30/08/2010
La solitude, un poème
Avec le trop plein d’un seau
Avec cette lampe aux œufs d’or
Sur la desserte de la neige
Quand il a bien fait froid dehors
Avec une route où s’avance
Un cheval qui n’est pas d’ici
Avec l’enfant glacé tout seul
Dans un autocar de rêve
Avec des villes consumées
Dans le désert de ma mémoire
Un ciel d’épines et de craie
Où le soleil ne vient plus boire
Avec l’idiot désemparé
Devant ses mains qui le prolongent
Et dont le cœur comme une oronge
Suscite un désir de forêt
Avec toi qui me dissimules
Sous les tentures de ta chair
Je recommence le monde.
(René-Guy CADOU, Les sept péchés capitaux, 1949)
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27/08/2010
Une Récitation, c'est bientôt la rentrée....
L’ENTERREMENT D’UNE FOURMI
Au bon La Fontaine
Les Fourmis sont en grand émoi :
L’âme du nid, la reine est morte !
Au bas d’une très vieille porte,
Sous un chêne, va le convoi.
Le vent cingle sur le sol froid
La nombreuse et fragile escorte.
Les fourmis sont en grand émoi :
L’âme du nid, la reine est morte !
Un tout petit je ne sais quoi
Glisse, tiré par la plus forte :
C’est le corbillard qui transporte
La défunte au caveau du roi.
Les fourmis sont en grand émoi !
Poème mis en musique
Extrait de « Les Névroses »
Maurice ROLLINAT
(1846 - 1903)
Maurice ROLLINAT a connu George SAND qui l’a conseillé ; on la considère comme sa marraine littéraire. Voulant vivre de sa poésie, il va à Paris et publie son premier recueil « Dans les Brandes » puis « Les Névroses » qui lui permet d’accéder à la reconnaissance littéraire. Sarah BERNARDT le fait connaître. Il devient l’un des poètes du Chat Noir. C’est aussi un compositeur de talent qui aime jouer au piano en chantant ses poèmes en public. Lassé par les critiques et la vie parisienne, il se réfugie à Fresselines dans la Creuse à partir de 1883 et jusqu’à sa mort.
Association des amis de Maurice Rollinat
06:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poeme m.rollinat
20/06/2010
Et le sourire
Et un sourire
La nuit n'est jamais complète
IIl y a toujours, puisque je le dis
puisque je l'affirme
au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler, faim à satisfaire
un coeur généreux
Une main tendue, une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie, la vie à se partager
Paul Eluard
22:52 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, paul eluard
16/04/2010
La fourmie et la cigale
Réécriture de la Cigale et la Fourmi par Françoise Sagan
La Fourmi ayant stocké tout l'hiver
Se trouva fort encombrée
Quand le soleil fut venu:
Qui lui prendrait ses morceaux
De mouches ou de vermisseaux?
Elle tenta de démarcher
Chez la Cigale sa voisine,
La poussant à s'acheter.
Quelque grain pour subsister
Jusqu'Ua saison prochaine.
«Vous me paierez, lui dit-elle,
Après l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
La Cigale n'est pas gourmande:
C'est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps froid?
Dit-elle à cette amasseuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je stockois, ne vous déplaise.
- Vous stockiez? j'en suis fort aise:
Eh bien soldez maintenant. »
Texte de Françoi~e Sagan. on y rencontre une Fourmi dans
l'embarras et une Cigale qui triomphe...
Collectif, LA Cigaleet la Fourmi, trente versions inédites
(LSilfrat, 1989.
-
10:21 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : réécriture de la cigale et la fourmi par françoisesagan
14/04/2010
Un extrait
Un coeur sous une soutane
Arthur Rimbaud
Un extrait
Rimbaud campe ici un personnage de séminariste qui est une caricature de ses camarades du collège de charleville
"Ne devinez-vous pas pourquoi je meurs d'amour?
La fleur me dit: salut: l'oiseau me dit bonjour:
Salut; c'est le printemps! c'est l'ange de tendresse!
Ne devinez-vous pas pourquoi je bous d'ivresse?
Ange de ma grand'mère, ange de mon berceau,
Ne devinez-vous pas que je deviens oiseau,
Que ma lyre frissonne et que je bats de l'aile
Comme hirondelle?...
J'ai fait ces vers là hier, pendant la récréation; je suis entré dans la chapelle, je me suis enfermé dans un confessionnal, et là, ma jeune poésie a pu palpiter et s'envoler, dans le rêve et le silence, vers les sphères de l'amour. Puis, comme on vient m'enlever mes moindres papiers dans mes poches, la nuit et le jour, j'ai cousu ces vers en bas de mon dernier vêtement, celui qui touche immédiatement à ma peau, et, pendant l'étude, je tire, sous mes habits, ma poésie sur mon coeur, et je la presse longuement en rêvant..."
19:50 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poesie, arthur rimbaud
12/04/2010
Récitations
L’ENTERREMENT D’UNE FOURMI
Au bon La Fontaine
Les Fourmis sont en grand émoi :
L’âme du nid, la reine est morte !
Au bas d’une très vieille porte,
Sous un chêne, va le convoi.
Le vent cingle sur le sol froid
La nombreuse et fragile escorte.
Les fourmis sont en grand émoi :
L’âme du nid, la reine est morte !
Un tout petit je ne sais quoi
Glisse, tiré par la plus forte :
C’est le corbillard qui transporte
La défunte au caveau du roi.
Les fourmis sont en grand émoi !
Poème mis en musique
Extrait de « Les Névroses »
Maurice ROLLINAT
(1846 - 1903)
Maurice ROLLINAT a connu George SAND qui l’a conseillé ; on la considère comme sa marraine littéraire. Voulant vivre de sa poésie, il va à Paris et publie son premier recueil « Dans les Brandes » puis « Les Névroses » qui lui permet d’accéder à la reconnaissance littéraire. Sarah BERNARDT le fait connaître. Il devient l’un des poètes du Chat Noir. C’est aussi un compositeur de talent qui aime jouer au piano en chantant ses poèmes en public. Lassé par les critiques et la vie parisienne, il se réfugie à Fresselines dans la Creuse à partir de 1883 et jusqu’à sa mort.
Récitation, retrouvée dans " Association des amis de Maurice Rollinat"
LA BICHE
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux :
Son petit faon délicieux
A disparu dans la nuit brune.
Pour raconter son infortune
À la forêt de ses aïeux,
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux.
Mais aucune réponse, aucune,
À ses longs appels anxieux !
Et, le cou tendu vers les cieux,
Folle d’amour et de rancune,
La biche brame au clair de lune.
Je ne connaissais que "la fourmi" et" la biche"
"Les névroses" se composent de plusieurs chapitres : "Les âmes, Les luxures, Les refuges, Les spectres, Les ténèbres" ; c'est un chant douloureux où certains thèmes reviennent régulièrement, celui de la poussière, de la vision d'une tombe, de la hantise de l'au-delà.
Dans la première partie "Les âmes", le poète parle de l'Art et des génies, Frédéric CHOPIN, Edgar POE, de ses inspirateurs dans un climat de frissons, de douleurs, de musique, de plaintes, de parfums. Voici le poème sur Edgar POE :
"Edgar POE fut démon, ne voulant pas être Ange.
Au lieu du Rossignol, il chanta le Corbeau ;
Et dans le diamant du Mal et de l'Étrange
Il cisela son rêve effroyablement beau.
Il cherchait dans le gouffre où la raison s'abîme
Les secrets de la Mort et de l'Éternité,
Et son âme où passait l'éclair sanglant du crime
Avait le cauchemar de la Perversité.
Chaste, mystérieux, sardonique et féroce,
Il raffine l'Intense, il aiguise l'Atroce ;
Son arbre est un cyprès ; sa femme, un revenant.
Devant son oeil de lynx le problème s'éclaire :
- Oh ! comme je comprends l'amour de Baudelaire
Pour ce grand Ténébreux qu'on lit en frissonnant !".
Je découvre de nombreux poèmes
"Au XXème siècle, ses poèmes ont longtemps continué à être appris dans les écoles et en ce début de XXIème siècle, il y a toujours des étudiants qui le choisissent comme thème, pour un mémoire, une thèse, il y a toujours des sites Internet qui décrivent cet homme et son époque, prouvant que malgré un apparent délaissement, Maurice Rollinat retient toujours l’attention de chercheurs, de collectionneurs et d’amoureux de la poésie. Et bien sûr, il y a l’association des Amis de Maurice Rollinat qui entretient son souvenir par des manifestations, un prix de poésie et l’édition d’un Bulletin annuel d’une centaine de pages."
Régis Miannay et Catherine Réault-Crosnier
23:55 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poeme m.rollinat
31/03/2010
Récitation
La source tombait du rocher
La source tombait du rocher
Goutte à goutte à la mer affreuse.
L'océan, fatal au nocher,
Lui dit : - Que me veux-tu, pleureuse ?
Je suis la tempête et l'effroi ;
Je finis où le ciel commence.
Est-ce que j'ai besoin de toi,
Petite, moi qui suis l'immense ? -
La source dit au gouffre amer :
- je te donne, sans bruit ni gloire,
Ce qui te manque, ô vaste mer !
Une goutte d'eau qu'on peut boire.
Victor HUGO (1802-1885)
06:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : poème victor hugo
19/03/2010
Jean De La ville De Mirmont
Hier, quelques lignes dans Sud Ouest
L'AMI DE FRANCOIS MAURIAC, BORDEAUX. La tombe de Jean de la Ville de Mirmont est menacée de reprise. Ses inconditionnels réagissent
Poète oublié jusqu 'au cimetière
Tué à la Guerre de 14, à vingt-sept ans, il
avait eu tout juste le temps de publier Les dimanches de Jean Dézert, roman
autobiographique. Les Contes et L’horizon chimérique, recueil de poèmes, ne le furent
qu’après sa mort.
Alors, j'ai lu quelques poèmes....
"Je suis né dans un port et depuis mon enfance
J’ai vu passer par là bien des pays divers
Attentif à la brise et toujours en partance
Mon coeur n’a jamais pris le chemin de la mer…"
"Jean de La Ville de Mirmont est né le 2 décembre 1886, à Bordeaux, dans ce milieu de la
grande bourgeoisie protestante. Famille de six enfants. Le père, éminent latiniste et
professeur, intimide le petit Jean mais une tendre complicité le lie à sa mère. Une
photographie les montre appuyés l’un contre l’autre, elle discrètement souriante, lui angelot
pensif aux joues rondes.
Si la myopie emplit ses beaux yeux noirs de rêves, elle brisera cependant le plus cher :
devenir marin. On n’en était pas encore à la fine incision de la cornée qui corrige la mauvaise
vue des myopes. Jean restera sur le quai.
"Il prendra celui de la capitale. Dans Les dimanches de Jean Dézert, le narrateur, son double,
raconte l’aventure extraordinaire qu’était alors le passage de la province à Paris… la chambre
rue du Bac… puis le petit appartement Île Saint-Louis…
Jean travaille comme rédacteur à la Préfecture de la Seine. « La vie est une salle d’attente »,
dit-il. Le soir, il change d’écriture. Prose en pointe sèche et poésie alternent sous sa plume.
Le préfacier des « Cahiers Rouges », Marcel Schneider, souligne la différence, « l’abîme »,
entre le romancier et le poète : « Autant le premier nous provoque, autant le second nous
émeut… »
Ce matin, Sud ouest," la tombe de Jean De la Ville Mirmont , sauvée"
15:56 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : un poète oublié
09/03/2010
Un poème
LE MIROIR BRISE
Le petit homme qui chantait sans cesse
le petit homme qui dansait dans ma tête
le petit homme de la jeunesse
a cassé son lacet de soulier
et toutes les baraques de la fête
tout d'un coup se sont écroulées
et dans le silence de cette fête
dans le désert de cette fête
j'ai entendu ta voix heureuse,
ta voix déchirée et fragile
enfantine et désolée
venant de loin et qui m'appelait
et j'ai mis ma main sur mou cœur
où remuaient
ensanglantés
les sept éclats de glace de ton rire étoilé.
Jacques Prévert
12:59 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : prévert le miroir brisé
23/02/2010
Pour un art poètique
Prenez un mot prenez en deux
faites les cuir' comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d'innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et mettez les voiles
Où voulez vous donc en venir ?
A écrire Vraiment ? A écrire ?
"Classé d'emblée parmi les auteurs modernes, Queneau n'en reste pas moins un écrivain insaisissable. Ayant traversé le surréalisme, la littérature engagée et le Nouveau Roman sans jamais s'être plié à une seule de ces modes, il a imposé un style original qui allie fantaisie malicieuse et poésie."
"Raymond Queneau (1903-1976), entré à la Société mathématique de France en 1948, développa une nouvelle forme de poésie en imposant à ses créations des règles arithmétiques. L'une de ses oeuvres les plus connues, Cent mille milliards de poèmes, permet de composer autant de poèmes à partir de la combinaison méthodique des vers de 10 sonnets. Il fonda, avec François le Lionnais, l'OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) dont l'objectif est d'inventer de nouvelles règles de composition poétique."
23:48 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poèsie r queneau