04/09/2015
L'enfant
A quoi jouait-il cet enfant ?
Personne n'en sut jamais rien
On le laissait seul dans un coin
Avec un peu de sable blanc
On remarquait bien, certains jours,
Qu'il arquait les bras tels des ailes
Et qu'il regardait loin, très loin,
Comme du sommet d'une tour.
Mais où s'en allait-il ainsi
Alors qu'on le croyait assis ?
Lui-même le sut-il jamais ?
Dès qu'il refermait les paupières,
Il regagnait le grand palais
D'où il voyait toute la mer.
Poème , Maurice Carême
Photos Bernard Plossu
14:51 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poesie
28/08/2015
"il ne suffit pas d'ouvrir la fenêtre....."
Il ne suffit pas d'ouvrir la fenêtre
pour voir les champs et la rivière.
Il ne suffit pas de n'être pas aveugle
pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut également n'avoir aucune philosophie.
Avec la philosophie il n'y a pas d'arbres : il n'y a que des
idées.
Il n'y a que chacun d'entre nous, telle une cave.
Il n'y a qu'une fenêtre fermée, et tout l'univers à
l'extérieur ;
et le rêve de ce que l'on pourrait voir si la fenêtre s'ouvrait,
et qui jamais n'est ce qu'on voit quand la fenêtre s'ouvre.
FERNANDO PESSOA (1888~1935)
(Poèmes désassemblés, Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro, traduction d'Armand Guibert)
La fenêtre, c'est "notre auberge" notre refuge " chocolat chaud" lorsque nous nous retrouvons sous un gros orage !
Un petit village des Pyrénées........
19:40 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : fernando pessoa
09/06/2015
Un peu de Ritsos.....
Les choses élémentaires
De façon maladroite, avec une grosse aiguille,
Du gros fil, il coud les boutons du manteau.
Il parle tout seul : As-tu mangé ton pain ?
As-tu dormi tranquillement ? As-tu parlé ?
Tendre la main ? T’es-tu souvenu de regarder
Par la fenêtre ? As-tu souris lorsqu’on a frappé à la porte ?
S’il y a toujours la mort, elle est seconde.
La liberté toujours est première.
Quelques mots de Yannis Ritsos, photos Josef Sudek
11:16 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : yannis ritsos
12/05/2015
Presque
Il prend dans ses mains des choses disparates-une pierre,
une tuile brisée, deux allumettes brûlées
Le clou rouillé du mur d'en face,
La feuille qui est entrée par la fenêtre, les gouttes
qui tombent des pots de fleurs arrosés, les pailles
que le vent d'hier a déposées sur tes cheveux- il les prend
et là-bas, dans la cour, il édifie presque un arbre.
En ce presque réside la poésie. Tu la vois?
Yannis Ritsos, Lucien Clergue
19:28 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : yannis ritsos lucien clergue
03/05/2015
Ce qui y a de beau...
Ce qu'il y a de beau,
je l'appelle de ton nom;
Oiseaux, montagnes, nuits
Entendent et répondent
Le Queyras , les Pyrénées , été 2013, 2014, un poème , Yannis Ritsos
00:40 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : yannis ritsos poemeet rando
19/04/2015
Arbre
C’était lors de mon premier arbre,
J’avais beau le sentir en moi
Il me surprit par tant de branches,
Il était arbre mille fois.
Moi qui suis tout ce que je forme
Je ne me savais pas feuillu,
Voilà que je donnais de l’ombre
Et j’avais des oiseaux dessus.
Je cachais ma sève divine
Dans ce fût qui montant au ciel
Mais j’étais pris par la racine
Comme à un piège naturel.
C’était lors de mon premier arbre
L’homme s’assit sous le feuillage
Si tendre d’être si nouveau.
Etait-ce un chêne ou bien un orme
C’est loin et je ne sais pas trop
Mais je sais bien qu’il plut à l’homme
Qui s’endormit les yeux en joie
Pour y rêver d’un petit bois.
Alors au sortir de son somme
D’un coup je fis une forêt.....
l'arbre, un extrait du poème de Jules Supervielle
Les photos, randos , Valloire 2011, les Pyrénées 2012 2013
21:01 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jules supervielle arbre
16/04/2015
Cours de medecine
C’est dans un cours de soins intensifs, à Buenos Aires, que Rubén Omar Sosa a étudié le cas de Maximiliana, la leçon la plus importante de toutes ses années d’études.
Un professeur a décrit la situation : doña Maximiliana, épuisée après une vie entière passée sans dimanches, était entrée à l’hôpital quelque temps plus tôt et, tous les jours, elle demandait la même chose :
— S’il vous plaît, docteur, pourriez-vous me prendre le pouls ?
Une légère pression des doigts sur le poignet, puis le médecin disait :
— C’est très bon. Soixante-dix-huit. Parfait.
— Ah, merci docteur. Et maintenant, est-ce que vous pourriez me prendre le pouls, s’il vous plaît ?
Et le médecin lui prenait le pouls une fois de plus et lui expliquait à nouveau que tout allait bien, que cela ne pouvait pas aller mieux.
La scène se reproduisait tous les jours. Chaque fois qu’il passait près de la chambre de doña Maximiliana, cette petite voix rauque l’appelait et lui tendait le bras, comme une brindille, encore et encore.
Lui, il obtempérait, parce qu’un bon médecin doit être patient avec ses patients, mais il se disait : Cette vieille est un peu casse-pieds, et il pensait : Il lui manque un boulon.
Ce n’est que des années plus tard qu’il comprit qu’elle demandait seulement que quelqu’un la touche
Son auteur, l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano, s’est éteint le 13 avril 2015. Journaliste et poète, conteur et historien, il a écrit plusieurs textes pour Le Monde diplomatique sur les affres du monde, de son pays et singulièrement du sport. Dans ces « Voix du temps », recueil de saynètes d’un ordinaire oublié,
il rappelle qu’une petite histoire en dit parfois autant qu’une longue analyse.( le monde diplomatique du 13 avril 2015)
Merci à Xavier
14:55 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : eduardo galeano
31/03/2015
Le jardin ce matin...
L’arbre poudreux qu’elle verdit.....
Furtif et confidentiel;
L’averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel....
Il pleut, et, les yeux clos, j’écoute,
De toute sa pluie à la fois,
Le jardin mouillé qui s’égoutte
Dans l’ombre que j’ai faite en moi."
Quelques mots d'un poème
Le jardin mouillé , Henri de Régnier
13:24 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : le jardin mouillé
06/03/2015
Une toute petite plume blanche
Une toute petite plume blanche
D' un oiseau de passage
tombée dans les épines
Un monde infime,
Le monde entier
Quelques mots de Yannis Ritsos photos Vincent Munier
(1909 - 1990)
où tu parlais aux moineaux,
à la petite lune
qui écrivait sur l’eau tremblante
mille fois ton nom
et tu le savais et c’était toi. - See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/yannis-ritsos/qu%E2%80%99est-devenu-le-temps#sthash.tBdvJ8MO.dpuf
où tu parlais aux moineaux,
à la petite lune
qui écrivait sur l’eau tremblante
mille fois ton nom
et tu le savais et c’était toi. - See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/essais/yannis-ritsos-secondes/marie-c%C3%A9cile-fauvin#sthash.fH4JJydO.dpuf
où tu parlais aux moineaux,
à la petite lune
qui écrivait sur l’eau tremblante
mille fois ton nom
et tu le savais et c’était toi. - See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/yannis-ritsos/qu%E2%80%99est-devenu-le-temps#sthash.ao3FeQWY.dpuf
" Parfois les mots viennent tout seuls presque, comme les feuilles aux arbres, bien sûr, les racines, invisibles, la terre, le soleil, l'eau ont aidé cela...."
où tu parlais aux moineaux,
à la petite lune
qui écrivait sur l’eau tremblante
mille fois ton nom
et tu le savais et c’était toi. - See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/essais/yannis-ritsos-secondes/marie-c%C3%A9cile-fauvin#sthash.fH4JJydO.dpuf
16:38 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : yannis ritsos poeme
03/03/2015
Quelques mots...
je suis une fenêtre ouverte qui écoute,
par où voir ténébreuse la vie.
Mais il y a un rayon de soleil dans la lutte
qui laisse à jamais l'ombre vaincue. (L'ombre éternelle)
La photo , Marcel Imsand, les mots, Miguel Hernandez
J’écrivis sur le sable
les trois noms de la vie:
la vie, la mort, l’amour.
Une rafale de vent,
de si loin si souvent, de la mer
vint nous effacer...
Photo Lucien Clergue
15:49 Publié dans poesie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : miguel hernandez