12/11/2013
L'obscure mémoire des armes
"La mort impose son silence. Victimes et coupables sont enfouis sous la même terre ou fouettés par la même pluie qui efface les ombres jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Un lien avait-il existé entre Ginelli et Germán Reyes de leur vivant ? Le temps passait, gommant les traces du coup d’État perfide, l’écho du cri, la cruauté du bourreau, la complicité des juges, l’encre mensongère. Trop d’oubli pesait sur les morts, vaincus par le cours du temps et les mots prononcés à mi-voix. Et la douleur ? Et la peur, l’humiliation ? À quoi servait la vérité si elle ne rendait pas la vie aux défunts, si elle ne délivrait pas le survivant de ses cauchemars ?...."
"German Reyes est abattu à la sortie de son travail, la police de Santiago du Chili met cette affaire sur le compte de la délinquance ordinaire, sa soeur est la seule à ne pas accepter cet assassinat sans piste ni mobile. Elle est l’amie de Griseta, l’éternel amour fugitif de Heredia, qui ne sait rien lui refuser. Détective privé, celui-ci vit avec son chat Simenon..."
« Le monde est pourri et tombe en morceaux mais c’est seulement l’avis d’un chat qui voudrait vivre tranquille »
Après "la couleur de la peau" et les sept chats de Simenon" dans ce beau roman noir , j'ai retrouvé Heredia, et son chat Simenon.
Il aime toujours trainer la nuit dans les vieux bars des ruelles de Santiago, il aime toujours la poésie et il parle à son chat...
Dans cette nouvelle affaire il se retrouve confronté aux fantômes du passé de la dictature, les heures sombres de Pinochet , les séances de tortures dans la villa Grimaldi
Les cauchemars des survivants , la difficulté du retour de la démocratie,
Le danger de l'oubli...
"Une fois dans la rue, j'ai marché sans but en observant les gens qui rentraient du travail.Visages maquillés, cheveux teints, lunettes noires, vêtements de couleurs et de styles différents.Apparence, tout n'était qu'apparence,duperie, masque, camouflage, mensonge. Je me suis souvenu d'un poème de Jaime Gil de Biedma: Derrière le mort dans l'étang, derrière le fantôme dans le verger, derrière la femme qui danse et l'homme obsédé par la boisson, derrière l'expression de fatigue, la migraine et les plaintes, il existe toujours une autre histoire qui n'est jamais ce que nous voyons.( page 253 , un extrait)
Ramon Diaz-Eterovic , un roman, sur une période sombre du Chili
15:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : l'obscure mémoire des armes ramon diaz -eterovic
25/09/2013
La couleur de la peau
[…] En revenant vers mon bureau je me suis arrêté devant un mur sur lequel quelqu’un avait écrit : “Dehors, les Péruviens.”
J’avais déjà lu ce genre de graffiti, ils accusaient les Péruviens de faire entrer la tuberculose au Chili, d’augmenter la délinquance ou de priver les Chiliens de leur travail.
Certains étaient anonymes, d’autres signés par des groupes néonazis qui exprimaient tous les jours leur nationalisme odieux sur les murs du quartier dans l’indifférence générale.
Rien de nouveau sinon la stupidité vieille comme le monde de croire qu’un nom, la grosseur d’un porte feuille ou la race fait de vous un être supérieur."
"Chiliens, péruviens, argentins, boliviens, on est tous dans la même galère. La misère a partout le même visage."
J'ai dévoré et aimé ce polar de Ramon Diaz
« Le monde est pourri et tombe en morceaux mais c’est seulement l’avis d’un chat qui voudrait vivre tranquille »
Le chat, c'est Simenon , le chat philosophe, compagnon d'Heredia , le détective privé chilien. La nuit, il traîne dans les vieux bars et on va découvrir le Santiago de l'émigration et du racisme.
"
Comme beaucoup de jeunes péruviens, Alberto Coiro est venu chercher du travail à Santiago du Choli, et lorsqu'il disparaît brutalement, Heredia, le détective privé mélancolique et désabusé, se laisse persuader de partir à sa recherche..."
Biographie Ramon Díaz-Eterovic
"Né dans l’Extrême-Sud du Chili, Ramon Díaz-Eterovic grandit dans une famille ouvrière, auprès d’une mère illettrée, jusqu’en 1973, lorsqu’il s’installe à Santiago pour des études en sciences politiques et administratives à l’université du Chili. Durant cette période, il dirige une revue culturelle qui paraît quatre fois avant d’être censurée, et milite au Parti communiste, deux activités qui lui valent d’être séquestré en 1977 par la police politique de Pinochet.
En 1985, Ramon Díaz-Eterovic rejoint le Movimiento Democrático Popular, qui tente de mettre fin à la dictature de Pinochet et de restaurer la démocratie. De 1991 à 1993, il préside la Société des écrivains du Chili. Auteur de recueils de poèmes et de storyboards pour dessins animés, Ramon Díaz-Eterovic publie en 1987 ‘La Ciudad está Triste’, première des neuf aventures de son détective privé Heredia, antihéros désabusé qui se bat contre des forces qui le dépassent, défendant ses valeurs éthiques et morales, habitant un quartier populaire de Santiago. La suite, ‘Solo en la Oscuridad’ (1992), introduit le fidèle compagnon et confident de Heredia, à savoir Simenon, son chat philosophe doué de parole avec qui il aime discuter.
Leçon apprise de son maître en la matière, Georges Simenon, l’auteur excelle dans l’évocation des ambiances lourdes et sombres de la ville de Santiago. Ramon Díaz-Eterovic a notamment été récompensé par le prix Anna-Seghers (1987), le prix Dashiel Hammett, le prix du Conseil national du livre du Chili et le prix Las Dos Orillas." ( source Evene)
« Simenon est venu s'installer près de moi. Son oisiveté et sa beauté étaient intactes malgré l'âge et les coups de griffe récoltés dans ses bagarres avec les autres chats du quartier. Nous avions tous deux grossi depuis l'après-midi où il était arrivé dans mon bureau maigre et affamé, avec juste assez de forces pour s'allonger sur les quatre tomes des romans de Simenon. Depuis lors, il avait un nom, un foyer et toujours quelques gouttes de lait et de quoi manger. Depuis lors, le volume de mes livres entassés au hasard avait lui aussi augmenté. » (page 59).
[1] « On ne nous a même pas donné l'occasion de nous tromper. On a survécu avec nos idées et nos douleurs, et beaucoup ne savent même plus où ils en sont. Mais malgré tout, je ne renonce à rien. Il faut lutter pour retrouver la révolte, la capacité d'enthousiasme et regarder plus loin que son propre nombril. »(page 168)
" les Sept fils de Simenon" ( 2001) ce sera mon prochain....
Heredia aime la poésie , les bars, les tangos, il parle à son chat...Heredia mélancolique , aux amours passagères...
J'ai très envie de le retrouver dans les rues de Santiago...
13:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : la couleur de la peau, de ramon diaz- eterovic
04/09/2013
j'ai lu
La nostalgie heureuse
Pas un roman, mais un récit, c'est son histoire , une jolie histoire, drôle et touchante.
"Je suis une aspirine effervescente qui se dissout dans Tokyo"
"L'auteure est retournée au Japon sur les traces de son enfance : l'appartement de ses parents, son école maternelle, sa nounou, et bien entendu Rinri, son premier flirt qu'elle faillit épouser… Le tournage de ces moments intimes et émouvants lui ont inspiré son dernier roman "La nostalgie heureuse" (chez Albin Michel).
un pays, le Japon. Pour la première fois, ce film retrace son histoire. Avec simplicité et humour, loin des apparences d’excentricité ou de mégalomanie, Amélie nous emmène dans un voyage intime, au plus près de ses souvenirs, à l’écoute de ses battements de coeur, à la recherche des personnages de son passé, qui inspirent ses quatre romans consacrés au Japon, parmi lesquels Stupeur et tremblements… D’un Japon poétique à un Tokyo frénétique, jusque dans la région ravagée de Fukushima, Amélie Nothomb accepte de soulever son masque (de Nô)
Publié dans : France 4 / France 5
Un extrait
Tout ce que l'on aime devient une fiction.
la première des miennes fut le Japon. A l'âge de cinq ans, quand on m'en arracha, je commençai à me le raconter....
Ce que l'on a vécu laisse dans la poitrine une musique: c'est elle qu'on s'efforce d'entendre à travers le récit.
il s'agit d'écrire ce son avec les moyens du langage. Cela suppose des coupes et des approximations. On élague pour mettre à nu le trouble qui nous gagnés.....
Quelques lignes ou l'on découvre l'esprit Nippon
La catastrophe du 11 mars 2011
C'est Rinri ( son ancien petit ami) qui parle, ils sont à Tokyo " Savez- vous qu'à Tokyo, je connais de nombreuses personnes qui, au nom de ce qu'ils appellent la solidarité, se nourrissent exclusivement de légumes qui ont poussé à Fukushima..." assez incroyable !
j'aime ce joli mot
"Natsukashii" nostalgie, le vrai sens au japon: l'instant ou le beau souvenir revient à la mémoire et l'emplit de douceur.
La nostalgie heureuse ,un texte court, une balade au pays de son enfance , drôle et tendre.
09:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : la nostalgie heureuse, amelie nothomb
12/06/2013
Lu et aimé
Un récit d'aventure , un récit joyeux de Nahal Tajadod , une histoire vraie qui lui est arrivée en 2005.
L' histoire d' un passeport , situations absurdes , Nahal Tajadod nous montre les deux visages de l' Iran. Celui de la république Islamique, effrayant, ou la religion est loi, et ou chacun essai de la contourner
et un Iran très chaleureux et solidaire
Répression et générosité
Une histoire drôle
"Pour faire renouveler le passeport d'une femme, tout un peuple se mobilise. Et la vraie vie de Téhéran nous est soudain révélée, sous le regard aigu du rire : deux photographes spécialistes de portraits islamiques, un médecin légiste qui troque des organes, une maquerelle qui veut envoyer des filles à Dubaï, une grand-mère qui offre une poule vivante à un militaire implacable, un technicien qui cache une parabole TV dans une marmite d'offrandes religieuses... Il y a là toute une énumération qui a la fantaisie et la générosité désordonnée des bazars orientaux où le rituel du târof - qui consiste à d'abord refuser tout paiement - est infiniment plus vivant et précieux que la loi du talion, où Hâfez côtoie Balzac avec un même appétit de vivre. Voilà l'Iran surprenant que nous fait découvrir Nahal Tajadod avec espièglerie et humour, et surtout avec l'immense tendresse d'une femme qui aime passionnément son pays et refuse l'image qu'on offre de lui."
Nahal Tajadod est née en Iran. Elle descend d'une famille liée à l'histoire de son pays. Elle vient vivre à Paris en 1977, étudie le chinois et travaille sur les relations entre l'Iran et la Chine. Elle a publié en 2005 Roumi le brûlé, une superbe biographie romancée du grand poète persan.
lu aussi et aimé " Elle joue "
14:08 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : livre, passeport à l'iranniène
12/05/2013
Un livre
Un thriller dont les héros sont des fourmis....
Un récit de Bernard Werber
je commence le premier d'une trilogie, les fourmis, le jour des fourmis, la révolution des fourmis
C'est ainsi que commence ce roman
"Le temps que vous lisiez ces lignes, sept cents millions de fourmis seront nées sur la planète. Sept cents millions d'individus dans une communauté estimée à un milliard de milliards, et qui a ses villes, sa hiérarchie, ses colonies, son langage, sa production industrielle, ses esclaves, ses mercenaires... Ses armes aussi. Terriblement destructrices..."
.
Lorsqu'il entre dans la cave de la maison léguée par un vieil oncle enthomologiste, Jonathan Wells est loin de se douter qu'il va à leur rencontre...."
A suivre...
Bernard Werber
"Il naît à Toulouse (Haute-Garonne) le 18 septembre 1961. Dès l’âge de 14 ans, il écrit des histoires pour un fanzine (partie de sa vie qui lui servira pour ses romans, comme dans L’Empire des anges). Après ses études en criminologie, il devient journaliste scientifique pendant une dizaine d’années, notamment pour Eurêka, le magazine de la Cité des sciences et de l’industrie. Il fut aussi un collaborateur régulier du Nouvel Observateur. De ces années lui vient son goût pour la science, qu’il mêle avec ses thèmes favoris, des fourmis à la mort en passant par les origines de l’humanité." ( source Babelio)
"Il parcourt depuis quinze ans tous les dédales de la civilisation des fourmis. il en connaît tous les recoins et tous les secrets"
Les fourmis , un extrait p.91
"C'est quelque chose qu'il n'a jusqu'alors jamais senti, jamais vu.
Une femelle.
Et quelle femelle! Il prend le temps de l'examiner. Ses pattes graciles au galbe parfait sont décorées de petits poils délicieusement poisseux d'hormones sexuelles. Ses antennes épaisses pétillent d'odeurs fortes. Ses yeux aux reflets rouges sont comme deux myrtilles. Elle a un abdomen massif, lisse et fuselé. Un large bouclier thoracique, surmonté d'un mésotonum adorablement granuleux. Et enfin de longues ailes, deux fois plus grandes que les siennes.
La femelle écarte ses mignonnes petites mandibules et... lui saute à la gorge pour le décapiter"
Quelques lignes terrifiantes...".Le jour des fourmis approche"
14:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : les fourmis, bernard werber
24/04/2013
Ce jour là....Nous la voyons, toute petite, sur un banc de pierre...
Willy Ronis, nous parle de Marie- Anne, très émouvant
On la voit en effet , " toute petite, sur le banc de pierre, au milieu des feuilles mortes...."
Ce jour-là, justement, j'étais dans son petit appartement qui donnait sur le parc de la maison de retraite.
La vue était très belle. Marie-Anne donnait des signes de fatigue et, en regardant par la fenêtre, je m'étais dit que j'aurais aimé la photographier dans ce parc, assisse sur le petit banc de pierre qu'on voyait de la chambre.
Cette réflexion, je me l'étais faite pendant l'été, et je me disais, non, ayons de la patience, ce sera beaucoup mieux en novembre. Je préférais prendre cette photo en automne, je voulais voir les feuilles mortes par terre, je savais que ma photographie serait plus symbolique. Elle dirait le retour à la terre, imminent. Alors, j'ai attendu.
Et j'ai eu raison. Marie-Anne a d'ailleurs vécu encore trois ans, et nous la voyons, toute petite, sur le banc de pierre, au milieu des feuilles mortes.
Cette photo, naturellement, m'est très chère, je ne peux pas en dire davantage. Marie-Anne, fait partie de la nature, du feuillage, comme un petit insecte, dans l'herbe. Nous avons vécu ensemble quarante-six ans.
"Marie-Anne et Vincent jouant aux boules de neige. c'était un jour heureux..."
13:38 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : ce jour là, willy ronis
07/04/2013
Ce jour là....joinville 1947
Histoire d'une photo
Chez Maxe, Joinville, 1947
Ce jour-là, j’étais debout sur une chaise. J’étais allé à Joinville pour un reportage sur les guinguettes que m’avait demandé Le Figaro qui éditait alors tous les trimestres un bel album sur papier couché, avec des textes d’artistes, d’écrivains, de poètes.
C’était en 1947, un dimanche après-midi. J’aimais en particulier l’ambiance de ces guinguettes, j’y venais régulièrement. Chez Maxe, c’était le nom de celle-ci, curieusement écrit avec un « e », et dès que je suis entré j’ai vu un groupe de danseurs vers le fond, que j’ai eu envie de photographier. Tout de suite. Mais il me fallait chercher un point de vue, je ne pouvais pas aller directement sur la piste car la photo aurait été prise de trop près, il me fallait trouver un endroit qui me ferait dominer l’ensemble de la danse. C’est ce mouvement général de la salle et de la danse qui m’attirait. Et que je voulais saisir. Alors, j’ai grimpé sur une chaise, juste derrière ce couple qui est là, devant, de dos.
Ce sera mon premier plan, j’ai pensé. Mais une fois sur la chaise, mon attention a été attirée vers un garçon qui faisait danser deux filles, très librement, très élégamment, sur la droite. C’est mon sujet, je me suis dit. Je le sens tout de suite quand je trouve mon sujet. Alors, j’ai fait signe au danseur pour qu’il se rapproche. Lui aussi m’avait remarqué, il m’a compris aussitôt et, tout en dansant avec les deux filles, il s’est avancé vers moi?: c’est alors que j’ai fait ma photo.
Il dansait comme un dieu. Et d’ailleurs, pour faire danser deux filles comme ça, il fallait qu’il ait vraiment du talent. Mais quand la musique s’est arrêtée et qu’il a repris sa place, je me suis aperçu qu’il avait un pied bot. J’étais stupéfait. C’était tout à fait invisible quand il dansait.
Le moment où je choisis de prendre une photo est très difficile à définir. C’est très complexe. Parfois, les choses me sont offertes, avec grâce. C’est ce que j’appelle le moment juste. Je sais bien que si j’attends, ce sera perdu, enfui. J’aime cette précision de l’instant. D’autres fois, j’aide le destin. Par exemple, ici, je sais que le premier couple ne s’est rendu compte de rien, mais pour avoir cette photo précise, je les ai vraiment appelés, mes danseurs.
L’histoire ne s’arrête pas là. Il y a trois ans, j’ai reçu une lettre de la danseuse qui est sur la droite. Elle me disait qu’elle voyait cette photo de temps en temps dans la presse et qu’elle tenait à me dire combien elle était touchée par tout ce qu’elle représentait. Sa jeunesse, l’ambiance de ces guinguettes, et bien sûr la jeune fille qui dansait sur la gauche qui était une copine d’enfance?: depuis la maternelle, précisait-elle. Mais le garçon, non, elles ne l’avaient plus jamais revu. Elles n’avaient dansé que cette fois-là avec lui.
Pour Rêver un peu....un siècle en noir et blanc , un livre
Ce jour-là
Epok, l'Hebdo de la Fnac.
00:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : ce jour là, willy ronis
20/03/2013
Prévert et Izis
Izis
Le rêveur des rêves captifs
"Grand bal du printempsc’est un message d’espoir qu’adressent Prévert et Izis, ces deux flâneurs humanistes, au monde encore traumatisé par la guerre.
La gerbe de photos et de poèmes ici rassemblés - enfants en guenilles, ouvriers exténués, « fous de misère », écrit Prévert, dormant sur le pavé, murs lépreux, clochards… - expriment la dureté des conditions de vie du peuple parisien en ces années de privation. Mais les beaux jours, forcément, reviennent…
"Sur une palissade
Dans un pauvre quartier
Des affiches mal collées
Grand bal du printemps
Illuminent
l'ombre d'un arbre decharné
Et celle d'un réverbère
Pas encore allumé "
Aujourd’hui, Grand bal du printemps nous rappelle que Paris était la ville du peuple, que le peuple était à Paris dans ses murs."
Cet album n'avait jamais été réédité depuis sa première publication en 1951. Il était introuvable depuis plus de cinquante ans.
Izis tirait le portrait des mots de Prévert, et Prévert lançait la balle des mots que l’appareil photo devait attraper en vol.
( Gil Pressnitzer )
"Ces choses et ces êtres
ont été touchés aussi
Et malgré sa misère
ce petit monde
avec toute sa lumière
s’est fait une beauté pour lui. (Jacques Prévert pour Izis)"
Je rentre ce soir avec ce livre, Grand bal du printemps, "un long poème à deux voix" superbe !
Izis Bidermanas, poète de la photographie (1911-1980)
Arrivé à Paris en 1931 sans papiers, sans ressources, ne parlant pas Français, Izis connaît d'abord l'existence précaire et miséreuse de la plupart des immigrés du monde, de ces "étranges étrangers" que Jacques Prévert saluera vingt ans plus tard. ( Jean- Paul Liégeois )
A suivre....
00:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : le grand bal du printemps
27/02/2013
Elle joue
" C'est en écrivant sur sheyda, qui a l'âge de la république islamique et de cet Iran qui me fuit, que j'ai entrevu une possibilité d"approche.
Et je me suis rapelé Roumi qui se plaignait, lui aussi, de ne pas savoir qui il était: "je suis le compagnon du vent, le fainéant, le feu brûlant,le torrent fuyant, le brigand et l'ogre,triste et coléreux .Je ne suis ni bon ni laid , ni ceci ni cela....
Ni esclave ni homme libre....
Je suis la goutte et l'ocean,la bonté et la colère...."
L'Iran de la république islamique est tout cela: le grain, le piège, le vin, la coupe, le sucre, le poison, le laitet le sang, le visible et le caché, ni esclave ni homme libre...."
Au pays des mollahs ,dans un jardin ombragé, deux regards, deux femmes, Sheyda et Nahal ,continuent à se raconter....
La revue de presse : Catherine Simon - Le Monde du 1er novembre 2012
Deux Iraniennes se racontent le pays de leur enfance dans le délicat et séduisant " Elle joue ". Toute deux sont nées en Iran, toute deux en sont parties. L'une raconte ; l'autre écoute... mais parle aussi. " C'est son histoire et c'est mon livre ", prévient Nahal Tajadod. Elle-même a quitté Téhéran, il y a plus de trente ans, en 1977 - deux ans avant la chute du Chah.
En France, elle jouit d'une certaine notoriété : elle est l'auteure de plusieurs livres, parmi lesquels Les Porteurs de lumière (Albin Michel, 2008), coécrit avec son époux, Jean-Claude Carrière. Sheyda, elle, est inconnue. Du moins en France. Actrice de cinéma au succès grandissant en Iran, la jeune femme (dont on ne saura le nom qu'à la fin du livre) n'a pas connu d'autre régime que celui des ayatollahs. Elle raconte son enfance, son pays, à la demande de son aînée - assoiffée, attentive...
" Nos Hemingway vendent aujourd'hui des pizzas ", observe Nahal Tajadod. Réfutant cette vision amère, Sheyda n'hésite pas à se dire " convaincue que les gens sont heureux en Iran ". Jeunesse oblige ? Deux visages se rapprochent, s'observent, se séparent. Elle joue, délicat et séduisant jeu de miroirs, est un adieu au pays aimé autant qu'à la jeunesse enfuie.
Elle joue, Nahal Tajadod raconte le destin d'une actrice iranienne - inspirée par Golshifteh Farahani -
Golshifteh Farahani incarne l'héroïne de "Syngué Sabour", réalisé par l'écrivain Atiq Rahimi.
"En pleine guerre, dans une ville assiégée et bombardée, une femme prend la parole. Sur ce motif simple et poignant, Atiq Rahimi est l'auteur d'un magnifique monologue d'une jeune épouse à Kaboul sous le joug de la barbarie masculine. Au chevet de son mari dans le coma, entre les cris et les mitraillettes, elle se met à parler à ce corps allongé et immobile pour ne pas perdre la raison."( Catherine Fruchon - Toussaint)
Elle joue, un roman passionnant
Quel courage ont ces femmes ! respect...
http://nono.hautetfort.com/archive/2013/02/14/un-poeme.html
Quelques mots sur "ils'
"ILS" c'est la menace, la terreur...
"ils, ce sont ceux du ministère des renseignements, du ministère de la guidance islamique, ils, du KGB, de la Securitate de Ceausescu, de la DINA de Pinochet, de la KYP des colonels grecs.
Ils, toujours et encore là. Toujours ils. ils parlent espagnol, persan, russe, roumain ou grec. ils parlent le vocabulaire de la menace, du câble d'acier, du fouet. La même langue,
Tous. "
13:44 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : elle joue, nahal tajadod
29/11/2012
J'ai lu
J'avais écouté joseph.html
" Je vis avec l'autisme" écrit josef Schovanec
J'ai lu, " je suis à l'Est" Un témoignage , une leçon de vie
Dans sa préface , jean claude Ameisen , médecin et chercheur, écrit
" c'est un livre bouleversant. d'une exceptionnelle délicatesse, d'une extrême émotion. Un extraordinaire récit d'aventures, empli d'esprit, d'élégance, de courae, de la distance de l'humour et de la profondeur d'une culture sans frontière.
Une leçon d'Humanité.
Les derniers mots de l'auteur "Je crois que l'être humain est beaucoup plus composite, en mouvement.
Ne l'enfermons pas, ne nous enfermons pas dans une case.Il nous en manquerait une.
15:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : je suis à l'est, josef schovanec