22/04/2012
Un peu de poésie....
Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C'est l'oiseau inconnu. Il chante avant de s'envoler...
René Char
06:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : rené char poésie
03/02/2012
Je m'évade...
Je m’évade
Sous les coquilles rompues du soir
Avec mon sac d’étoiles dans ma poche,
Ma fronde à tuer les heures
Et mon sifflet de merisier,
En échange de quelques larmes
De quelques morsures sous le sein
- Que je comptai à ma jeunesse -
Une nuit vierge de sang.
Tout est là dans cette tendresse de feuilles
(René-Guy Cadou, Forges du vent, 1938
14:11 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : rené uy cadou, poème
31/01/2012
Un poète
Tout poème est un acte de résistance
« Ecrire un poème, c’est toujours engager son être et son existence. Comme le font les amoureux quand ils parlent.
Comme, à certains moments essentiels de notre vie, nous le faisons tous en affirmant notre insoumission et notre refus, ou, au contraire, l’acquiescement qui nous anime.
Il arrive que le poète voie se confondre son sort le plus intime avec le sort de ses semblables. Il arrive que ses propres sentiments, que sa vie même soient mis en péril parce que des valeurs telles que la liberté ou la justice sont mis en danger.
Il est arrivé, et il arrive, qu’écrire et publier un poème aient coûté la vie à son auteur, parfois la liberté, et beaucoup de poètes ont connu et connaissement l’exil.
Il est arrivé, et il arrive, que diffuser ou simplement lire un poème expose aux mêmes risques.
L’histoire, en effet, nous rappelle souvent qu’écrire et lire de la poésie sont un même acte qui, parce qu’il s’agit du langage, met en mouvement aspirations et rêves, et notre façon d’être au monde, et de refuser ce qui y est intolérable. »
Bernard Varfaftig, Poésies de Résistance, Anthologie, J’ai lu, 1994.
Un grand poète nous a quitté
"Bernard Vargaftig a lutté toute sa vie contre la peur. Il est mort ce 27 janvier à Avignon. Il nous lègue une œuvre abondante et précieuse, constamment en quête de «l’énigme du vivant». Sa voix ne nous quittera pas." Pascal Maillard
Il nous quitte, ce matin , je le découvre ....
La poésie des Romantiques, une anthologie présentée par Bernard Vargaftig
Romantique ! Qui ne l'a été, l'espace d'un matin, d'une nuit ? Qui ne le sera ? Qui n'a éprouvé cet état indéfinissable de chimères et de rêve, d'exaltation et d'innocence perdue ? Qui n'a pas ressenti cet élan, tout à la fois insolence de vivre et défi à la mort ? "Une force qui va..."
Témoins de ce courant en 1830, poètes et écrivains que l'on appelle Romantiques. Une "génération ardente". Hugo, Chateaubriand, Musset, Nerval... réunis dans ce recueil pour nous guider à travers leur siècle...
Voyageurs du temps qui sont notre mémoire. Bernard Vargaftig
14:09 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : un grand poète nous a quitté
22/12/2011
Je vous souhaite...
Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir,
et l'envie furieuse d'en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer,
et d'oublier ce qu'il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil
et des rires d'enfants.
Je vous souhaite de résister à l'enlisement,
à l'indifférence,
aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite surtout d'être vous.
Jacques Brel
19:07 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : heureuses fêtes, jacques brel
13/11/2011
Un poème
l'enfant précoce
René Guy Cadou
Une lampe naquit sous la mer
un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule le plus beau poème
Elle n'avait pas appris l'orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des cœurs
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait
"Et maintenant cherche ta vie"
Un peu de Cadou
"René Guy Cadou était breton, né le 15 février 1920 à Sainte-Reine de Bretagne, dans la Loire-Atlantique. Le vent, les bruyères et la mer si proche sont ses amis d’enfance. En 1936, Cadou fait la rencontre de Michel Manoll, qui sera son révélateur en poésie et humanité. Il lui fera connaître Max Jacob et Pierre Reverdy. Cadou est vite pris dans la fièvre de l’écriture qui plus ne tarira jusqu'au bout. : (Brancardiers de l'Aube, en 1937). Il est entré en poésie à sa manière par l’intensité et la ferveur, l’ardeur et la fraternité avec le monde. Des chocs profonds viendront assombrir sa poésie lumineuse : la mort du père, la guerre, la débâcle. Réformé le 23 octobre, il regagne la région nantaise où le sort des « hussards en blouse » des instituteurs le conduit aux quatre coins du département."
Lu dans "Esprits Nomade "
Toute poésie qui coule de source, se jette dans la mer, tend à rejoindre l’universel. (Cadou).
06:15 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cadou, poesie, l'enfance précoce
Un poème de René Guy Cadou
Les chemins de Mémoire...un hommage...
Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont trente appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont plein d'étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d'amour
Ils n'ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L'un d'eux pense à un petit village
Où il allait à l'école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-delà de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y'a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n'entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu'ils ne sont plus des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit
Les fusillés de Châteaubriant de Réné-Guy Cadou
(Pleine Poitrine 1946)
06:00 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poème, rene guy cadou
07/11/2011
Un poème
De nouveau aujourd'hui , Maurice Rollinat ( 1846-1903)
Autrefois, un pauvre arbre, au coin d'une prairie,
M'avait toujours frappé les yeux
Par son dénudé soucieux
Et par l'air écrasé de sa sommeillerie.
Or, après bien des ans, ce soir, je le retrouve.
Et, c'est un ébahissement
Tout mêlé d'attendrissement.
Comme un trouble ravi qu'à son aspect j'éprouve.
Car, maintenant, pour l'oeil, le serpent de la sève
Qui tette les rameaux, les étouffe et s'y tord,
Le gui, lui rend la vie en aggravant sa mort !
Et l'arbre repommé, débrouillassé d'ennuis,
Gaillardement vert jaune, orgueilleux se relève,
Semblant tout revêtu d'un feuillage de buis.
Je passe souvent le voir, mais rien, pas de gui...toujours aussi "dénudé"....
15:36 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : poème maurice rollinat
24/10/2011
Un poème
Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre ; il s’arrêta devant
Ma porte, que j’ouvris d’une façon civile.
Les ânes revenaient du marché de la ville,
Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.
C’était le vieux qui vit dans une niche au bas
De la montée, et rêve, attendant, solitaire.
Un rayon du ciel triste, un liard de la terre.
Tendant les mains pour l’homme et les joignant pour Dieu.
Je lui criai : — Venez vous réchauffer un peu.
Comment vous nommez-vous ? — Il me dit : — Je me nomme
Le pauvre. — Je lui pris la main : — Entrez, brave homme. —
Et je lui fis donner une jatte de lait.
Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait.
Et je lui répondais, pensif et sans l’entendre.
— Vos habits sont mouillés, dis-je, il faut les étendre
Devant la cheminée. — Il s’approcha du feu.
Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu,
Étalé largement sur la chaude fournaise.
Piqué de mille trous par la lueur de braise,
Couvrait l’âtre, et semblait un ciel noir étoilé.
Et, pendant qu’il séchait ce haillon désolé
D’où ruisselait la pluie et l’eau des fondrières,
Je songeais que cet homme était plein de prières.
Et je regardais, sourd à ce que nous disions.
Sa bure où je voyais des constellations.
- Décembre 1854.
14:17 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : victor hugo, le mendiant
05/10/2011
Poème de Pablo Neruda
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n'écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l'habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d'émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés
il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n'a fui les conseils sensés.
Vis maintenant!
Risque-toi aujourd'hui!
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement!
Ne te prive pas d'être heureux!
08:35 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : pablo neruda, poème
30/09/2011
Un poème
Pourquoi je vis ( 1952)
Pourquoi que je vis
Pourquoi que je vis
Pour la jambe jaune
D'une femme blonde
Appuyée au mur
Sous le plein soleil
Pour la voile ronde
D'un pointu du port
Pour l'ombre des stores
Le café glacé
Qu'on boit dans un tube
Pour toucher le sable
Voir le fond de l'eau
Qui devient si bleu
Qui descend si bas
Avec les poissons
Les calmes poissons
Ils paissent le fond
Volent au-dessus
Des algues cheveux
Comme zoizeaux lents
Comme zoizeaux bleus
Pourquoi que je vis
Parce que c'est joli
Boris Vian
20:21 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : un poème, boris vian