avec l’appui de ses profs. Quand Lila, qui a abandonné ses études pour travailler dans la cordonnerie familiale, se fiance dès l’âge de quinze ans. Où est la vraie vie ? interroge Elena Ferrante. Dans le mariage ou l’éducation ? Cette dernière n’est-elle pas un leurre, une différence qui exclut ? Que valent les sacrifices d’Elena qui, raillée par ses proches, dort peu et s’enferme dans les toilettes pour étudier sans risquer de déranger le reste de sa famille ?
A travers ce tableau hautement humain d’une relation déséquilibrée et addictive, c’est à Naples en ses quartiers populaires que l’auteur de "Poupée volée" rend un vif hommage. Le dialecte (présent sans apparaître textuellement), la gouaille des habitants, le savoir-faire des artisans, l’argent qui exaspère les envieux, les combines que l’on devine mafieuses, les ragots qui prolifèrent, un arrière-fond politique qui divise, la mort et la brutalité omniprésentes, tout est là pour recréer un microcosme unique. Où de nouvelles perspectives économiques vont bousculer les lignes de partage. Par cette intense évocation, Elena Ferrante s’interroge sur la nature de la vie de l’esprit et sur ses liens avec ce qu’elle nomme la plèbe. Ce, à travers deux personnalités inoubliables. Dont l’une, Elena, signe en narratrice et écrivain ces pages...(La Libre.be )
"Je ne suis pas nostalgique de notre enfance: elle est pleine de violence.C'était la vie, un point c'est tout: et nous grandissions avec l'obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile"
15:39 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : le nouveau nom
08/10/2016
Tout l'amour de nos pères
" tout l'amour de nos pères
ne nous consolera jamais
de les avoir perdu"
Je viens de quitter Pierre, Albine, Aurélien, Ludivine
Des hommes, des femmes, des paysages
Christian Signol raconte avec toujours beaucoup d'amour et de tendresse l'histoire de ces hommes, ces femmes qui souffrent, broyés par l'histoire.
"Depuis le début du XIXe siècle, les Marsac se partagent entre l'exercice de la médecine et l'exploitation de leurs terres du Grand Castel au bord de la Dordogne. Pierre, le fondateur de la dynastie, enfant trouvé entré dans les armées de la République, puis de l'Empire, a transmis ses passions à ses héritiers. Chacun prendra la plume pour raconter son histoire, témoigner à son tour de son combat pour préserver le domaine et venir en aide à une population accablée par la famine et les maladies, les guerres, l'ignorance et les superstitions. "
À travers les récits successifs de Pierre, Albine, Aurélien et Ludivine Marsac, Christian Signol trace un portrait émouvant de ces hommes et femmes vivant à l'écart des grandes villes, pris dans les tourmentes et les métamorphoses de l'Histoire. Tout à la fois fresque historique et grande saga, ce beau roman nous parle aussi des saisons, des liens étroits tissés entre les générations, et d'une famille habitée par une véritable force tellurique qui la lie inexorablement à ce Grand Castel, havre de paix et paradis perdu."( 4eme de couverture)
Rencontre( l'actu Litteraire)
"Dans votre roman, la guerre emporte les fils de chacune des générations des Marsac : n'y a-t-il pas là une sorte de pessimisme ?Je voulais au contraire exprimer mon idéal pacifique. Ce qui arrive aux Marsac n'est pas particulier à ces gens. Toutes les familles ont eu un mort ou un blessé dans les guerres du XIXe et du XXe siècles, un enfant, un frère, un père... Toutes sauf celle qui vient après la seconde guerre mondiale. Et encore, nous avons eu la guerre d'Algérie ! Avec cette grande fresque, je voulais en faire prendre conscience : tout le monde a été touché, alors que les guerres ne sont voulues que par une poignée d'hommes. L'individu est le jouet des gouvernements ou d'intérêts industriels. Vous savez, près de chez moi, en Dordogne, il y a un château inhabité, dont toutes les fenêtres sont toujours fermées. Cela m'a donné l'idée du Grand Castel (la demeure des Marsac). Je me suis renseigné et j'ai appris qu'il était jadis occupé par une famille qui s'est éteinte. A l'inverse, dans le roman, j'ai voulu mettre un peu d'espoir...
Photos , la Dordogne, 2005, 2008
23:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : tout l'amour de nos peres, christian signol
03/09/2016
Ecoutez nos défaites
Un roman , la folie des hommes.....
"Les deux piliers sur lesquels la guerre a de tout temps reposé, la victoire et le héros, se dissolvent", avance Laurent Gaudé.
Dans son nouveau roman Écoutez nos défaites, Laurent Gaudé, prix Goncourt 2004, brasse subtilement les siècles et les guerres pour mieux comprendre l'Histoire et la folie contemporaine
"Nous avons lu de la poésie depuis trop longtemps, nous avons admiré des mosaïques depuis trop longtemps, il ne peut y avoir de renoncement", écrivez-vous. Le combat continue?
Oui, on ne peut pas reculer, on ne peut pas désapprendre à lire. Il peut y avoir défaite, mais pas renoncement. Il ne faut rien lâcher. Si l'on m'enlève les terrasses de café, les livres et le théâtre, la vie ne m'intéresse pas.( l'écrivain confie à l'Express les clefs de sa dramaturgie, quelques lignes)
Un agent des services de renseignements français gagné par une grande lassitude est chargé de retrouver à Beyrouth un ancien membre des commandos d'élite américains soupçonné de divers trafics. Il croise le chemin d'une archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées. Les lointaines épopées de héros du passé scandent leurs parcours – le général Grant écrasant les Confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l’envahisseur fasciste...
Un roman inquiet et mélancolique qui constate l'inanité de toute conquête et proclame que seules l’humanité et la beauté valent la peine qu'on meure pour elles. ( Actes Sud)
illustration : Hannibal et son armée traversant le Rhône (Wikipédia)
« L'avion file dans le ciel de Turquie et d'Irak et il lui semble les sentir, des centaines de milliers de vies, qui au fur et à mesure du temps se sont massacrées sur ces terres. Que reste-t-il de tout cela ? Des fortifications, des temples, des vases et des statues qui nous regardent en silence. Chaque époque a connu ces convulsions. Ce qui reste, c'est ce qu'elle cherche, elle. Non plus les vies, les destins singuliers,mais ce que l'homme offre au temps, la part de lui qu'il veut sauver du désastre, la part sur laquelle la défaite n'a pas de prise, le geste d'éternité.
Aujourd'hui, c'est cette part que les hommes en noir menacent. Ils brandissent leurs armes et hurlent qu'ils n'ont pas peur de la mort. «Viva la muerte!» disaient les fascistes espagnols. C'est la même morgue, la même haine de l'homme. Mais ce qu'ils attaquent, eux, c'est la part qui normalement échappe aux batailles et à l'incendie.
Ils tirent, pilonnent, brûlent, comme les hommes l'ont toujours fait. L'Antiquité est pleine de villes mises à sac - l'incendie de Persépolis, la destruction de Tyr – mais d'ordinaire il en restait des traces, d'ordinaire l'homme n'effaçait pas son ennemi. Ce qui se joue là, dans ces hommes qui éructent, c'est la jouissance de pouvoir effacer l'Histoire. » (p. 81)
Des hommes tuent
Un roman puissant , beau, sensible, humain, terrible....
19:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : ecoutez nos défaites laurent gaudé
20/08/2016
J'ai aimé...
Santiago du Chili,au coeur des polars de Ramon Diaz -Eterovic
Un très beau roman , toujours sous le charme....je retrouve avec plaisir Herédia, détective privé, son chat ,Simenon, son ami Anselme, les ruelles de Santiago....
«J'ai passé une grande partie de ma vie à chercher des réponses aux questions que d'autres se posaient et je désire maintenant résoudre le seul mystère qui me concerne totalement.»
Chargé de retrouver un vieillard dont plus personne n'a de nouvelles, Heredia, l'orphelin, reçoit une lettre qui lui rappelle le voeu de sa mère, qui depuis le passé le pousse sur les traces de l'homme qui pourrait être son père et qu'il n'a jamais connu
Menant en parallèle ces deux enquêtes, deux mystères, il est confronté à la réalité de l'abandon, ainsi qu'aux pièges de la mémoire.
Heredia, archétype du privé, avec son costume fripé et sa vieille voiture, se comporte en moderne don Quichotte «redressant les torts et faisant régner pour les êtres du commun une justice qu'autrement ils n'atteindraient jamais». Un des meilleurs romans de la série policière la plus populaire d'Amérique latine.(4ieme de couverture)
Heredia y Simenon vistos por Félix Vega.
Ramón Díaz Eterovic est né en 1956 à Punta Arenas. Il est l'auteur de nombreux romans mettant en scène le personnage de Heredia dont Les Sept Fils de Simenon, La Mort se lève tôt (prix du Conseil national du Chili) et L'Obscure Mémoire des armes. Il est publié en Italie, Allemagne, Portugal, Espagne, Grèce.
Les aventures de Heredia ont été l'objet d'adaptations télévisuelles au Chili.
Quelques lignes, de Chili et carnets
Dans ce livre vous évoquez la dictature, les abus des pinochetistes. Qu’avez-vous connu de cette période ?
« J’avais 17 ans en 1973. Les dix-sept années suivantes, j’ai vécu sous une dictature qui a conditionné mon environnement vital, mon éducation, mes affections, le développement de mon travail littéraire, la manière de sentir et d’observer la vie [il a aussi été emprisonné par la police politique en 1977, NDLR].
C’est une génération dans laquelle certains – pas tous-, ont opté pour la résistance politique par la littérature. C’était difficile dans ce contexte politique, et beaucoup d’amis et compagnons ont eu à payer la révolte et le désir de liberté. Tortures, prisons, exil et, dans quelques cas, la mort. Aujourd’hui, on peut parler de liberté et de démocratie au Chili. Mais, sous la dictature, mentionner ces notions, c’était risqué la prison ou la mort… Mais beaucoup ont risqué leurs vies pour rétablir la démocratie.
C’est à cette époque que j’ai voulu écrire un roman policier qui reflèterait la situation sociale et politique de mon pays. Heredia, le personnage de tous mes romans, est né comme un justicier et un témoin. J’ai vu dans le roman noir la possibilité de parler de la société chilienne, de rédiger une chronique du pays de ces 30 dernières années. Dans le polar, j’ai trouvé les codes pour explorer la relation entre le crime, la politique et la violence, si brutale et tristement commune au Chili et dans la majorité des pays latino-américains. »
14:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : le deuxième voeu, ramon diaz eterovic
23/05/2016
Le rapport de Brodeck
« Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n’ai rien fait, et lorsque j’ai su ce qui venait de se passer, j’aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu’elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer.
Mais les autres m’ont forcé : « Toi, tu sais écrire, m’ont-ils dit, tu as fait des études. » J’ai répondu que c’étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d’ailleurs, et qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. Ils n’ont rien voulu savoir : « Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses […]. »(4eme de couverture )
Un extrait p.375
"Quelles contrées traversions-nous ? Existaient-elles sur les cartes ?
Aujourd’hui, je sais qu’elles n’existaient sur aucune carte, mais qu’elles naissaient au fur et à mesure que le wagon roulait sur elles. Le wagon, et tous les autres wagons semblables au nôtre, dans lesquels, comme dans le nôtre, des dizaines de femmes, d’enfants et d’hommes étaient dévorés par la soif, la fièvre, la faim, dans lesquels ils suffoquaient, dans lesquels ils étaient serrés les uns contre les autres, parfois morts contre vivants, le wagon et tous les autres wagons inventaient, de minute en minute, un pays, celui de l’inhumanité, de la négation de toute humanité, dont le camp allait être le cœur. C’est bien ce voyage que nous faisions, un voyage qu’aucun homme n’avait fait avant nous, je veux dire avec autant de méthode, de sérieux, d’efficacité, et qui ne laissait aucune marge à l'imprévu"
Images BD de Manu Larcenet, d'après le roman de Philippe Claudel (Médiathèque Epinay- sur- Orge , un extrait )
"Non loin de la frontière allemande, dans un hameau isolé et reculé du reste du monde, encore peuplé par les fantômes des camps de concentration, Brodeck, un homme taciturne rédige des rapports sur la faune, la forêt et les chemins pour l'administration. Dans cet espace marqué par les stigmates de la guerre et une méfiance viscérale, l'arrivée d'un étranger est forcément un signe de mauvais augure ; baptisé par le village, l'Anderer, "l'Autre", un homme arrivé au village quelques semaines auparavant en a d'ailleurs payé le prix de sa vie. Brodeck - arrivé sur les lieux du lunchage après les faits - est alors chargé, par les hommes du village, de rédiger un rapport afin de justifier et d'expliquer leurs actes.
Un extrait
"Ne me demandez pas son nom, on ne l'a jamais su. Très vite les gens l'ont appelé avec des expressions inventées de toutes pièces dans le dialecte et que je traduis: Vollaugä - Yeux pleins - en raison de son regard qui lui sortait un peu du visage; De Murmelnër - Le Murmurant - car il parlait très peu et toujours d'une petite voix qu'on aurait dit un souffle; Mondlich - Lunaire - à cause de son air d'être chez nous tout en n'y étant pas; Gekamdörhin - Celui qui est venu de là-bas.
Mais pour moi, il a toujours été De Anderer - L'Autre -, peut-être parce qu'en plus d'arriver de nulle part, il était différent, et cela, je connaissais bien: parfois même, je dois l'avouer, j'avais l'impression que lui, c'était un peu moi."
" “Je m'appelle Brodeck, et je n'y suis pour rien.
Brodeck, c'est mon nom.
Brodeck.
De grâce, souvenez-vous.
Brodeck.”
Ainsi s'achève le roman de Philippe Claudel
Impossible d'oublier Brodeck
Coup de coeur et coup de poing pour ce récit bouleversant et terrifiant
Nature humaine absurde et cruelle , un rapport sur l’intolérance, l'ignorance , la stigmatisation de l'autre , un roman puissant
13:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : le rapport brodeck philippe claudel
07/05/2016
les Ames grises
Coup de coeur pour ce roman, très fort, poignant, bouleversant
Un petit village de province , un matin d'hiver 1917; douleurs, lâchetés,injustice....
« Elle ressemblait ainsi à une très jeune princesse de conte, aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. Ses cheveux se mêlaient aux herbes roussies par les matins de gel et ses petites mains s'étaient fermées sur du vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de tous se couvraient de neige à mesure qu'ils soufflaient l'air comme des taureaux. On battait la semelle pour faire revenir le sang dans les pieds. Dans le ciel, des oies balourdes traçaient des cercles. Elles semblaient avoir perdu leur route. Le soleil se tassait dans son manteau de brouillard qui peinait à s'effilocher. On n'entendait rien. Même les canons semblaient avoir gelé. - C'est peut-être enfin la paix... hasarda Grossies. - La paix mon os ! lui lança son collègue qui rabattit la laine trempée sur le corps de la fillette. »
"Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917.
C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.
Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?
Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues: Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.
Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes.
La frontière entre le Bien et le Mal est au cœur de ce livre d’une tension dramatique qui saisit le lecteur dès les premières pages et ne faiblit jamais. Jusqu’à la dernière ligne."( 4ème de couverture)
Extrait
"La foule grossit et , on ne sait pas pourquoi , peut-etre parce que c'est toujours tres bete une foule , elle se fait menaçante , serre de plus en plus les prisonniers . Des poings se brandissent , des insultes volent , des cailloux aussi . Une foule , c'est quoi ? c'est rien , des pécores inoffensives si on leur cause les yeux dans les yeux . Mais mis ensemble , presque collés les uns aux autres , dans l'odeur des corps , de la transpiration , des haleines , la contemplation des visages , à l'affut du moindre mot , juste ou pas , ça devient de la dynamite , une machine infernale , une soupiere à vapeur prete à péter à la gueule si jamais on la touche ".
Adaptation cinématographique je n'ai pas vu le film
Les âmes grises : Réalisation Yves Angelo avec Jean-Pierre Marielle, Jacques Villeret, Marina Hands
d'apres le roman de Philippe Claudel
" Sur une trame policière, grâce à des comédiens au sommet de leur talent et à un suspens mené jusqu'au bout, Yves Angelo sonde au plus profond les ressorts sublimes et misérables de l'âme humaine"
Photos trouvées sur le net
14:48 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : les ames grises philippe claudel
19/04/2016
La confrérie des moines volants
1937. Le régime soviétique pille, vend et détruit les trésors de l'Eglise russe. Il ferme plus de mille monastères. Des centaines de milliers de prêtres et de moines sont exécutés. Les plus chanceux s'échappent, vivant cachés dans les forêts.
Voici l'histoire de Nikodime, qui, avec l'aide d'une poignée de moines-vagabonds, tente de sauver les plus beaux trésors de l'art sacré orthodoxe.( un extrait 4ème de couverture)
Metin Arditi restaure ici une fresque peu connue de l'histoire russe. Celle de la confrérie des moines volants. Qui a vraiment existé.
"l creuserait un trou en lisière de la crypte, de trois pas sur trois, et profond de deux mètres. Une fois le trou creusé, il déplacerait les pierres du mur depuis l’extérieur. Il lui serait alors possible d’étayer l’accès, de l’isoler, de le recouvrir d’une trappe, et pour finir de camoufler le tout.
Il y retourna le lendemain après les matines, à une heure où il faisait encore nuit, pour ne pas être vu avec une pioche. »
Sur la piste des icônes , un destin tragique, émouvant récit....
Photos trouvées sur le net
15:18 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : metin arditi la confrérie des moines volants
12/04/2016
" Compostelle malgré moi"
le chemin....
Jean-Christophe Rufin a suivi à pied, sur plus de huit cents kilomètres, le "Chemin du Nord" jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle. Beaucoup moins fréquenté que la voie habituelle des pèlerins, cet itinéraire longe les côtes basque et cantabrique puis traverse les montagnes sauvages des Asturies et de Galice.
"Chaque fois que l'on m'a posé la question : “Pourquoi êtes-vous allé à Santiago ?”, j'ai été bien en peine de répondre. Comment expliquer à ceux qui ne l'ont pas vécu que le Chemin a pour effet sinon pour vertu de faire oublier les raisons qui ont amené à s'y engager ? On est parti, voilà tout."( Un extrait 4ème de couverture )
Prendre son temps....Dans la peau d'un jacquet, l'auteur , avec plein d'humour,nous raconte ses douleurs , sa solitude, ses rencontres, " son chemin"...
sur ce sentier du Pays Basque, nous les avons souvent rencontrés....et dans les ruelles de St Jean Pied de Port
On les retrouve là ,pour le tamponnage de leur credencial, le passeport du Pèlerin
Photos , un automne à Bidarray , là, c'est Jean- Noël...on a fait des petits bouts de chemins....
J'ai aimé
17:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : compostelle malgré moi" rufin
07/03/2016
lu et aimé
Après "Petit Piment"
Mémoires de Porc- épic
"Mémoires de porc-épic est le second volet d'une trilogie inaugurée par l'inoubliable Verre Cassé. ( pas encore lu ) Ici encore, en détournant, avec le sens de la dérision qu'on lui connaît, les codes narratifs de la fable, Alain Mabanckou revisite en profondeur un certain nombre de lieux fondateurs de la littérature et de la culture africaines.
"Parodiant librement une légende populaire selon laquelle chaque être humain possède un double animal dans la nature, il nous livre l'histoire d'un étonnant porc-épic, chargé par son alter ego humain, un certain Kibandi, d'accomplir, à l'aide de ses redoutables piquants, toute une série de meurtres rocambolesques. Malheur aux villageois qui se retrouvent sur la route de Kibandi, car son ami porc-épic est prêt à tout pour satisfaire la folie sanguinaire de son "maître"!
Avec brio et malice, Alain Mabanckou renouvelle les formes traditionnelles du conte africain, pour nous offrir un récit truculent et picaresque où l'on retrouve l'art de l'ironie et la verve inventive qui en font l'une des voix majeures de la littérature francophone actuelle.( un extrait Babelio)
Magnifique conte , une fable drôle, malicieuse j'ai aimé ce petit porc- épic, réfugié au pied d’un baobab il raconte ....
"je n'ai pas demandé à survivre, comme d'ailleurs je ne demanderai pas à mourir, je me contente de respirer, de voir ce que je pourrais faire d'utile dans le futur, j'ai pour cela deux pistes que j'aimerais suivre, d'abord je voudrais mener une bataille sans merci contre les doubles nuisibles de cette contrée, je sais que c'est un grand combat, mais je voudrais les traquer les uns après les autres, une manière de me racheter, d'effacer ma part de responsabilité quant aux malheurs qui ont endeuillé ce village et beaucoup d'autres, la deuxième piste à laquelle je songe est simple, mon cher Baobab, je voudrais retourner vivre dans notre ancien territoire parce que la fréquentation des hommes a créé en moi le sentiment de la nostalgie, un sentiment que je qualifierais de mal du territoire, eux parleraient de mal du pays, je tiens désormais à mes souvenirs comme l'éléphant tient à ses défenses, ce sont ces images lointaines, ces ombres disparues, ces bruits éloignés qui m'empêchent de commettre l'irréparable, oui, l'irréparable.....un extrait
Le couple meurtrier sillonne l’Afrique jusqu’au jour où Kibandi rencontre bien plus redoutable que lui…
Aujourd'hui, les première pages....
13:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mémoires d'un porc -épic alain mabanckou